De la surprise. C’est exactement ce que j’ai ressenti en écoutant Broken, le nouvel opus de Memphis May Fire, sorti vendredi 16 novembre. Le quatuor de metalcore chrétien, originaire de Dallas, nous a fait attendre deux ans depuis This Light I Hold, avec le single Virus tenant lieu de vrai-faux teaser – la chanson n’est pas présente sur l’album – en juin 2017.
Plusieurs questions sont à poser avant de se lancer dans une première écoute : est-ce que les artistes sauront se réinventer tout en gardant leur signature ? Leurs paroles vont-elles à nouveau me prendre aux tripes ? Le message transmis sera-t-il aussi puissant qu’auparavant ? Un seul moyen de le savoir : plonger dans Broken tête la première.
L’album s’ouvre sur The Old Me, une chanson très personnelle évoquant l’anxiété et la dépression du chanteur. Ce titre est un véritable cri de ralliement qui parlera à toutes celles et ceux qui souffrent de troubles similaires : « Where is the old me ? ». Un son frappant, lancinant presque, soutenu par une batterie évoquant les battements d’un cœur en pleine accélération.
Les chansons se suivent une à une, dans la lignée du son traditionnel du groupe. Puis d’un coup, l’oreille se réveille sur Heavy Is The Weight.
L’ambiance du morceau change radicalement du reste, et fait sentir à celui qui écoute tout le poids du monde dont il est question. En outre, l’ambiguïté virtuose avec laquelle sont écrites les paroles ne laisse pas l’auditeur deviner : de qui parle-t-on ? Est-ce une évocation intime de la pression médiatique que subit le groupe, ou bien une introspection du chanteur face à ses doutes ? Seuls les membres de Memphis May Fire le savent. De plus, nul ne peut parler de ce titre sans saluer le vent de fraîcheur inattendu apporté par le featuring avec Andy Mineo, qui y rappe le dernier couplet. Heavy Is The Weight s’oppose d’ailleurs à la sixième piste, Over It, qui, en écho, tranche comme un véritable doigt d’honneur hardcore aux critiques.
On continue ensuite d’apprécier l’album, jusqu’au dernier temps fort qui en touchera plus d’un : la pénultième chanson You And Me, ballade bouleversante qui bercera les amoureux au cœur brisé. Impossible de ne pas céder au charme de ce délicat morceau, où la voix claire de Matty Mullins reste retenue, au service du texte, comme pour faire sentir la lenteur avec laquelle le couple se déchire : « I don’t wanna hold you back anymore / and you don’t want to live with the guilt / of leaving me behind ».
Surprise, donc. Surprise car le groupe a su conserver son identité tout en osant sortir des sentiers battus comme on a pu l’entendre avec Andy Mineo. Surprise car l’album est particulièrement chargé en émotions, bien que plus court que les précédents. Surprise car Memphis May Fire s’assagit quelque peu, et ce n’est pas un mal.
Pour résumer, c’est sans conteste un bel opus qui porte bien son nom : Broken comme l’âme d’un artiste abîmé qui transforme sa douleur en une œuvre introspective et personnelle. Le début d’une nouvelle ère pour Memphis May Fire ? Dans tous les cas, affaire à suivre !
Aude