Bars en Trans
Cet article est le numéro 7 sur 7 du dossier Live fromTrans Musicales 2015

Cette année, ils ont pris un des quatre monuments célèbres de Rennes comme emblème. Les Horizons. Il est moins connu que les trois autres qui sont : le Parlement de Bretagne, l’Opéra et la Mairie. Contacté par téléphone, Armel Talarmain, chargé de communication du festival  explique ce choix : «  On voulait cette année montrer un bâtiment du centre-ville connu des Rennais. Ce sont les plus hautes tours de la ville. Personne ne peut y échapper. Par ce choix on ne voulait pas tomber dans le cliché.
Rennes est avant tout connue pour ses maisons en colombage et ses bâtiments anciens. On a voulu montrer un nouveau visage, plus moderne, plus dynamique dans la vision des Bars en Trans ».

Les Deux Tours de Rennes

Les Deux Tours de Rennes

Hélas, pas de concerts au programme dans ces deux tours, même si : « ça nous est arrivé d’en faire sur les toits, dans des appartements, sur les balcons. C’était pour prendre de la hauteur et avoir une magnifique vue sur la ville ».

Songazine lui demande si une liaison existe entre les deux événements, car beaucoup les confondent : « Cela nous ne dérange pas, que les gens se trompent. Il n’y pas vraiment de concurrence avec les Trans Musicales. C’est une ambiance cordiale. » Le fondateur et directeur artistique des Trans considère ce festival comme « un peu les off du sien. » Une autre différence vient s’ajouter, celle du choix des artistes : « Nous sommes plus centrés vers la scène française alors qu’eux sont plus orientés la scène internationale. On se complète. » Armel revient sur les origines : « Nous avons les mêmes. C’est juste qu’en 1985, nous nous sommes scindés en deux, maintenant ce sont les Trois Petits Tours qui organisent. On est indépendant dans tous les domaines vis-à-vis des Trans. »

Le choix des bars ne se fait pas au hasard. Au contraire, ils sont sélectionnés pour leur accueil d’artistes locaux tout au long de l’année. « On est respectueux de ceux qu’ils produisent. Par exemple si l’un accueille une scène hip-hop, nous n’allons pas leur imposer du rock. Ce sont des lieux connus des rennais. Sauf qu’au lieu de produire des groupes locaux, nous leur proposons des musiciens venus de toute la France », précise-t-il. Notre chargé de communication poursuit sur l’idée principale : « Elle est un peu la même que pour les Trans. Nous sommes un tremplin, on montre des groupes qui plus tard, dans 6 mois, un an ou deux ans, vont se produire dans des salles plus grandes avec des tickets beaucoup plus chers. C’est ce côté proximité avec les artistes qui plaît tant ». Parmi les artistes qui y sont passés on peut citer H-Burns, Christine And The Queens, Miossec, Feu! Chatterton…

Notre conversation se termine par cette belle conclusion : « C’est histoire de déambuler dans la ville au son de différentes musiques et de passer des nuits entières musicales. »

Ils seront seize bars cette année. Songazine a décidé de se mettre dans la peau d’un spectateur le temps d’une soirée dans les rues du centre-ville de Rennes.

Déambulation nocturne et musicale

La nuit tombe tout doucement. Les passants se dirigent tranquillement vers les bars quels qu’ils soient, du festival ou non. La vie nocturne prend le pas sur la vie diurne. La première étape est La Place, un bar de nuit situé dans un coin, comme le nom l’indique, Place Champs Jacquet. Les retardataires, une heure avant le concert, se jettent à l’entrée pour trouver une place pour ce soir. 20 heures 30 : un vigile sexagénaire muni d’un blouson en cuir orné d’un brassard « sécurité » invite les personnes à rentrer, tout en respectant les mesures de surêté. L’accès à la salle se situe en haut d’un escalier. On se retrouve projeté dans un décor indien avec deux comptoirs et plusieurs pièces. Les instruments des artistes attendent sagement sur la mezzanine au dessus de l’escalier. Le public arrive au compte-goutte. Tenue correcte exigée est écrit sur la porte d’entrée. Au bout d’un moment tout ce beau monde occupe chaque mètre carré de la salle principale. Les photographes arment leurs appareils. Une boisson anisée alcoolisée s’est même glissée dans les convives. Voici qu’arrive Cléa Vincent accompagnée de ses trois musiciens. Le concert commence. Toute émue, elle remercie le public d’être présent ainsi que les bars en Trans. Tous sont attentifs voire même bercés par sa jolie voix et sa mélodie naïve teintée de disco. Elle nous propulse dans son univers électro-pop où s’entremêle de la chanson française. On la considère, à juste titre, comme la « France Gall 2.0. »

