Biches Festival Edition #2, open air festival niché dans la forêt de Cisai-Saint-Aubin, a un air de Woodstock-en-Orne en ce vendredi 30 juin 2017. Une ambiance festive et fun où l’on vient pour se détendre dans les transats ou sur les sofas installés sous la grange, déguster les produits locaux et découvrir des valeurs montantes mais déjà très sûres.
TORRENT D’AMOUR, new-wave normande
18h15. Sous une pluie diluvienne, on ne pouvait rêver mieux que la new-wave ensoleillée de Torrent d’Amour pour l’entame de la soirée…
Formé en juin 2013, le trio de Caennais multi-instrumentistes prend immédiatement ses marques (et nous permet de prendre les nôtres) grâce à une new-wave colorée et dansante. Ces trois-là (Fanny, Matthieu et Axel) ont pour anges gardiens bienveillants Martin Hannett et Daniel Darc. Le combo connaît son New Order et son Taxi Girl sur le bout des claviers, sans reprendre toutefois le côté ‘’dark’’ de ses illustres aînés. Les compositions des morceaux en français sont dansantes, acidulées et joyeuses et le plaisir du trio à jouer ensemble est visible et communicatif.
Après un 1er EP 4 titres autoproduit et paru en février 2017, le groupe est à la recherche d’un label qui saura les accompagner pour aller plus haut encore.
En attendant, ils se produiront au Festival de Cauberotte à Moncrabeau (47) du 28 au 30 juillet 2017. Allez-y les yeux fermés et les oreilles ouvertes, ils vous embelliront votre mois d’août !
MOUNTAIN BIKE, des gars rageux de Bruxelles
19h30. Comme le dit le chanteur du groupe Etienne Kinkle : ‘’On n’a pas fait 600 kilomètres pour ramasser des champignons !’’. A défaut de girolles et de coulemelles, les quatre gars d’outre-Quiévrain – Etienne (chant), Stéfano (basse), Charles-Antoine (batterie) et Aurélien (guitare) – nous proposent une fricassée de sons de guitares saturées, persillée d’une énergie garageuse comme on aime.
A la veille du départ du Tour de France, et depuis la retraite du grand Eddy (Merckx, pas la Vieille Canaille !), il n’y a peut-être plus de vainqueurs potentiels de la Grande Boucle mais côté rock, la Belgique est bel et bien sur la ligne de départ, prête à en découdre dans les cols mythiques du lo-fi.
Fondé en 2012, le groupe franco-belge a déjà joué à Bruxelles au VK avec Ty Segall (dont ils sont très fans) et au Botanique avec Mac De Marco.
Le groupe délivre ce soir un set fiévreux. Un son garage énergique et puissant aux consonances sixties.
Les joyeux drilles s’amusent visiblement beaucoup et l’on sent qu’ils sont là pour rigoler avant tout et se faire plaisir. ‘’C’est notre dernier concert. Après on arrête le groupe parce que c’est trop de la merde !’’. ‘’Ce qui nous fédère c’est la connerie !’’ ont-ils pour habitude de dire. L’ambiance est résolument potache ; un gros bruit dû à la chute d’un objet survient : ‘’Le bruit à l’arrière ? C’est le batteur qui a pété, il n’a pas les frites dans le même paquet !’’.
Le groupe sera en concert @La Station à Paris le vendredi 7 juillet prochain. Courez vite les voir, vous nous remercierez !
REQUIN CHAGRIN, french pop élégante
21h00. Fallait-il les voir sur scène @Biches pour savoir que Requin Chagrin sera à coup sûr l’une des confirmations de 2017, après que le label La Souterraine ait repéré le titre ‘’Adélaïde’’ posté sur Internet fin 2014 ?
Non bien sûr. Mais quel plaisir intense de voir jouer Marion Brunetto (chant, guitare), tête (bien) pensante du groupe, originaire de Ramatuelle, accompagnée de Grégoire Cagnat (basse), Gaël Etienne (claviers/guitare) et Julian Belle (batterie).
Textes sombres et mélancoliques, dream pop aux influences surf-pop, mélodies garage rock 60’s, pop new wave 80’s, shoegaze, psyché… ? Sûrement un mix de tout cela.
En termes d’influences, Marion cite pêle-mêle Shimmering Stars, Crystal Stilts et The Black Tambourines. On ne retiendra pas en revanche la référence à Indochine, pas très évidente à nos oreilles.
La chanteuse sudiste a la blondeur et le sens des mélodies de Valérie Leulliot (Autour de Lucie). Egalement celui des brillants Valentins (Edith Fambuena).
Le requin (chagrin) gonflable déposé au-devant de la scène flotte désormais dans les airs, ballotté énergiquement entre les mains des festivaliers heureux. Il virevolte avec la même légèreté que les mélodies ciselées aux sonorités des guitares réverbérées et un tantinet lo-fi.
Il me revient soudainement en tête le refrain d’une improbable chanson éponyme (Requin Chagrin, 1974), chantée en duo par Michel Sardou et Mireille Darc : ‘’Toi, sur le bateau de ton père / Tu bronzais nue à ciel ouvert / Des oiseaux survolaient tes seins / Toi, sur le bateau de ton père / Tu bronzais nue à corps ouvert / Au-dessus du requin chagrin’’.
Est-ce cette pensée soudaine ou la pop élégante de Requin Chagrin… mais j’ai le sentiment très net que la température est montée d’un cran…
FISHBACH m’a fichu la frousse
22h30. Flora alias Fishbach arrive sur scène, ceinte d’une cape noire, devant un public dense. Exubérante, possédée, noire, exaltée, démoniaque… l’Ardennaise est dans tous ses états. Je crois apercevoir Belphégor (avec un plus joli minois que la grande Sapritch tout de même) au milieu de la nuit, tombée désormais, et de quelques bourrasques de vent.
Pris de peur par la dame ou peu habitué à cette pop électro typée 80s, je décide de regagner mes pénates urbains dans la banlieue parisienne plus rassurante, après un dernier effort pour regagner le parking dans la nuit noire, entre les bruissements des fourrés (les gremlins de l’Orne sont pacifiques dit-on) et les hululements d’un grand-duc.
Alechinsky.