Steve'n'Seagulls
Cet article est le numéro 5 sur 7 du dossier Live fromTrans Musicales 2015

Cet énorme brassage musical de cinq jours amène non seulement des groupes venus de France, mais aussi des autres continents. Ils viennent d’Asie comme les Khun Narin’s Electric Phin Band, d’Afrique The Dizzy Brains, mais aussi d’Europe et des Amériques. Songazine en a suivi deux et vous les présente.

Redneck made in Helsinki

La Finlande, pays du métal où Children of Bodom et Apocalyptica sévissent dans ces terres froides de Scandinavie. Cependant, il existe cinq musiciens fanfarons et joyeux lurons pour nous jouer sur un ton Bluegrass, Folk voire en mode Polka des grands classiques du métal, hard rock et du blues rock. Les Steve’n’Seagulls. Sacrilège nous direz-vous ? Que nenni, l’on vous répondra, ils reprennent avec brio ces morceaux qui ont tant bercé nos tympans, The Trooper, Thunderstruck, Ich Will, Seek And Destroy. Ils ont d’ailleurs mis l’ambiance dans le Hall 3 des Trans Musicales. Le public était conquis et en redemandait. Il sautait, dansait, s’agitait au son des Steve’n’Seagulls. Ils ont terminé leur concert par un magistral Born To Wild.

Songazine est parti à la découverte du groupe en interviewant Herman (banjo) et Puikkonen (batterie).

L'amitié entre un banjo et une batterie

L’amitié entre un banjo et une batterie

« C’est notre première fois en tant que groupe ici en France. On aime bien être ici. On espère revenir l’année prochaine pour l’été, pour une tournée de festivals », commencent-ils. Au départ ce quintette reprenait des chansons populaires de Finlande en mode country. Par la suite, ils se sont décidés à reprendre des musiques d’autres registres : « La principale motivation qui nous a donné cette idée est due à notre adolescence. Nous étions de grands fans que ça soit de metal, hard rock ou blues-rock ». Ainsi, le 8 mai 2015 sortit dans les bacs Farm Machine, un millésime musical de cette année.

Ils ne se considèrent pas être sous l’étiquette metal, ils nuancent : « C’est vrai qu’il y a cette connotation qui traîne derrière nous, à cause de nos reprises dont on essaye de garder et de respecter le rythme initial. On possède aussi ce côté traditionnel comme le blues, le folk voire même la polka (cf The Trooper) ». Ils rajoutent : « Nous n’avons pas de limites dans nos influences musicales ». La communauté de métalleux et de hard-rockeux a été surprise, « mais dans l’ensemble, ils ont agréablement apprécié nos reprises ». Qu’en est-il des vrais artistes ? « On n’a pas encore de véritables retours. On entend seulement des rumeurs. Par exemple, que le batteur d’Iron Maiden aurait écouté notre version de The Trooper et aurait aimé. Un honneur, si cela semble vrai, pour un de nos groupes préférés quand nous étions gamins ».

Songazine est en admiration par le clip de Thunderstruck avec l’arrivée triomphale en tondeuse à gazon de l’accordéoniste Hiltunen. On trouve aussi l’utilisation d’un outil comme instrument de musique : « C’était un accident chanceux. Lors du tournage on essayait deux, trois objets au hasard. A un moment on tape avec une clef à molette sur l’enclume. Là, nous sort une note similaire au si mineur. On se marre… » Le banjoïste continue « Puis on se dit : on le garde et on tourne avec. Bref, cela sonne bien avec ce côté métallique du mot « Thunder ».

En tout cas pour le plus grand bien de nos oreilles, ils vont continuer dans cette même lignée pour le prochain album : « On va tenter de nouvelles reprises dans d’autres univers, comme par exemple les Beastie Boys. On gardera du metal tel que Megadeth. On rajoutera un peu plus de Guns’n’Roses. Pourquoi ne pas rajouter aussi nos propres compositions. Qui vivra, verra ! »

Une petite anecdote venue du batteur : « Notre première reprise a été Poker Face de Lady Gaga en mode country. Après nous n’avons pas repris d’autres musiques pop. D’ailleurs on ne fera pas d’autre chanson dans ce genre », sourient-ils.

Loser Blues from Philadelphia

Changement de style musical, même si on reste dans le blues. Nous partons aux USA avec Son Little.

Aaron Livingstone alias Son Little

Aaron Livingstone alias Son Little

Le hasard peut faire bien les choses. Son album éponyme est sorti à la même date (4 décembre) que son concert aux Trans Musicales. Son blues intimiste teinté de soul a enivré le Hall 8 vendredi soir. « J’étais très content de jouer devant une énorme foule. J’avais l’impression d’être dans un hangar à avions », se souvient notre guitariste. L’artiste avait joué, auparavant, au SXSW (South by Southwest), le festival américain dans la lignée des Trans Musicales. « C’est impressionnant le nombre de groupes, là-bas, au moins deux milles artistes se côtoient. C’est un peu différent même si il y a ce côté découverte de nouveaux groupes. Ce n’est pas en dehors de la ville mais au cœur de celle-ci, pendant une semaine et demi. Tout le monde s’entrecroise, de la musique tout le temps à n’importe quel moment. C’est devenu un endroit où tu dois te faire voir, te vendre auprès du public et des professionnels », raconte-t-il.

Dans son album, Songazine aime ce côté intime, mélancolique de sa mélodie, une sensualité apparente dans la voix réservée de Son Little. Les chansons O’Mother, Loser Blues et The River en ressortent du lot. Dans la deuxième, c’est le solo de guitare à la Santana qui nous a beaucoup plu.  Ce n’est pas pour rien qu’elle reste la préférée du chanteur : « J’adore la jouer. Elle est très libératrice pour un musicien comme moi, tu donnes tout ce que t’as dans ton instrument. Ce qui donne ce long moment à la gratte ».

Adepte du guitariste Pops Staples, il nous confie son adoration : « Ce gars-là te produit un magnifique son avec sa gratte. Pops vient du Mississippi, comme ma famille et j’admire son blues. Il est un excellent chanteur aussi. Dans son jeu tu ressens un côté tapageur, sensuel et j’adore. Je pense qu’il m’a appris, plus jeune, beaucoup de choses. J’essaye de suivre sa voie mais c’est toujours difficile après un mec aussi talentueux. Après je pense que je me débrouille pas trop mal ». Il connait très bien la famille Staples puisqu’il a collaboré avec une de ses filles, Mavis Staples, sur l’EP de la chanteuse Your Good Fortune. Ses autres guitaristes préférés se réfèrent à Jimi Hendrix, Neil Young, Teenie Hodges et Carlos Santana.

Il catégorise sa musique non pas par des mots simples comme, rock, pop, ou blues, mais par des expressions. « Tuesday 3 a.m. », « fluorescent blues », « Saying Goodbye ». « Tu vois, la musique est pour moi quelque chose qui décrit une atmosphère dans un moment précis d’une journée. Elle peut évoquer une couleur, un sentiment, une émotion. Je suis sûr qu’il y en a une qui se rangerait dans le style d’un « Wednesday 11 a.m »  ou d’un « Wednesday mood ». Je n’en ai pas pour l’instant, mais je compte y travailler ».

Thomas Monot

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