Je me souviens de ma petite fierté récurrente de porter un badge « Presse ».
Je me souviens des décors que je détaillais, avant l’entrée des artistes sur scène, avant que la joie de les voir s’installer au micro et d’être acclamés par leur public me submerge moi aussi.
Je me souviens qu’en festival, on faisait la queue pour passer les contrôles de sécurité, on ouvrait nos sacs et on se faisait palper, on rivalisait d’ingéniosité pour cacher le bouchon de la petite bouteille car les videurs nous le retireraient forcément.
Je me souviens des kilomètres parcourus lors des Printemps de Bourges ou des Francofolies de La Rochelle, pour courir entre les différentes scènes et ne rien rater du programme prévu.
Je me souviens des tote bags qu’on trainait pour y mettre carnet, stylo, gourde, foulard, gilet, CD distribués, qu’on vidait sur la table en fin de journée ou de festival.
Je me souviens, à la Sirène de La Rochelle, quand on craignait de se faire bousculer et de renverser une goutte de notre bière.
Je me souviens des cris, des applaudissements à s’en faire rougir les mains, des visages souriants et démasqués.
Je me souviens, dans toutes les grandes salles de spectacle, quand on avait mal aux lombaires et qu’on se courbait, le dos en avant, pour les détendre entre entre deux chansons.
Je me souviens, au café Charbon de Nevers, je me tenais toujours sur la rampe pour personne en situation de handicap pour gagner cinq centimètres de hauteur et mieux voir la scène.
Je me souviens, aux Bains-Douches de Lignières, avoir assisté à un spectacle qui commençait quand les enfants sont couchés depuis longtemps et éclaté de rire en entonnant des chansons paillardes avec eux :
Je me souviens avoir chanté au coin d’un feu lors d’un cabaret matinal avec David Sire, Marjolaine Piémont et Mathieu Barbances.
Je me souviens avoir joué avec un bretzel géant gonflable à un concert de Léopoldine HH.
Je me souviens, à la Coursive de La Rochelle, avoir tenté de défoncer le plancher en sautant comme un kangourou sur Du Gros Son d’Aldebert :
Je me souviens avoir pleuré deux fois au concert de Clarika lors d’un Air du Temps de Lignières. Deux fois.
Je me souviens m’être baladée avec des moutons et les ballades de Volo.
Je me souviens des petits bébés découverts au Chantier des Francos. Des petits bébés qui sont, pour beaucoup, devenus grands.
Je me souviens du spectacle Les Hurlements d’Léo chantent Mano Solo que j’ai vu trois fois d’affilée avec la même avidité :
Je me souviens m’être paisiblement endormie pendant plusieurs concerts, quand la musique était bonne, que les fauteuils étaient confortables et qu’il faisait bien chaud.
Je me souviens de mille joies, de mille émotions, de cette intimité installée entre les centaines d’autres spectateurs et moi, le temps de quelques chansons. Je me souviens de beaux partages.
Je me souviens d’un temps, que les moins de 2 ans devront forcément connaître un jour…
Violette Dubreuil