Après le gros coup de cœur pour Adieu L’Enfance (2014), il nous fallait être prêt à écouter sans retard le tout nouvel album de la Féline, aka Agnès Gayraud, et il s’intitule Triomphe.

Afin d’émettre une critique digne et correctement construite, je l’ai écouté au moins quatre fois, de A à Z, il est vrai bien aidé par la régie autonome des transports parisiens (qui redouble d’efforts afin que le temps passé pour aller d’un point à un autre en leur compagnie s’étende, tel un maxi-remix du live colis suspect vs. l’incident technique).

Cet album est subtil et varié, multifacettes et révèle ses trésors au fil des écoutes. Les ambiances y sont complexes, raffinées et attachantes au final.

En prêtant attention aux paroles, on est captivé, elles restent mystérieuses et parfois sibyllines, mais après tout qu’importe. Quel poète souhaite des explications détaillées ou rationnelles de ses vers ? La Féline peint avec amour des vignettes polychromes (souvent courtes) qui ont toutes une identité et une spécifité, ce qui rend son album fort intéressant.

La Féline Triomphe

Quelles en sont nos préférées ? Avis et revue tout à fait subjectifs, bien sûr.

« Senga » évoque un récit étrange et mythologique : atmosphère marquante.

Les deux « subaquatiques » : « La Mer Avalée » et « Plongeur » (descente dans le grand bleu à sens unique ?) évoquent le milieu marin avec beauté.

« Gianni » fait entrer avec force un soleil italien dans notre grisaille hivernale, ainsi qu’un jeu de séduction à qui perd gagne.

« La Femme du Kiosque sur l’eau » me fait penser à 1Q84 de Murakami. Chapeau bas.

« Comité Rouge » séduit par son mystère, ses non-dits et permet de se construire un petit film sur une révolution à venir ou au contraire passée, empreinte d’images façon propagande russe des années 30 (les filles fument en ignorant les chefs).

Ne vous y trompez pas, il s’agit ici de belle musique, délicate, poétique et destinée à toucher autant la raison que la passion.

Le paradoxe est qu’on souhaite à la fois que La Féline soit reconnue et attrape un peu de … triomphe, justement, mais aussi garder pour soi -et ceux qu’on aime- ces perles rares qu’une exposition à la violence des sunlights pourrait ternir.

Vulgum pecus : vade retro !

Jérôme « de forme bizarre » V.

 

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