Zanési & Rebotini

Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de rencontrer Christian Zanési et Arnaud Rebotini. Et, heureux homme, j’ai pu parler aux deux, au domicile du second. Nous vous avions décrit leur excitant projet commun, matérialisé par l’album Frontières : lire expressément cette chronique.

Il est formidable de voir que les deux musiciens se sont embarqués dans ce projet, sans pression marketing, par la magie d’une rencontre et je constate en leur parlant combien ce sont deux intelligences complémentaires et passionnantes qui sont ici combinées. Outre leur accueil et leur gentillesse, je note la passion qui les anime.

Au passage, j’ai écouté l’album dans son intégralité, c’est un grand et puissant voyage. Comme me le rappelle Christian Zanési, il s’agit de l’écouter de A à Z, prendre le temps de partir – intégrer le seul et techno-acidoïque morceau Acidmonium dans une playlist serait inapproprié –

Mais ces ceux-là sont habités par l’amour du travail, de l’exigence, de la recherche. L’aventure de la création sonore serait-elle l’une des dernières « frontières » à dépasser encore ?

Pour le moment, leur ambition est claire : défendre le disque en concert, par des concerts où ils joueront beaucoup, improviseront aussi. Du vrai «live », qui promet d’être captivant.

Songazine partagera les dates en vous recommandant d’y aller, car l’expérience sera sonore comme visuelle (en partenariat avec l’INA, projections d’images originales, allusions et références aux compositeurs de musique concrète et contemporaine).

Notre conversation évoque ensuite la célèbre boîte à rythmes TR-808, sa genèse et ce que son son a de particulier : Arnaud Rebotini est l’expert de ces machines analogiques qu’il manie avec un talent exceptionnel.

Partant sur le sujet de la musique pas comme les autres, cela devient passionnant !

Christian Zanési me parle d’un autre projet de musique électronique, c’est Tom Dissevelt – Fantasy In Orbit: Round The World With Electronic Music. Sous l’égide de Philips en 1963 : les sons de l’espace « capturés » pour vous. Ecoutez cela, c’est prodigieux (et touchant, aussi, preuve qu’il y a un « ghost in the machine »)

Il fait aussi allusion à Nicolas Oboukhov (1892-1954), qui fut un pionnier dans le développement et l’emploi d’instruments de musique électroniques – en l’occurrence, la « croix sonore », dont le timbre est comparable à celui du thérémine mais qui se présente sous la forme d’une croix et qui jouait de sa musique… dans les cimetières.

Je vous avais prévenu, cette rencontre ne fut pas banale.

Trois hommes dans une discussion entre gentlemen, dans Paris, un après-midi ensoleillé de mars 2016.

Notez que l’un est né en 1952 (CZ), l’autre en 1961 (JV) et le dernier en 1972 (AR). Tous les 9 ans, au cours du XXème siècle l’un de nous est apparu.

Zanési-Rebotini album

Avant de disparaître (provisoirement), je remercie chaleureusement mes hôtes et je pense au privilège à notre portée à tous qui est celui de découvrir toujours plus de merveilles.

Jérôme « acousmatique » V.

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