Cet article est le numéro 2 sur 5 du dossier Route du Rock 2019

C’est accompagnés d’un soleil inattendu que les festivaliers investissent en nombre le site du Fort de Saint Père pour cette première journée de la Route du Rock 2019. Au programme ce soir le punk sera roi, le rock psyché son dauphin et l’électro onirique son fidèle chevalier. 

Les éléments ne s’étant pas encore déchaînés sur la région, le sol n’étant pas encore assez délavé, ce n’est pas un pavé dans la marre, mais plutôt un déluge sonore annonciateur de plaisir brut qui retentit sur la Scène des Remparts avec Pond. Le groupe australien mené par son chanteur charismatique hyperactif Nick Allbrook balance un rock dense aux accents électro lumineux qui explorent volontiers des territoires psychédéliques flirtant parfois même avec le funk. Nick Allbrook ose tout, même sortir une flûte traversière. Très en lien avec le public, il confie « vivre un rêve d’ado, de jouer ainsi avec son groupe dans un festival de rock français ». Et preuve de son attachement il reprend les paroles d’Osez Joséphine dans notre langue, avant un nouveau déluge de guitares aidées d’une batterie rutilante.

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A peine les dernières notes de Pond s’envolent elles vers des horizons oniriques, qu’un prêche inquisiteur se fait entendre sur la Scène du Fort. Demi-tour à 180 degrés et voilà que Fontaines DC fait son apparition.

A qui appartiennent les religions de nos jours ? Pour quoi souffrent les patriotes aujourd’hui ?

Les dernières questions résonnent encore quand tout en nervosité, le chanteur Grian Chatten, à l’allure étrangement « curtisienne », arpente la scène tel un fauve prêt à entrer dans l’arène. Il délivre un chant martial et se fait rattraper par des guitares nerveuses, sèches, impétueuses.

What’s really going on? What’s really going on? What’s really going on? Scande Grian Chatten. Comme en écho, la batterie ravageuse semble lui répondre. Il y a du Clash dans cette nervosité. Depuis la scène, un groupe nous contemple. Il arbore cette insolente indifférence. Le contact est froid, abrupt. Depuis la scène, un groupe nous observe, un groupe nous questionne : What’s going on? lance toujours Grian Chatten. Les boucles de punk rock de Fontaines DC sont redoutablement efficaces, tellement qu’on se demande si cette insolente indifférence ne serait pas feinte.

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Pas de respiration possible, cette soirée sera extatique ou ne sera pas. Idles s’empare de la Scène du Fort et entre immédiatement dans le vif du sujet. Torses nus et tripes à l’air. N’en déplaise à son t-shirt affichant « Friendly records », il faudrait plus de deux bras au batteur pour suivre la rage viscérale du chanteur habité Joe Talbot. Idles n’est pas là pour faire semblant, à l’image du guitariste parti dès le premier morceau en slam dans le public. Les morceaux de leur deux albums s’enchaînent sans répit possible et entre deux explosions sonores, guitares distordues droit devant, Joe Talbot partage les thèmes engagés de ses textes avec le public, totalement acquis à la cause. Punk is not dead, punk is alive et Idles a la rage.

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Alors forcément on est un peu KO, édenté mais heureux après ce début de soirée tonique. C’est là qu’on apprécie le mieux un vortex temporo-spatial, non ? On a donc rendez-vous avec les mythiques Stereolab, qui profitent de la réédition de leur discographie après dix ans d’inactivité, pour faire ce soir leur seule date en France. « Salut tout le monde. Vous êtes arrivés ? » nous lance  chaleureusement Laetitia Sadier. Forcément ça réchauffe. On retrouve rapidement l’ambiance expérimentale qu’elle a imaginé avec Tim Gane au début du groupe. « Sans plus tarder nous passons au disco français svp… Tout fragile qu’il est ». Le disco funk mâtiné de pop baroque avec chant en français séduit le public qui se laisse emmener par les rythmes ondulants de Stereolab déroulant leurs univers multidimensionnel jusqu’à des morceaux nettement plus noisy en fin de set.

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On se demandait comment Tame Impala allait entrer en scène. « Allô? » lance tout simplement Kevin Parker avant que Let It Happen envahisse l’espace sonore et visuel de la scène du fort. Les boucles psychédéliques s’étirent laissant le temps à Kevin Parker de dire en français « La Route du Rock bonsoir, comment ça va ? On s’appelle Tame Impala et on vient d’Australie. Merci beaucoup d’être venus. » 

« Allô?!! » L’ascension électro est délicieuse à l’extrême, tendue, jusqu’à un lâcher de confettis formant un nuage géant totalement décalé au dessus du public. Tout simplement. La dimension visuelle est indissociable du set psyché des Australiens. Les lumières kaléidoscopiques marchent aux rythme des guitares, ambiance funkadélique (Patience). Les visuels oniriques sont assortis aux nappes sonores construites sur une rythmique fiévreuse (The Moment) qui sait être irrésistible (Elephant), prête à emmener les plus timides. Et comme Tame Impala joue des boucles et des ruptures de rythme, c’est un nouveau nuage de confettis qui explose sur Feels Like We Only Go Backwards. Tout simplement.

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De rupture de style il est question avec Black Midi qui prend le relai sur la Scène des Remparts. Les quatre londoniens ne transigent pas avec leurs morceaux noise et punk. Radical.

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Jon Hopkins a pris place sur la Scène du Fort. Il nous attrape et nous emmène sur de longues plages de magie électronique, dans un univers cosmique suggéré par des rythmes planants, aidés de visuels immersifs autant anxiogènes que rassurants.

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Fin pour nous de la première journée au Fort. Le punk n’est pas mort, il distille une énergie rageuse, contagieuse, qu’il faut savoir conserver. A cette heure, préservons la nôtre pour la journée de demain qui sera à n’en pas douter aussi ébouriffante que celle-ci.

Veyrenotes & Wunderbear

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