Kyrie Kristmanson

Après avoir chroniqué son dernier disque (ici) et rédigé un live report de son concert (là), nous avons le plaisir de rencontrer Kyrie in personam.

Kyrie Kristmanson« Nous » ? Oui, je suis venu avec Madame V. car nous sommes bel et bien tombés ensemble sous le charme de cette musique et cette artiste, lors du mémorable concert au 104 (« Ma salle parisienne préférée » dit-elle).

Quel meilleur endroit pour se parler que de prendre un thé au très cosy café Georges, tout en haut de Beaubourg ? En hauteur, au-dessus de la foule, à l’image de cette chanteuse hors norme. En bas, c’est gris et agité. Ici, nous sommes au calme et pouvons échanger avec chaleur.

Sa gentillesse et son intelligence sont évidentes : voilà une belle personne aux talents multiples et à la modestie non feinte.

Nous parlons de son tout dernier album Modern Ruin, dont elle perçoit l’accueil enthousiaste. Enregistré principalement lors de sessions nocturnes, il part des compositions originelles de Kyrie (guitare + voix) et c’est un beau travail de collaboration accompli avec Clément Ducol et le Quatuor Voce qui a amené à ce résultat, assez inclassable. « On trouve mon disque au rayon Jazz de la Fnac » s’amuse-t-elle, et elle préfère de loin la classification « pop », au sens large. FIP, radio d’excellence et d’éclectisme en a diffusé des morceaux, preuve avérée de qualité supérieure.

Pourtant, sa démarche de faire revivre les femmes-troubadours du Moyen-Âge est atypique, difficile à faire rentrer dans des cases préétablies, peut-être même risquée mais elle a été jusqu’au bout. Etudier la musicologie à la Sorbonne, se rendre à Fort Calquier à la recherches de ruines que l’on dit hantées, chanter en anglais et en langue d’Oc, effectuer une résidence à l’Abbaye de Noirlac, tout cela a construit une véritable démarche dont le résultat est surprenant et magnifique.

Notons aussi sa rechKyrie Kristmanson waterhouse lady of shalotterche de perfection allant jusqu’aux admirables photos pour l’album et les dossiers de presse, faites par Emma Picq et qui gardent en tête une inspiration de haute volée picturale et romantique, comme des tableaux de Waterhouse (cf. Lady of Shalott).

Nous lui posons quelques questions en mode « dernière fois que… », et elle se prête au jeu.

Dernier album coup de cœur ? Kate Bush, 50 words for snow. Imaginaire et atmosphère évocatrice, nous n’en sommes pas étonnés.

Dernier film vu et aimé ? Le Secret de Brokeback Mountain. Et elle nous rappelle son amour pour les grands espaces de son Canada natal.

Dernier coup de colère ? Pas de colère chez elle mais de la tenacité, de la volonté pour faire avancer les choses, oui !

Dernier fou-rire ? Un homme un peu pompette qui lui dit dans un bar : « vous sentez bon, vous sentez la frite »  (NB : nous démentons formellement, Kyrie est fraîche comme une rose !)

Dernière fois qu’elle a traversé l’Atlantique ? Il y a quelques mois pour aller aux USA (concert à L.A.) et Noël 2014 pour voir sa famille au Canada.

Dernier instrument de musique acheté ? Une pédale multi-effets Digitech Voice Live 4 (permettant de créer des harmonies vocales, des chœurs, …) « J’adore le travail des voix, j’adore les chœurs » affirme-t-elle.

Et quels sont les projets de cette femme d’action, qui se projette toujours de l’avant dans un travail nouveau. Tout d’abord l’EP « Remix » dont une version de Talk par St Michel est déjà sortie. « Ma musique est assez atypique à remixer par les spécialistes pop et électro », convient-elle et nous sommes d’accord !

Modern Ruin va être lancé au Canada, en Angleterre et au Japon. Espérons-lui beaucoup de succès. La bonne nouvelle est que Kyrie Kristmanson est créative et prolifique, elle a déjà écrit beaucoup de chansons et elle a soif de nouveaux sons. Qui sait si le printemps ou l’été 2016 ne nous apporteront pas un nouvel album ?

Le temps de faire quelques photos et le temps a filé sur le toit de Beaubourg, nous quittons à regret cette jeune femme remarquable et qui dégage beaucoup de vibrations positives. Madame V. et moi sommes heureux de l’avoir rencontrée et nul doute que nous irons la voir en concert dès que cela sera possible. Nous nous faisons la bise, puis elle s’en va dans la nuit parisienne, légère, menue et gracieuse, contrastant terriblement avec le glauque grouillement des Halles, les boutiques aguicheuses et la grisaille de Novembre. Réalité urbaine un peu trop dure.

C’est bien aussi pour cela que le monde a besoin de la musique de Kyrie.

Sylvie et Jérôme V., reporters à deux cœurs.

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