Cet article est le numéro 1 sur 5 du dossier Portishead Mysterons

Portishead pour moi et tant d’autres, c’est d’abord un halo de mystère et de douceur. La chanson « Mysterons » est celle qui ouvre le bal masqué et soyeux du classique « Dummy » et cela s’annonce fort étrange. Tout est dit dans les premières mesures : luxe, calme et volupté. Un démarrage feutré comme un réveil de dimanche matin, avec un rayon de soleil qui s’est glissé sous le volet et zèbre le mur blanc : pas trop violent mais déjà prometteur. Une vibration synthétique et des platines sentimentales, une voix qui pleure quelque chose d’inconnu et une batterie saccadée composent une alchimie douce-amère éminemment attachante. Glory Box était sur toutes les (bonnes) radios et les playlists (intelligentes), mais j’ai aimé plus fort encore cette ouverture langoureuse. Atmosphère floue, couleurs de fond de piscine, espace au ralenti. Je peux écouter ce morceau 5 fois de suite grâce à la touche « replay » de Youtube. Elle se termine tout doucement, à petits pas elle sort de la pièce et il suffit d’un léger claquement de doigts pour qu’elle revienne, tout aussi subitement et avec souplesse. La rubrique « émotion » prend tout son sens avec cette chanson là.

« Mysterons », quel beau titre ! Néologisme ? Programme de sorcellerie ? Dénomination d’êtres nocturnes qui viennent vous croquer les doigts de pied ? Je vous avoue que je me suis souvent posé la question. Ne pas avoir de réponse définitive, scientifique, carrée me plaît tout autant. Avec Portsihead, pas de coins tranchants ni de certitudes déclamatoires, tout est fin et angoissé. Humeurs changeantes, blues sans explication. C’est la différence entre les chiens sincères à l’œil brillant qui vous aiment avec la régularité d’une ligne de basse de séquenceur à la Kraftwerk et ces chats ondulants qui choisissent quand et où ils vous accorderont leur tendresse. Portishead est trop félin pour venir vous lécher la main tous les jours. En revanche, quand ça ronronne doucement, un soir au coin du feu …

Musique à écouter juste avant une rupture amoureuse et peut être aussi après ? Je ne sais pas quoi vous conseiller à part d’éviter les ruptures mais d’adorer Portishead.

Jérôme « dumb » V.

Dans le dossier :FICTION (Portishead, Mysterons) >>
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