Privilège du rock critic qui est aussi un fan : s’entretenir avec des artistes qu’on admire. Et c’est mon cas, concernant Dominique Dalcan. Il m’accorde une interview par téléphone et c’est un plaisir d’échanger avec un artiste lucide, qui pense et construit sa démarche sur une réflexion sur le monde.

Sculpteur de pop électronique fine et élégante, depuis son premier album au titre fabuleusement bien trouvé « Entre l’étoile et le carré » sur le prestigieux label Crammed Discs.  (1992). Quelqu’un qui cite Eyeless In Gaza dans ses références initiales attire mon attention et mérite la vôtre, lecteurs avertis.

Outre des goûts communs, nous évoquons rapidement son nouvel album Tempérance, nom de son nouveau projet. Chansons en anglais, où les synthétiseurs ont une belle place, sans être 100% électro comme ce qu’il a fait avec Snooze. Dans cet opus : beaucoup de finesse. Pour lui, il faut allier le passé et le futur, faire la musique de 2017 en gardant un œil dans le rétroviseur. Une soul moderne, une pop impressionniste, un patchwork sensible ? Vous avez le choix parmi les morceaux de l’album.

DOMINIQUE-DALCAN album Temperance

Il est très lucide sur les enjeux de notre société liés au progrès (environnement, extrémismes, technologies qui accélèrent leur progression à vitesse folle, …). Et il est captivant de l’entendre exprimer sa démarche, car son disque n’a d’autre de prétention que de poser des questions sur la table.

Se respecter soi-même pour respecter les autres voilà qui lui tient à cœur et je lui indique ma chanson préférée :  Your body is a territory, qui évoque de façon poétique cet aspect. Accepter l’altérité, faire face à peur de l’innovation, contempler la technologie qui vous peut vous happer, voilà d’autres thèmes que nous abordons. Humaniste, Dominique Dalcan ? Il me semble que oui et doté d’une conscience aigüe du monde qui nous entoure.

Un petit focus sur l’artwork du disque, inspiré du Land Art de James Turrell ( et graphisme par H5) Son goût pour les images est par ailleurs visible : prenez le temps de parcourir son site, cela en vaut la peine.

Résumons : joie de parler avec Dominique Dalcan, dont le nouvel album est juste superbe + plaisir de découvrir un homme de goût et dont l’intelligence comme la créativité ne sont pas tempérées mais bien dans les étoiles et au carré.

Jérôme «50%fan 50% journaliste » V.

 

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