Le concert se termine, certains profitent pour descendre à l’accueil, on demande « Pour fumer ou pour partir ». Ceux qu’ils veulent en griller une se font tamponner le poignet, sinon c’est un aller simple vers un autre bar. Songazine, après une hésitation, décide de tenter sa chance dans un autre endroit.

Place Sainte-Anne, le rendez-vous de la nuit pour tous les jeunes rennais. Deux lieux sont au programme. L’Artiste Assoiffé orné de sa magnifique tête d’oiseau à la fenêtre et le Ty Anna, pub breton traditionnel. On tente le premier, malheureusement, le videur refoule. Il n’y a plus de place. Pourtant, on aurait bien voulu voir Shake It Like The Caveman, du garage-blues venu de Nashville.

Non découragé, on se dirige un peu plus loin derrière une des églises de Rennes, pour aller à La Trinquette, rue de Saint-Malo. Changement d’ambiance, ce n’est plus le bar branché mais plus celui de troisième mi-temps. Une scène improvisée s’est construite au milieu de posters, de drapeaux, de livres concernant l’ovalie. Djafar, un groupe de rap venus de Trappes, finit de remercier la populace. Aussitôt, le public constitué d’étudiants aux « profils sciences humaines ou lettres » vont se griller une. De vieux briscards se repayent une tournée, auprès du patron vêtu d’un maillot de rugby du coin et d’un chapeau de paille. Le temps pour N3rdistan de s’installer lui et son équipe. Si vous suivez bien notre webzine, Agitate Lips ont parlé de lui dans leur interview. Originaire de Perpignan, ce franco-marocain est venu nous transporter vers l’Orient. Alternant des poèmes d’auteurs arabes et de ses propres compositions,  Walid Bensalim de son vrai nom, joue avec le traditionnel et le moderne. Le public est attentif aux moindres paroles du chanteur. C’est une douceur poétique dans cette froideur hivernale.

Retour Place Sainte-Anne, pour essayer de trouver un dernier concert. Direction le Ty Anna qui semble bondé. Cela se confirme par un papier « complet ». Pour autant, Songazine ne désespère pas, prend courage et arrive à se faufiler à travers les mailles du filet. On arrive à la fin du concert des Onefoot, un électro-jazz au son de musique arménienne. L’arrière-salle est remplie à ras le bord. Complètement serré, chacun cherche à se caler dans un mètre carré et à ne plus bouger de là. On cherche des volontaires pour aller chercher une boisson à sa place. L’ambiance est déjà chaude et le groupe qui va suivre va augmenter la température. La scène est si minuscule que le prochain groupe a du troquer sa batterie contre une boîte à rythme et une machine. Voici qu’arrive les Temenik Electric venus de Marseille. Ils vont mettre l’ambiance avec leur rock survolté, hypnotique chargé d’épices orientales. Le guitariste Hassan rentre en transe à chaque morceau, donne tout ce qu’il a dans des riffs magiques. La voix enchanteresse de Mehdi, quant à lui nous emporte dans leur monde aux sonorités arabes. Le bassiste se paye un bain de foule. Elle est torride, cette troisième partie de concert. Le public en redemande. A la dernière chanson, Medhi nous invite à méditer avec lui. « Vous êtes dans ma discothèque, vous êtes mes invités et on va danser ». Tout le monde joue le jeu et se remue jusqu’à son dernier retranchement. Une fin de soirée sublime.

Il pleut sur Rennes, mais rien n’empêche les habitants de profiter encore de la nuit dans les vieilles rues, notamment la rue Saint-Michel, « rue de la soif » de la ville bretonne.

Thomas Monot

 

 

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