Le festival Les Femmes S’en Mêlent est le coup de cœur du mois de Songazine, et nous avons interviewé Stéphane Amiel, le directeur de la programmation.
Ce festival existe depuis 20 ans. C’est avant tout un festival indépendant qui a été créé par des fans de musique et des fans de voix féminines. Il y a 20 ans, il y avait sensiblement moins d’artistes féminines, et le 8 mars 1997, nous avons décidé de célébrer la journée de la femme en créant ce festival. La passion a toujours été constante tout au long de ces années.
Penses-tu qu’il est plus difficile pour une femme de percer dans la musique ?
Aujourd’hui peut-être plus facilement qu’avant – il y a d’ailleurs de nombreuses grandes pop stars. Ceci dit, les femmes sont moins nombreuses que les hommes, il suffit de regarder les programmations des gros festivals d’été. Sur certains, il peut y avoir moins de 10% d’artistes féminines ! Et ce sont souvent les meilleures « vendeuses ». Trop de femmes restent encore dans l’ombre. La quasi-totalité des programmateurs sont des hommes et ne se rendent pas forcément compte de ce manque total de parité.
Faut-il être féministe pour être le directeur d’un festival féminin ?
(Rires) On le devient forcément ! Oui, nous sommes militants à notre façon, en allant chercher de jeunes artistes féminines qui essaient de percer, et qui ne sont pas encore sous la lumière des projecteurs.
Cette année le festival fête son 20ème anniversaire, comment as-tu orienté la programmation ?
Après avoir hésité, je n’ai pas choisi un anniversaire « rétrospectif » de ce festival, j’ai plutôt choisi une programmation tournée vers l’avenir, avec de nombreuses jeunes artistes qui ne sont pas encore connues.
Comment choisis-tu la programmation ?
La programmation se fait longtemps à l’avance ; en ce moment par exemple je reçois déjà de nombreuses demandes pour 2018 ! Alors que 2017 n’est pas encore commencé… Je me laisse aussi porter par le hasard des rencontres et des découvertes.
Aimes-tu toujours ce que tu programmes ?
Ah oui, à 95%. Quand j’écoute la compilation LFSM, je passe par plusieurs états selon le style de musique, j’y éprouve beaucoup de plaisir.
Quelles sont les qualités nécessaires pour être directeur de ce festival ?
Etre tenace et persévérant. Il ne faut pas se laisser abattre. Chaque année tout doit être recommencé de zéro. Il faut être passionné, un peu joueur aussi sans doute ; il n’est pas si simple de trouver des partenaires financiers. Il me semble important d’agir pour défendre ses idées, d’être acteur, et monter ce festival a beaucoup de sens pour moi.
De quoi es-tu le plus fier ?
De la longévité de ce festival. D’avoir tenu la distance alors que tant d’autres festivals se sont arrêtés. Et d’avoir pu mettre en avant tant d’artistes.
Ecoutes-tu souvent de la musique ?
Oui, mais quelquefois pas assez ! Quand je suis dans les soucis d’organisation du festival ou dans le quotidien, je n’écoute pas de musique et je réalise que je suis déprimé ! La musique me nourrit, m’apaise et me fait du bien.
Pourrais-tu me raconter un souvenir qui t’a particulièrement marqué ?
J’avais invité Lady Kier, qui venait de New York pour un DJ set à la Locomotive. On avait dû mal se comprendre avec la salle sur le style de musique, car ils se sont mis très en colère et nous nous sommes fait virer en plein milieu du show : ils nous ont coupé l’électricité pour nous faire sortir, quel fiasco ! (Rires)
Quels artistes ne pas manquer cette année ?
Cette année, la moyenne d’âge est très jeune, environ 20 ans. Il y a quelques artistes plus matures, comme Michelle Gurevich que j’adore, peu connue car elle échappe à tout diktat musical. Sa chanson Party Girl est excessivement émouvante. Il y aura aussi Austra, Rebeka Warrior, Nilüfer Yanya, Sônge, Laurel, JFDR… Il y aura un vaste panomara et je suis très enthousiasmé.
Pascale Baussant, en mode féministe pour Songazine