Léonard, duo à la ville comme à la scène (on vous en a déjà touché deux mots ici lors de la sortie de leur précédent album Asynchrones) nous livre sa cartographie de l’amour en 11 titres délicieusement pop : nous perdrons-nous dans leur Fatras ?

pcohette fatras

La pochette offre à voir les visages d’une femme et d’un homme en gros plan, dans des lignes simples et des couleurs chatoyantes. Un artwork de Lydie Baron, qui, en plus d’être la chanteuse de Léonard, est une artiste peintre reconnue. Un visuel presque ethnique qui fait penser que cet album pourra traverser le temps en gardant son universalité, sans jamais devenir vieux.

L’opus s’ouvre sur Si je cours, un titre en parlé-chanté, à l’accompagnement très épuré, plaçant le thème-fil conducteur de cet album en tête de gondole : l’Amour. « Si je cours, je cours toujours, toujours après ton amour »

C’est annoncé, et on l’a vérifié pour vous : cet album raconte TOUT de l’amour, il en explore toutes les facettes :

-L’Amour passionnel avec Romance, qui, musicalement, offre un retour nostalgique (il y a un petit quelque chose des années 80-90 dans la rythmique). Non, la romance n’est pas has been. « Mais j’aurais beau faire taire ma tête/ Empêcher mes mains de trembler/Mon cœur comment je l’arrête/Comment je cesse de t’aimer. ». La passion toujours, avec Les portes qu’on ne claque pas, « de toutes les portes de ces mondes parallèles, tu es ma préférée, celle que j’aime emprunter ». Léonard est complet derrière ces Portes-là, puisque la voix de Jean-Baptiste succède à celle de Lydie.

– L’Amour qui fait mal, qui blesse par sa vivacité (Au Nord), l’Amour qui s’égare (Le Voyageur) : ballade plus folk, sublime métaphore d’un égarement sentimental (coup de cœur absolu pour ce titre!), alors que la pluie tombe, mais qu ‘ « à l’intérieur, le feu dans l’âtre [irradie]». « Les feuilles tombent, puis reviennent ». L’Amour difficile, qui nous plonge en état de manque, dans le mystique Fatras, où la voix limpide de Lydie Baron s’élève avec résonance, alors que la guitare de Jean-Baptiste Prioul, simple ostinato de quatre notes, met toute la lumière sur la mélodie et la musicalité transcendante du refrain mélancolique. Dans Ne le dis pas, l’amour disparaît, les mains se lâchent, mais les amants chantent toujours ensemble.

–  Dans ce fatras, il y a aussi L’Amour qui doit être sans cesse réinventé : Les hirondelles et leur promesse de ne pas sombrer dans la routine, leur injonction à rester toujours en mouvement, dans un gracieux vol. Dans Kraken, Jean-Baptiste Prioul déclame un poème d’amour à sa belle, tel un Ulysse moderne qui perd sa Pénélope de vue pour mieux la retrouver, ce qui permettra de à leur passion de durer longtemps et traverser les âges (Exode).

– Sans oublier l’Amour charnel et « pas très catholique » dans Moog et son refrain entêtant (deuxième coup de cœur !).

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Dans cette carte détaillée de ce sentiment déjà exploré par tous les auteurs-compositeurs de la création, on choisit de s’y perdre en se laissant emporter par une passion débordante pour les musiques et les mélodies bien faites ; ou alors, on choisit de s’y trouver, parce que ce Fatras-là est en fait tout sauf un fouillis.

Non, ce n’est pas véritablement un Fatras, cet album au titre antinomique. C’est un GUIDE. En littérature, il y a L’île des Gauchers d’Alexandre Jardin : il a trouvé son semblable en musique.

Ce nouvel opus de Léonard sortira le 14 février, une date symbolique bien choisie. Pour suivre l’actu de Léonard, cliquez juste là.

Violette Dubreuil, « la réponse aux questions, la fin des à quoi bon ».

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