neoprisme
Cet article est le numéro 7 sur 7 du dossier Spéciale couvertures

On a demandé à Bastien Stisi, fondateur du pertinent et pointu site (ami) Neoprisme de nous écrire un éditorial, car ce sont eux les as des as de la couverture de disques …Pour les citer : « Néoprisme est un magazine en ligne, qui redonne à la pochette d’album le statut qu’elle mérite : celui d’une véritable œuvre d’art ». Approuvé par Songazine à 200% !

En 2016, parler de pochettes de disques revêt à la fois de la plus audacieuse des folies et de la plus logique des évidences.

D’un côté, la dématérialisation toujours croissante de la musique et sa consommation, si pratique mais sans charme, via ces plateformes de streaming qui laissent uniquement au visuel la place d’un petit carré difficilement visible tellement les fenêtres ouvertes s’accumulent sur ces smartphones tout petits ou sur ces bureaux d’ordinateurs très vite surchargés. On y pense en les créant, ces pochettes : que le visuel soit suffisamment reconnaissable pour que l’on identifie l’artiste en un seul coup d’œil !

De l’autre, le retour en force, paradoxal mais compréhensible (le cycle des modes, le besoin chez les plus romantiques de la re-matérialisation…) du disque vinyle, et la réappropriation par la jeunesse branchée (et par la vieillesse pas encore débranchée) de ces objets que l’on sacralise de nouveau, et que l’on ose même, le signe ne trompe pas, remettre en avant à l’entrée des grands Fnac, et même s’il s’agit d’artistes, certes populaires, mais tout de même marqués par l’étiquetage « produit indé » (les exemples Christine and the Queens, Stromae, Nekfeu…)

La pochette d’album, donc, comme témoin des problématiques inhérentes au siècle présent (être limpide pour un artiste « major », et subtile pour un artiste « indé »), et comme réceptacle mémoriel d’un passé pas si ancien qui contribua, entre mille autres choses, à forger la réputation de ses plus glorieuses figures (la banane des Velvet, le prisme des Floyd, le passage piéton des Beatles, le jean serré des Stones…)

Alors, commencer l’année 2016 par un dossier consacré aux illustrations des pochettes de disque, c’est effectuer, en fait, un parallèle logique avec le sujet questionné : car la contemplation d’une pochette de disque, chez l’auditeur sérieux et passionné, est toujours le commencement de l’aventure sensorielle, affective et inégalée, que représente l’écoute d’un disque (bon, si possible). Regarder, avant d’écouter. Et laisser l’imaginaire et l’esprit se faire influencer, bien sûr, parce ce que les yeux viennent auparavant d’enregistrer.

Bastien Stisi, journaliste & fondateur de Néoprisme

Dans le dossier :<< Jimi Hendrix et le neuvième art
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