Il en va différemment actuellement de la politique et de la musique.

Ainsi, les têtes de nos éléphants politiques roulent les unes après les autres dans la sciure, faute pour certains d’avoir convaincu lors de la figure imposée des primaires, ou par manque de probité pour d’autres, aveuglés par leur impunité parlementaire, coupables d’avoir perçu des émoluments (historiques) non justifiés.

Quand a contrario, on assiste sur le plan musical au retour sur le devant de la scène de groupes formés il y a un quart de siècle, et à la résurgence de genres musicaux tels que le rock psychédélique, le post-punk, le shoegaze, la dream pop, l’acid rock ou le space rock.

Et de facto à la re(co)naissance de nombreux groupes un peu oubliés tels que Slowdive, hibernatus rock durant 22 longues mutiques années, ou Ride, plus de 25 ans après leur sublime album ‘’Nowhere’’.

Autre exemple, celui de Bardo Pond, groupe estampillé rock psyché/shoegaze/noise rock/space rock/acid rock (n’en jetez plus), originaire de Philadelphie, Pennsylvanie, actif depuis 1991, dont le label Fire Records nous annonce la sortie d’un nouvel album studio ‘’Under the Pines’’, à paraître le 24 mars, quatre ans après leur dernier effort ‘’Place on Venus’’.

ARTWORK UNDER THE PINES2

Le groupe se compose des frères Michael et John Gibbons, tous deux guitaristes (il est surprenant et sûrement totalement fortuit de noter à ce stade que ‘’Philadelphie’’ signifie ‘’amour fraternel’’ en grec). Aucun lien de parenté toutefois avec un autre Gibbons célèbre, prénom Billy, texan à la longue barbe officiant au sein de ZZ Top. Isobel Sollenberger (chant et flûte), Clint Takeda (basse) et Jason Kourkonis (batterie) complètent le band.

Bardo Pond est un vrai paradoxe, une énigme depuis 25 ans.

A la fois groupe culte et légendaire, reconnu par ses pairs, comptant de fervents admirateurs dont Thurston Moore, chanteur et guitariste de Sonic Youth, en passant par Stuart Braithwaite de Mogwai (‘’Ma vie a changé lorsque j’ai écouté pour la première fois Bardo Pond lors d’une Peel Session’’) jusqu’à Lou Reed et son épouse Laurie Anderson qui les invitèrent en 2010 à performer lors du Vivid Festival à l’Opéra de Sydney ou encore Jesus & Mary Chain qui les sollicitèrent en 2015 pour les accompagner sur scène lors du 20ème anniversaire de Mogwai à la Roundhouse de Camden à Londres.

Et à la fois groupe mal connu, ayant très peu tourné depuis sa formation au début des 90’s.

Il est étonnant de découvrir que les membres du groupe, ayant tous un background artistique, ont un job à temps plein dans le milieu des Beaux-Arts (John au sein d’un musée dans le Delaware, Michael et Clint travaillant comme techniciens-installateurs au sein de musées eux aussi), ce qui limite grandement la possibilité de tournées à travers le monde.

Les compositions du groupe oscillent entre un son brut, épais, et des ambiances atmosphériques. Les guitares saturées du passé sont devenues plus ‘’célestes’’ et planantes au fil du temps, sublimant et faisant l’écho de la voix aérienne, gracile et plaintive d’Isobel Sollenberger.

Noirs, sombres et envoûtants, les morceaux sont ‘’des vibrations languides, à fleur de peau, un groove granuleux qui sonne comme une dream pop cathartique enveloppée dans un voile délicat de barbelés’’.

Le son est hypnotique, les tempos lents et profonds, voluptueux et ésotériques.

Le genre de musique haut perchée et spatiale (‘’space-rock’’), qui servait de fond sonore pour les voyages d’acide (LSD) pour bon nombre de groupes underground dans les 60’s (‘’acid-rock’’).

Certains morceaux sont de longs solos instrumentaux tel cette reprise de ‘’Maggot Brain’’ du groupe Funkadelic, datant de 2013, d’une durée supérieure à 21 minutes, et dont la légende veut que George Clinton ait dit à Eddie Hazel pendant l’enregistrement de ‘’jouer comme s’il venait d’apprendre que sa mère était morte et ensuite comme s’il avait appris qu’elle était en fait encore en vie’’.

Le single ‘’Crossover’’, qu’il nous est d’ores et déjà possible d’écouter, alterne des passages abrupts (‘’hash-noise’’ selon l’expression brittone), résolument heavy, avec des sons de guitare proches de J Mascis de Dinosaur Jr. et des moments lents qui, si vous vous abandonnez à fermer les yeux, seront propices à la relaxation et à la méditation.

Allez, on lance le recrutement de cinq personnels de musées pour libérer le quintet de Bardo Pond, histoire de les entendre ici prochainement en Europe !

Claude.

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