Cet article est le numéro 3 sur 4 du dossier Spencer P. Jones

Spencer P. Jones avait un sens de l’humour très développé et des centaines d’anecdotes dans la besace. En voici quelques-unes, cocasses et hallucinantes, sous forme de témoignages ou d’interview donnée par Spencer lui-même…

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Ce qu’on appelle ‘’Mettre un vent’’ ! (anecdote recueillie auprès de Seb Blanchais, label Beast Records à Rennes)

‘’Un jour, alors qu’il s’apprête à jouer quelques minutes après avec les Beasts Of Bourbon sur une des scènes du Big Day Out (*), comme toujours avec son énorme Stetson vissé sur la tête, il prend un gros plateau avec un maximum de bières pour l’amener sur scène… Sur son passage, il croise un zikos qui lui demande : ‘’Je peux t’en prendre une ?’’. SPJ lui répond : ‘’Va te faire e…… toi !’’. Quelques minutes après, un roadie s’approche de Spencer et lui demande : ‘’Qu’est-ce qu’il t’a dit Bruce Springsteen ???

C’était juste le ‘’Boss’’ qui lui avait tapé sur l’épaule pour lui demander une bière et lui ne l’avait pas vu à cause de son chapeau !’’

(*) Big Day Out est un festival estival de musique, qui se tenait fin janvier-début février, dans cinq villes d’Australie – Sydney, Melbourne, Gold Coast, Adélaïde et Perth – et à Auckland en Nouvelle-Zélande, sur la période 1992–1997 et 1999–2014.

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Extraits d’une interview parue le 12 septembre 2005 dans i94bar

‘’Quels sont les moments les plus drôles que vous ayez vécus en tournée ?’’

‘’Allemagne 1992, un roadie ivre qui se bat avec une personne de petite taille et la personne de petite taille qui remporte le combat… Des trafiquants de drogue Surinamiens qui pourchassent la section rythmique des Beasts of Bourbon à travers Amsterdam… Un mini-golf sous l’effet du LSD à l’aéroport de Coolangatta avec The Johnnys’’.

‘’Comment voyez-vous votre vie à 60 ans ?’’ [NDLR : il a 49 ans au moment de l’interview]

‘’Se disputer avec les Beasts of Bourbon à propos de notre « difficile » 20ème album, se convertir à l’Islam, peindre des chefs-d’œuvre, prendre du Viagra, profiter des millions de mon fils, célébrer le premier titre de Geelong en A-League’’.

[NDLR : A-League est le nom du championnat d’Australie de football. Geelong est la deuxième plus grande ville de l’État du Victoria après Melbourne].

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‘’Je vous hais tous !’’ (anecdote recueillie auprès de Jeff Hooker, bassiste des Midnight Scavengers)

‘’La première fois que j’ai vu Spencer jouer, c’était au Prince de Galles en 1982. J’étais mineur mais des copains à l’époque m’y avaient emmené. Ça a probablement été le premier concert auquel j’ai assisté dans un bar. Je suis allé voir North 2 Alaskans [le groupe de SPJ à cette époque] chaque fois que je pouvais et au troisième concert, Spencer m’a accueilli comme un vieil ami, même si nous ne nous étions jamais rencontrés.

Deux décennies plus tard, je retourne à Melbourne. Je n’y avais pas mis les pieds depuis si longtemps que je me sentais comme un imposteur parmi les ‘’vrais’’ musiciens. Spencer jouait au bar Gem un soir. Après le set, je me suis présenté timidement et j’ai demandé à acheter un CD. Spencer m’a regardé dans les yeux et m’a dit : ‘’Je sais qui tu es’’. Oui. Il avait cette façon très spéciale de te faire sentir comme quelqu’un d’unique’’.

‘’Je me souviens d’un autre concert, c’était au Greyhound Hotel. Spencer traversait une période compliquée et il n’était vraiment pas très bien ce jour-là, l’air renfrogné et grincheux de quelqu’un qui aurait clairement voulu être ailleurs. Le public présent en fit les frais ce soir-là : il regarda l’auditoire et lâcha « Je vous hais tous… Je vous hais ! ». Puis, regardant chacun individuellement, il poursuivit : ‘’Je te déteste aussi…et… Je te hais aussi… Je déteste tout le monde’’.

Soudainement, alors que je passe près du bar avec une bière à la main, Spencer me regarde et me dit : « Oh Jeff Hooker, toi, je ne te hais pas… mais je déteste tout le monde à part toi !’’

Je garderai toujours le souvenir d’être la seule personne que Spencer n’a pas détesté ce jour-là !

Quincy Mclean, un ami de Jeff, était également présent ce soir-là, et témoigne : ‘’Voir la plus sympathique des légendes du rock de la planète dans un mauvais jour et exprimer ce mal-être d’une manière si théâtrale, comme si c’était une psychothérapie, a été un privilège même pour les personnes apostrophées. Spencer n’a jamais été une mauvaise personne. Il connaissait tout le monde par son nom et, à ma connaissance du moins, n’a jamais méprisé ou toisé quiconque, que ce soit le public ou les groupes de première partie’’.

Alechinsky.

Dans le dossier :<< DANS SPENCER, IL Y A DE LA MAGIE (PART 2)HÉRITAGE ET VIDE BÉANT (PART 3) >>
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