Parmi les figures imposées du dossier dans Songazine, il y a le coup de gueule. Or, ce n’est pas du tempérament de tout le monde de se mettre en colère comme ça, à la demande. Mais chez Songazine, on ne rigole pas, tu vois. Ce n’est pas la start-up où tu arrives à 11 heures du matin avec le cheveu gras et un vieux jogging parce c’est casual friday toute la semaine. Que nenni. Ici, si tu fais le malin avec tes velléités d’hârtiste libre et transcendé par la muse qui écrira comme il voudra, tu vas réfléchir quelques mois en Sibérie (de préférence en hiver, c’est là que c’est le plus beau, la toundra) sur l’insoutenable légèreté de l’être et le charme discret du chauffage central. Du coup, je me suis dit que j’allais l’écrire, ce coup de gueule. Le chef sait être convaincant.
En même temps, quand tu ne joues pas dans un groupe, que tu ne programmes pas de concerts et que tu viens en touriste quand t’as pas piscine, il ne serait pas très sérieux de t’ériger en redresseur de torts, ascendant donneur de leçons. J’ai donc recueilli les réclamations de Julien, batteur d’Off Track (qui sont en interview dans ce même numéro), bien plus crédible que moi, parce qu’oeuvrant dans la scène limougeaude depuis pas mal d’années.
Et Julien, ce qui lui vient à l’esprit immédiatement quand on lui parle de dysfonctionnements, de défauts ou de progrès à faire, c’est la communication. À la fois la communication entre les organisateurs de concerts et celle vers le public. « Il se passe toujours quelque chose mais il n’y a pas un évènement fort, un concert avec une tête d’affiche tous les soirs. Sauf que tu peux avoir deux ou trois concerts pour le même public le même soir. Du coup, tu as moins de monde que ce à quoi tu t’attendais et c’est décevant pour les organisateurs et les groupes. D’un autre côté, tu as des évènements, comme le concert « Les rockeurs ont du cœur » qui pourraient fédérer davantage d’asso organisatrices pour créer un truc de plus grande ampleur. Il pourrait y avoir une meilleure coordination entre les associations. Ça passe par des réunions régulières, des rencontres sur des évènements communs…
Après, pour faire connaître les évènements, et pas seulement les concerts, on manque de lieux d’affichage bien visibles en centre-ville, d’endroits où les gens sauraient qu’ils pourront trouver l’information. Tu as les réseaux sociaux mais le réflexe, c’est de liker les pages des styles que tu aimes déjà, donc tu ne découvres pas ce que tu connais moins. Undersounds (voir article dans ce numéro de Songazine), c’est un super endroit qui rassemble les informations sur les concerts de la mouvance rock mais il faudrait aussi un lieu où l’on puisse voir et savoir – et pourquoi pas acheter – ce qui se fait sur le plan artistique, en musique, en dessin, en sculpture… Ça donnerait une idée de ce qui se passe ici. C’est dommage parce que Limoges est une ville où l’on a beaucoup de ressources sur le plan culturel et les gens qui viennent de l’extérieur sont souvent surpris par cette richesse. »
Henriette de Saint-Fiel