
La musique, c’est bon et c’est beau quand c’est bien fait. Une expression qu’on peut facilement caler partout :
La pâtisserie, c’est bon quand c’est bien fait — ça marche aussi.
Avec tout ?
On peut tout faire, tout mettre ?
Oui, quand c’est bien fait, évidemment.
Et quand on écoute Pauline Auriol, on se dit : merde, c’est beau et bon.
C’est bon comme une pâtisserie artisanale, un gâteau avec de la profondeur, un peu de crème et beaucoup de générosité, tout en légèreté.
T’en veux de la génoise ? J’ai !
Faut se le dire, la chanson française, parfois, c’est déprimant.
On peut avoir envie de succomber à la promo chez Leroy Merlin :
« Un mètre de corde acheté, un mètre offert », avec supplément « Mort au rat » au rayon des nuisibles, histoire de ne pas se louper.
Faut dire, Barbara avait bien balisé le sentier, comme Édith Piaf avant elle.
En France, on sait faire chialer dans les chaumières avec brio :
ce doigt sur la gâchette à chaque note, c’est triste et c’est beau.
Alors bon, quand on me dit :
« Allez, tu vas voir, c’est super, écoute de la chanson française, c’est une artiste avec un album au top »,
je me tiens prêt avec mon Prozac, prêt à dégainer…
Et pourtant…
L’album de Pauline Auriol met du baume au cœur.
Et du cœur, il y en a. Visez un peu le titre : « Le Cœur Cymbale ».
7 titres de pur travail, mélodie, chanson, dans la grande tradition française, comme savaient y faire Charles Aznavour, Michel Berger, ou encore un autre Michel, Michel Legrand, dans sa conception de la mélodie dans Les Demoiselles de Rochefort.
Et Pauline Auriol nous sort un très bel album de chanson, qui sent le plaisir, l’envie, et mazette, c’est bien fait.
Jusqu’à en dégager une certaine sensualité.
Ohhhh peuchère, t’es pas un peu de Marseille, toi ?!!
Oui ! Ce timbre de voix est tout simplement parfait.
Pas du tout aigu, la note est parfaitement placée sur les chansons.
Elle a particulièrement travaillé les mélodies, comme dans les comédies musicales.C’est varié, on ne s’ennuie pas un instant, on écoute, charmé par ces variations.
Intimiste, sur un piano-voix avec « La Lamentation du Cèdre Bleu »,
elle peut aussi siffler comme un oiseau sur fond d’accordéon.
On se surprend à comparer avec une autre Pauline, Croze, qui dégageait une poésie flagrante,et là, c’est bien foutu.
Que dire des paroles ?
Travaillées, jusqu’à faire un peu d’humour.
Merde, je vais donc devoir abandonner la promo suicide sur la corde, qui pourtant était alléchante.
Le single éponyme, Le Cœur Cymbale, est un condensé de cet album :
frais, franchement positif sans être naïf.
Diction claire, et mélodies comme si un oiseau chantait près de la fenêtre —
vous savez, quand le printemps arrive, le soleil invitant à ouvrir son Velux pour humer les délices du printemps…
Cet album, c’est ça.
« Léon » ou « Interlude » finissent d’enfoncer le clou dans un bois tendre.
Encore !
7 titres, ce n’est pas beaucoup…
Mais justement, si c’était ça le plaisir : de la qualité, pas de la quantité !
Pour les fans de France Gall version 2025, époque Michel Berger.
Des chansons belles à l’écoute, autant dans le fond que dans la forme.
Magnifique et interprété avec justesse et confiance.
On sent le travail artisanal à chaque mesure.
Inventif et créatif, l’orchestration accompagne la chanteuse dans un parcours de vie écorché,
par les variations de l’amour ou de la mort.
Un bel album, qui répond à la plus belle des manières, avec une plume qui fait mouche.
Et oui, une plume bien placée, ça peut faire super mal — dans un œil, par exemple.
