C’est moi le nouveau, le petit machin avec des hélices qui survole Rock en Seine, qui filme et qui vous donne sur les grands écrans ces vues panoramiques imprenables.

J’en ai des choses à dire, parce que je vois et je ressens tout, planant sans bruit au-dessus de vos têtes.

L’arrivée massive du public d’un côté, et de l’autre les artistes, les techniciens les médias, les mécènes et les VIP : le Domaine de Saint-Cloud se remplit et chacun joue son rôle à merveille, le ballet est bien organisé. Le tram déverse tous ces passionnés amateurs ou professionnels de belle musique, car j’ai lu les affiches, cette année c’est copieux.

Vu d’ici, ça tourne fort rond cette belle machine.

Dites donc les journalistes, certains chillent sur les transats je vous aperçois, tandis que d’autres s’affairent et sortent carnets, caméras, enregistreurs de poche et micros. Bzzzz, bzzzz, les questions fusent, ça rigole, et ça cause.

Revenons à ce qui m’occupe : capter cette atmosphère, qui vibre de bas en haut et diffuse des ondes dans les foules : des ooooh et des aaah montent jusqu’à moi, des salves d’applaudissements, j’enregistre le mouvement des corps qui dansent à l’unisson, en de longues vagues.

La nuit, c’est toujours plus beau : les éclairs des spotlights aspergent la foule, colorisent le Domaine de Saint-Cloud et ces explosions pacifiques composent un tableau sans cesse renouvelé : vous devriez être une petite souris et monter à mon bord pour apprécier le show.

Je pourrais vous dire que certains sets génèrent plus de vibrations que d’autres !

At The Drive In : un exemple parmi trente ou quarante que j’ai bien capté sur les soixante-dix qui s’y sont déroulés: son puissant et en place, un petit bonhomme avec une chevelure touffue qui me fait penser à un chat qui s’énerve et court en tous sens, même aperçu de 50 mètres de haut, il est électrique et bleu comme un compteur EDF. J’ai tout capté avant de venir recharger mes batteries à mon camp de base.

Chaque scène a son ambiance : la Grande est vaste et puissante par exemple et celle du Bosquet plus intime, plus resserrée et je souris en survolant la « Firestone », simili pompe à essence rouge et chaleureuse dans ses concerts en petit comité.

Des fumées s’échappent de dizaines de stands où chauffent des plats : aaah, cela fait plaisir de planer au-dessus de tous ces gens qui mangent, mangent, boivent, boivent : j’en contemple, des attablés ou des pique-niqueurs dans l’herbe. Le public est habillé de façon multicolore, et je me rends compte que ce sont des gaulois à 95%, avec des casquettes, leurs petits chapeaux de paille promotionnels, rouges pour les pneus, jaunes pour les smartphones, et aussi des crânes dégarnis qui luisent au soleil. Filmés d’en haut, ils sont mignons mes 110.000 festivaliers franciliens !

Dimanche soir, j’ai terminé mes patrouilles avec des concerts en apothéose, avec un coup de cœur pour Slowdive qui envoyait des ondes magiques alors que le soir vacillait.

Cette affectation fut bien agréable, de la joie et du bonheur attrapés et retransmis en pixels, cela fait du bien, même à un drone.

Et ma prochaine mission, désolé, c’est top secret.

See you from above in 2018, Rock en Seine.

Signé DR789-JJT7, 4 hélices, made in Japan.

Rock en seine photographie aérienne

Rock en seine photographie aérienne

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