→ Est-ce que toi aussi, depuis 2005, à chaque fois qu’une copine appelle son mec « mon amour », tu réponds d’une voix de crécelle débile* « mon cœur ! » ?
→ Est-ce que toi aussi, quand tu as passé une journée de merde, que tu sors du boulot et qu’il tombe des cordes alors que tu n’as pas de manteau, il te vient dans un coin de tympan la phrase conclusive de la chanson Christina « et en plus il pleut. » ?
→ Est-ce que toi aussi, dès que tu as mal à la gorge, tu te chantes intérieurement « Peut-être une angine, ta-ta-tatatata… » en te dandinant les fesses ?
1- Si tu as répondu « oui » à ces trois premières questions, tu peux continuer à lire cette chronique. Tu sais donc qui est Anaïs, bravo mon cher cas numéro 1 pour ta culture musicale (en même temps t’as pas trop peiné), tu peux squeezer le paragraphe suivant.
2- Si tu as répondu « non » à une ou plusieurs de ces questions, lis quand même, parce que tu ne peux pas cliquer inopinément sur www.songazine.fr en restant ignorant de ce qui va suivre. J’ai envie de te dire, cas numéro 2, tu as de la chance, je suis sympa, je ne moquerai pas de toi parce que tu ne la connais pas, t’es peut être né en 2010 après tout ? – et je vais même t’expliquer qui est cette fameuse Anaïs. Oui, Anaïs, celle du titre de cette chronique. Cette auteurE-compositTRICE-interprète (j’aime revendiquer la part féminine de ces noms trop souvent écrits au masculin) a connu un très bel essor dans les années 2000 et s’est fait connaître grâce à son Cheap Show, spectacle plein d’humour sans moyens, uniquement basé sur…son talent.
La France entière a repris en chœur le refrain de « Mon cœur, mon amour », en se disant que la p’tite là, elle était bien intelligente, elle chantait tout haut ce que les autres pensaient tout bas : «Ça dégouline d’amour, c’est beau mais c’est insupportable», stop au « cul-cul-fiage » intensif et trop démonstratif des sentiments amoureux.
Elle a démocratisé le looper. Enfin, moi, avant son arrivée sur le devant de la scène, je ne connaissais pas cet engin. Ah oui, pardon, faut que je t’explique, toi, le cas numéro 2 né après 2010. Un looper, c’est un appareil qui sert à enregistrer un instrument ou une voix, et à repasser la séquence enregistrée en boucle. On peut superposer tout ce qu’on veut, pourvu que ça sonne, et c’est une invention magique pour les artistes qui sont seuls en scène mais ne veulent pas jouer sur bande.
Anaïs a mis un peu le dawa à l’Olympia et aux Victoires de la Musique, surtout celles de 2006.
Séance de rattrapage terminée, j’ai résumé au max. Cas numéro 1, tu peux revenir !
Passons à la deuxième leçon ayant pour thème le nouvel album de cette nana incroyablement décalée, qui sortira le 22 septembre.
On pourrait presque croire qu’elle a copié sur le titre d’un film pour son nouveau bébé, mais en fait, ce mot -là, il était vraiment fait pour elle. Divergente
Ça commence en anglais (avec un accent français qui réussirait presque à faire craquer Elton John). Un rock’n’roll rétro, des paroles pour se présenter en se décrivant à travers le reflet du miroir (à l’instar de Docteur Renaud, Mister Renard, Anaïs nous révélerait-elle aussi une double personnalité ?) nous plongent dans ce qui sera le fil conducteur de l’album : la féminité assumée, avec tout ce qu’elle comporte de sexy attitude.
Le titre J’ai retrouvé mon mojo, nous prouve que la pétulante Anaïs est prête à retrouver les grandes scènes et un public déjà conquis, mais qu’elle veut continuer à le séduire. (Vous reconnaîtrez ses deux copines !)
Anglais ou français ; sonorités rock’n’roll, jazz ou ballades folks; attirance pour les hommes ou les femmes ; tantôt délurée (Smoking like a Bastard) , tantôt tentant de se ranger (Je n’boirai plus jamais), parfois fleur bleue (And I hold my Lamp, qui reçoit mon méga coup de cœur) ; Anaïs nous avait prévenus dès la première chanson (Schyzophrenia) : en elle, habitent plusieurs personnalités. C’est précisément ce qui plaira à son public : Divergente, c’est divers éléments qui la hantent.
Là où on peut dire que notre chanteuse est très forte, c’est que, quoi qu’elle touche, elle le rend beau. On aime l’espièglerie de ses paroles, cet humour plutôt caustique et désespérément réaliste, et sa façon de ne rien filtrer. Cet album est une ode à la Femme moderne. La Femme qui aime, la Femme qui souffre, la Femme qui séduit, qui s’affirme, qui repousse ses limites, la Femme qui porte haut sa flamme.
Bref, opération Séduction (avec un grand S) d’Anaïs : réussie. Rendez-vous le 22 Septembre.
Violette, femme et encore plus fière de l’être.
* si tant est qu’une crécelle puisse être débile.