Arno

Paris. Un soir d’hiver au Café de l’Ogre (ça ne s’invente pas), en face de la Maison de la Radio… A l’occasion de la sortie de Human Incognito (Naïve) vendredi dernier, Songazine a eu le privilège de rencontrer Arno. Autour d’un bon verre de vin rouge, comme avec un vieil ami, agrémenté d’un saucisson sec ou «un vieux zizi coupé », nous avons discuté  de sa musique et du rock d’aujourd’hui. Rencontre touchante car le rédac chef aime sa musique depuis … bien longtemps (vu au festival Elixir à Brest en 1985 !). C’est simple, Arno est une « figure », et il est attachant. Il nous a livré quelques anecdotes, de sa voix rocailleuse et malicieuse ;

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Arno est un artiste belge qui a su varier sa musique tout au long de sa carrière. De Vive ma liberté, en passant par Bathroom Singer, à I am Just an Old Motherfucker, il est passé du rock au blues, au jazz, à la musette, et voire même à l’électronique. Il est considéré pour certain comme le Tom Waits belge, il sourit : « Je suis quand même plus beau que lui. J’ai les plus belles jambes que ce monsieur. Lui il est américain et moi européen. On dit ça parce qu’on possède les mêmes influences de blues ».

Notre homme est connu aussi pour ses reprises de chansons de musiciens internationaux et français. Une de ses plus connues est Les Filles du Bord de Mer (Adamo), il explique son origine : « Maintenant Adamo la chante pour moi. Il y a très longtemps, j’étais à Nashville pour produire un disque pendant trois mois. J’étais venu de Belgique avec plein de cassettes audio. Puis un jour je l’ai écoutée et avec mon accordéoniste, nous l’avons jouée. Je l’avais chantée car, à l’époque, dans le refrain je comprenais : Joint, Joint ! Les Américains étaient en admiration. Pourtant elle n’était pas de moi, je l’ai interprétée pour rigoler. Il y en a un qui m’a dit : Si tu la chantes pas, je te coupe les couilles». Il a repris  une chanson des Stones, Mother’s Little Helper, mais aussi Get Up Stand Up de Bob Marley : « C’est Bono de U2 qui voulait que chaque artiste de chaque pays joue un titre pour la paix. Ils m’ont choisi pour la Belgique et j’ai pris celle-là».
Arno-Human IncognitoSon dernier album produit par John Parish, est un retour aux sources, plus « organique », vers son blues-rock qu’il chérit: « Je suis un grand fan de blues. Sans celui-ci, on ne serait pas là à discuter. Il n’y aurait même pas les Rolling Stones, les Beatles. Keith Richards joue à la Chuck Berry». Captain Beefheart est un de ses « héros » : «  un de mes premiers disques a été l’un de ses albums. Son guitariste vient me voir à chaque concert à New-York ».

Témoin de son temps il est «  influencé par l’être humain ». Il ajoute : « Je suis de cette espèce.  Ce sont eux qui me donnent mon inspiration. Leurs défauts et leurs conneries m’inspirent, et les miennes aussi. Un monde trop parfait ça n’aucun intérêt pour moi, je ne pourrai pas écrire. » La chanson Je Veux Vivre est née de cette réflexion : « C’est une utopie que je chante mais si elle existait je m’embêterais ».

Très critique sur le rock d’aujourd’hui, il n’hésite pas à dire que « le rock est mort ». « Celui d’aujourd’hui est devenu celui des salons de coiffure », s’offusque t-il, « J’en suis un peu triste. Maintenant le rock est marketing. Avant dans les années 60, on se révoltait contre le système. En ce moment, la révolte est morte. J’espère qu’elle reviendra». Pourtant, il possède quelques poulains de la nouvelle scène rock belge : «J’aime bien Balthazar, dEUS, Les Black Box Revelation avec qui j’ai joué à la mort de la reine Fabiola (2014), pour la radio. Elle était une grande fan d’ABBA. Du coup avec Jan le guitariste, nous avons repris Knowing me, knowing you. Il est un bon copain, on habite dans le même quartier. On mange et on boit ensemble».

Arno quand il ne chante pas, il peut être acteur. Il est connu pour son face à face avec Alain Bashung dans « J’ai toujours rêvé d’être un gangster » de Samuel Benchetrit. Nous évoquons l’un des derniers films belges : Le Tout Nouveau Testament, il nous en dit un peu plus sur le réalisateur : «Jacob Van Dormael  est un très grand ami à moi. Un grand réalisateur. Il m’a réalisé pour moi un clip, Dans Mon Lit où j’étais dans un lit au bord de l’autoroute ». Il nous confesse : « Je vais être bientôt au cinéma, le 3 février, avec Nathalie Baye, pour Préjudice ».

« Je n’exprime pas de message, c’est du domaine des politiciens », mais il a dicton pour cette fin d’interview : « Libère ton cœur et le reste suivra. Après la mort il y a les mouches… »

Thomas “ Moleskine” Monot et Jérôme « I <3 Belgium » V.

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PS : Quelques mots sur le nouvel album

Human Incognito est un chouette disque, avec de l’émotion, du cœur, du français et de l’anglais, un vieux motherfucker, où l’on danse comme une oie, boit à la santé des cocus, parle d’amours et de ruptures et surtout où l’on veut vivre : bien à l’image d’Arno. Nous on l’a aimé, écouté, écouté encore et on vous dit que c’est du blues rock avec une âme grosse comme ça.

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