Tu as pris une sacrée cicatrice aujourd’hui et tu fais moins la fière ?

J’ai appris, bouche ouverte et larmes aux yeux la mort de Philippe Pascal. Le chanteur de Marquis de Sade et de Marc Seberg s’en est allé marcher dans la rue de Siam du paradis éternel de nos souvenirs.

Eighties, I’m living in the eighties.

Marquis de Sade, la perle noire de l’indie pop rock français, la fierté rennaise, la crédibilité de tout Frenchie quand on l’interrogeait au pays de Robert Smith et Ian Curtis au sujet des groupes de son pays. Le mythe est intact, même pas souillé par les sirènes du show business, même pas écorné par des concessions commerciales.

Retour au eighties.

Il est évident que dans un pub vous aviez les fesses serrées et l’imperméable collant quand vous veniez du pays de la variétoche guimauve (et maintenant de l’autotune à deux balles). Mais vous pouviez quand même citer deux ou trois noms qui ne vous faisaient pas rougir devant les copains Brits, ceints d’une auréole de merveilles post-punk, voire même des Ricains armés de B 52’s et adossés à un Wall of Voodoo. MDS en faisait partie, merci.

Marquis de Sade, c’était beaucoup plus qu’un groupe, deux albums, des ventes trop maigres et une reformation récente. Culte, juste culte, on vous le dit ici et ceux qui savent… savent pourquoi. C’est beaucoup pour pas mal de gens dont l’auteur de ces lignes. Musiciens avec histoire liée intimement pour quelques milliers d’entre nous à des temps où on avait les pommettes saillantes et l’arrogance de ceux qui croient pouvoir tout changer.

Ils étaient beaux et fiers, ils avaient un putain de son avec des rythmes atypiques des bouts de saxophone dans tous les coins et des paroles biscornues. Philippe Pascal avait une classe folle, il chantait sur des thèmes durs et on l’écoutait avec les yeux brillants. On l’admirait pour son look, son attitude, quand il faisait la gueule, tout le temps.

En écrivant cela, je suis ému, merde, je repense à la fois où je l’ai croisé sur les quais de la gare de Dol de Bretagne (avec sa Pascale), il était juste mince et silencieux, je n’ai pas osé lui dire que j’étais un fan.

Je repense à toutes ces écoutes des vinyles avec mes amis, aux couvertures des albums que j’ai regardées mille fois, et à ce concert de mai 2018 à la Grande Halle de la Villette où il avait commencé en disant « Bonsoir, nous étions Marquis de Sade ».

Un an et demi plus tard, la prédiction s’avère exacte. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour un vendredi 13.

So long Philippe, Conrad Veidt pleure ce soir et moi aussi.

Et toi folle jeunesse, continue à faire briller les yeux de ceux qui croient encore changer le monde, you bitch !

Jérôme « 35800 » V.

 

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