Valerio Varesi est, en Italie, un auteur d’excellents romans noirs, célèbre et reconnu. Ils ont d’ailleurs fait l’objet d’adaptations en séries TV !

En France, son aura et l’appréciation de ses livres se développent parmi les amateurs avertis et il compte de véritables fans…qui guettent chaque nouvelle traduction.

On peut remercier pour cela l’éditeur Agullo Editions qui effectue un travail extraordinaire de publication d’auteurs passionnants et originaux, venant de toute l’Europe !

Voici donc « Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri », huitième opus traduit et publié en France (il en reste quatre encore non traduits de cette série), et on l’a dévoré sans barguigner, comme notre ami commissaire lui-même avale ses anolini au bouillon, arrosés d’un grand verre de bonarda.

En effet, son personnage récurrent et fétiche est le bon et buriné commissaire Soneri, ancré dans sa ville de Parme, humaniste bourru et sans illusion, mais aux intuitions remarquables. Chaque livre nous emporte dans son sillage enfumé d’un cigare toscano et nous plonge dans des profondeurs de noirceur de l’âme humaine.

Cette fois-ci, il est chargé d’enquêter sur un meurtre et un suicide et (nous ne dévoilerons rien !) et, creusant avec patience, il va remuer des souvenirs cuisants d’un passé de jeunesse d’extrême gauche idéaliste, de jeunes ou vieux fascistes -pas vraiment repentis- et bien d’autres turpitudes et trafics répréhensibles.

Comme à chaque fois, Valerio Varesi nous installe, complice, dans sa galerie de personnages familiers, telle Angela sa flamboyante maîtresse, avocate et fine mouche. Nous les reconnaissons, nous les retrouvons, tout comme ces rues et dédales de Parme, ou les paysages magnifiques que l’Italie peut offrir (ici Cinque Terre par exemple) où il se rend, au volant de son Alfa Romeo (what else ?). Il cherche, réfléchit, prend son temps, croise les indices et finit par trouver !

La force de l’écriture de Varesi réside dans le fait que l’on est captivé et attrapé dès les premières pages. Son style est riche, mêlant des dialogues percutants et sans fard, mais aussi de très belles descriptions d’ambiances (brumeuses, étranges, prenantes ou de scènes d’actions rapides). Finement, en nous faisant partager frontalement nombre d’opinions, de croyances, d’illusions et de fatalités il dresse un portrait sans concession de son pays.

Soneri demeure profondément humaniste avec forcément un gros cœur de gauche, mais il doit lutter contre un sentiment de malaise, de délitement et d’abandon, au vu des aspects les plus sordides d’une société des coulisses, dont il relève les cadavres sanglants.

Il est du même bois, de l’espèce policière et indispensable des Maigret, ou des héros décrits par Arnaldur Indridason et Mankell. Et, joie, il est italien, ce qui ajoute un charme irrésistible à son personnage et bien sûr à tout ce qui l’entoure.

Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri est plus que recommandé si vous aimez le suspense, la psychologie, les enquêtes patientes, les copeaux de parmesan et les vieilles Vespa. Courez chez votre libraire pour vous le procurer.

Mais attention, si le soleil brille entre Parme et la Spezia, si la route est bordée de pins parasols, si la bella vita est toujours possible… beaucoup de noirs secrets se tapissent dans l’ombre !

Jérôme « prosciutto crudo » V.

 

  

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