Attention : coup de poing dans l’estomac.

Jurica Pavičić nous livre ici un polar-saga qui s’étire sur près de 30 ans, dont l’action se situe en Croatie.

Septembre 1989, il fait chaud, il fait beau. La vie suit son cours dans le petit village de Misto, sur la côte dalmate, et une lycéenne va disparaître, pffft. Silva Vela, belle et insolente, 17 ans, mais est-ce un âge pour s’évaporer sans laisser de traces ?

Cet évènement dramatique va bouleverser profondément, sa famille, le village, la police et tous ceux qui y seront mêlés directement ou pas.

L’auteur narre avec une précision diabolique l’évolution psychologique et personnelle des acteurs du drame (ses parents, son frère jumeau, l’inspecteur chargé de l’enquête, ses amants, d’autres encore on ne « spoile » pas). Année après année, le temps s’écoule… Chacun vieillit, les yeux s’entourent de cernes, les corps se dessèchent ou s’empâtent : le mystère déchire les couples ou les fait s’unir, mais l’ombre de Silva demeure prégnante sur toutes et tous.

Presque trente ans et les recherches avancent ou stagnent, s’éclairent ou s’assombrissent et la Yougoslsavie de Tito quant à elle… explose. L’Histoire est cruelle, rien ne peut l’arrêter et tous sont emportés.

La guerre déchire le pays dans son absurdité formidable, la corruption ricane, les décennies s’écoulent, le tourisme s’épanouit sur un lit de pots-de-vin et de compromissions. Le petit village devient un spot balnéaire qui fait couler des billets mais pas que…

« L’Eau Rouge » se révèle un récit addictif, plein de chausse-trappes et de faux-semblants. Une narration au présent, qui relate la vie en détails répétitifs et en actions simples, vous attrape et vous ne lâchez pas ce livre.

C’est fort, tranchant, exact et sans pitié, touchant juste au cœur par des observations implacables ou pertinentes. Universel par sa portée.

Vous allez vouloir savoir page après page ce qu’il est advenu de Silva Vela. Prenez garde, ça fait mal.

Jérôme « 1 Split second to love this book » V.

PS : bravo au traducteur Olivier Lannuzel, merci encore Agullo Editions

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