Quand on écoute par bonheur le nouvel album de Tony Allen, The Source, en pleines vacances estivales, on comprend vite que la belle saison n’est pas près de nous quitter puisque sa sortie officielle va irradier ses zélateurs à partir du 8 septembre prochain.
On se demande aussi comment parler d’un tel artiste… Si on peut échapper au long retour à faire sur sa vie, ses collaborations exceptionnelles, ses éclectismes révolutionnaires, et si après l’avoir fait on aura assez de temps encore pour raconter ce magnifique album, dont chaque composition est le résultat d’une longue et féconde collaboration entre le batteur nigérian et celui qui fut aussi le compagnon musical de Mano Solo, Yann Jankielewicz.
A l’heure où le métissage est au ramage de toute création musicale, on ne peut que rendre hommage au batteur lagosien qui fêtait ses 77 ans il y a quelques jours, et qui sert mieux que jamais la fraîcheur ancrée de cette musique qu’il a initiée il y a plus de 50 ans. Car, aux côtés de Fela Kuti jusqu’à la fin des années 70, et bien au-delà en d’autres compagnies, il a dirigé ses baguettes à la croisée de plusieurs courants, jusqu’à en sillonner un majeur, qui a marqué et marquera plusieurs générations : l’Afro-Beat.
Très influencé par le Jazz, et par la lascivité de James Brown, dont les morceaux s’étendaient en de longues transes exaltées, Tony Allen pense la batterie à la racine du moindre mouvement musical. Et c’est ainsi que Fela lui donne cette place qui rendra sa musique tant populaire, et dont l’importance lui fera admettre plus tard que sans Tony l’Afro-Beat n’existerait pas.
A ce jour, Tony garde inaltéré l’art de poser ses rythmes en ouverture, en écoute absolument intuitive et juste. En témoigne The Source dont chaque morceau révèle une communication évidente entre les musiciens, et dont le centre est sans contexte l’intention musicale déployée par le batteur. Chaque rythme fédère et intensifie la matière créée par ses nombreux et talentueux complices.
Le label mythique Blue Note ne s’est pas trompé à signer l’artiste : Tony Allen est The Source.
A ne pas rater le 9 septembre au festival Jazz à la Villette.
Jiji and analogy in a digital world.