Pour la centième fois sans doute, je m’interroge en ces colonnes sur le rôle et la légitimité du rock critic… ou tout du moins de la posture de tout critique artistique au sens large.
Il va sans dire que le postulat « de base » comme aiment à dire les Z, est que plus vous avez de diffusion (aka « public », « likes », « audience », « clicks », …) plus vous recevrez potentiellement de sollicitations. Les labels, les attachés de presse, les agences savent faire leur métier.
Or, si l’on est mandaté ou habilité à signer un avis par un média puissant, à forte audience : peut-on vraiment choisir ses articles ? Je m’interroge réellement à ce sujet ! (songez à la couverture presse blitzkrieg totalement asphyxiante de certains artistes, aidés par le « biais de confirmation » de moult journalistes culturels aux ordres, il faut bien manger !).
Qui oserait écrire dans un magazine national : Saylor Shit ? C’est juste insipide ! Ou La vérité sur le rappeur à dreadlocks tant marketé par ***** ? Une indigence absolue tant musicalement qu’au niveau des paroles !
L’avantage d’un « petit » webzine tel qu’icelui est de profiter d’une indépendance totale (ce qui n’exclut pas des biais de préférences et de la mauvaise foi évidente dans certains choix laudatifs). Liberté chérie.
Peut-être est-ce dans l’effort réalisé pour de bon, tant au niveau de choix, d’écoutes intenses comme de la volonté de se distinguer par quelque effort d’écriture que Songazine garde la tête haute et n’a pas à rougir d’avoir défendu des centaines d’œuvres dont une partie tiendra le défi absolu de toute création artistique : résister au temps, affronter l’oubli et tenir un petit moment dans le concept de pérennité.
Entre le copier-coller des quatre lignes et de la photo du press kit pour frotter les chaussures à large semelle du poulain d’une major, dont les affiches 4X3 et un bombardement en radios complices aideront à remplir un Stade de France à XXX euros le billet, et le fait de rédiger en AZERTY bien tempéré un texte plus humain sur un disque légèrement difficile d’accès, notre choix est fait.
NB : Cela ne doit pas exclure de demeurer modestes, mais quand même fiers de notre ligne éditoriale polychrome ;
Un chemin étroit, bénévole, sans gloire ni paillettes mais toujours un peu à la marge ? Il est vrai aussi et en toute sincérité, que le petit plaisir d’un certain entre-soi est délicieux. Mieux vaut apprécier les grands crus en petit comité, non ?
Si Joy Division passait dans les ascenseurs, si un morceau de tel autre groupe rare illustrait une pub de boisson gazeuse bien connue -avec ou sans sucre mais toujours en bouteille plastique-, je mettrais sans doute mes disques au rebut !
Ce qui est certain est que 100% des artistes évoqués en nos pages depuis le début font l’objet d’une admiration minimale et d’appréciation sincère de la part des signataires de posts.
Tout ça pour dire du bien avec insistance de l’album de Dylan Dylan aka Love Theory.
Elise M. est une productrice électro française qui nous propose, justement, des tracks pour connaisseurs, habitués des sons liés aux styles « UK garage, rave music anglaise, break et house ». Ha, vous risquez peu d’en entendre parler au Journal de 20H ou dans « Femme Plus Mag » qui va forcément encenser Saylor Shit ;
Raison de plus pour se fendre d’une chronique, après écoute intégrale.
Bien entendu, fréquentant fort peu le dance floor, j’ai des pistes favorites, celles plus éthérées, poétiques.
Entre les très courtois et un peu cinématographiques « Hello » et « Goodbye » qui démarrent et concluent le LP (bonne idée !), j’ai apprécié le délicat « Sorry », le bien nommé « Polaire » qui repose parfaitement, le rapide « Keep You Close » et le « Saddest Day » avec son fort présent rimshot.
Elle rejoint notre club -en expansion comme une brillante galaxie classieuse- d’artistes féminines que nous aimons suivre (Irène Drésel, De Laurentis, Léonie Pernet, Lucie Antunes, la Fraîcheur, pour ne citer qu’elles… et on en oublie beaucoup). Plus de femmes dans la musique amplifiée ? La réponse est oui, dans la mesure (certaine et croissante) où elles apportent leur talent et nous permettent d’apprécier des œuvres de qualité.
Voici donc l’humeur du jour, en écoute soutenue de Dylan Dylan et de son album (et son esthétique artwork, bonus plaisant) ;
Jérôme « semper fi Résistance » V.
PS : On aime aussi beaucoup The The, Django Django, Duran Duran, Guru Guru, Talk Talk et the Go-Go’s !