Particulièrement silencieux et scotché à mon casque pendant l’écoute de cet album,un ange passe, bercé par les solitudes et les renoncements,
avec un arc et des flèches, ou simplement en nous gratifiant d’un vol gracieux au-dessus des nuages,libre et confiant, pourfendant les ciels gris d’une caresse de la main.
« Le Cœur Cymbale », ou comment transformer le moche en beau,
sans prendre de Prozac.
C’est possible.
Pauline Auriol nous le prouve en 7 coups de cymbale,
pour nous rappeler à l’ordre que la vie est belle en musique.
C’est bon, la musique, quand c’est bien fait.
@pyofficiel
Merci Pauline de répondre à mes questions, pour éclairer le public de Songaazine.
ressembler musicalement, je choisirais un mélange de Michel Berger et Barbara Pravi. Et Balavoine. Et Brel et Barbara… Ah c’est trop dur de choisir. J’aime la poésie, l’espoir, le combat qu’on trouve dans ce répertoire, et je crois que ça m’a beaucoup poussée vers l’avant.
Tu écris, tu composes, tu chantes : quelle étape est la plus instinctive pour toi ?
Venant du monde des lettres, c’est vraiment l’étape de l’écriture la plus facile pour moi. La suite vient parfois de manière très instinctive, surtout quand le texte est bon et comprend déjà en lui-même une mélodie intrinsèque. Parfois, la musique se révèle trèèès tard ; ça m’est arrivé pour le Cœur Cymbale, première chanson de l’album, il s’est passé quasiment un an entre l’écriture et la composition ! Je crois que c’était très lié à mon état psychologique, qui a formidablement évolué cette année-là. Ainsi, cette chanson aurait été beaucoup plus « triste » dans sa mélodie si j’avais insisté au début. Finalement, un an plus tard, la mélodie m’est venue lors d’une randonnée à Madère, j’étais en joie et j’avais envie que la joie transpire dans le chant.
Est-ce que tu préfères écrire seule ou en collaboration ?
Je n’ai encore jamais écrit avec quelqu’un. Je pense que l’exercice me plairait.
Un souvenir marquant pendant la création de l’album ?
La première fois que j’ai chanté “Coût pour Coup” devant un public, les gens étaient hilares, et je ne m’y attendais pas du tout. C’est une chanson qui tourne en dérision le fait d’être très sensible, en ce que cette qualité coûte très cher (en budget osthéo, psy, mouchoirs, électricité…). C’était une soirée “open mic” où beaucoup d’artistes étaient présent.es et je crois que la plupart se sentaient tout à fait concerné.es par la question.
Comment as-tu vécu le fait de livrer une part de toi dans cet album ?
C’est très spécial. Quand je rentre dans la peau d’un personnage de théâtre ou de comédie musicale, en tout cas qui a été écrit par quelqu’un d’autre, je n’ai rien d’autre à faire que donner ma confiance et y aller à fond. Là, ce sont mes textes et ma musique, mes émotions et tout simplement mon cœur que je pose sur la table, en espérant que personne ne le fasse tomber. C’est une impression étrange d’être totalement nue et vulnérable devant pléthore de personnalités différentes, mais c’est très libérateur. On sait qu’on ne va pas plaire à tout le monde, il faut s’attendre à des remarques parfois dures, mais c’est hors de soi et fait avec le maximum de sincérité, parfois même comme une nécessité. Ça fait peur, mais ça fait drôlement du bien (oui, tout artiste doit être somme toutes un peu fêlé.e dans le fond pour faire ce métier…)
Quel serait ton rêve fou autour de cet album ? Une scène ? Une collaboration ?
Mon rêve le plus fou serait de partir en tournée en France avec mes ami.es musicien.nes, avec un tour bus, des bons repas, des balances où on chante Céline Dion, des supers artistes peu connu.es en première partie… Un jour peut-être ! Et une collaboration… Avec Benoît Dorémus ou Barbara Pravi, ce serait le rêve.
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
De continuer à écrire des chansons, tout simplement. De ne jamais perdre l’envie.
@pyofficiel