Cet article est le numéro 1 sur 1 du dossier KEVIN STUNNENBERG : ARTISTE COUP DE COEUR DE JUSTINE

 

 

Kevin Stunnenberg. Ce nom résonne à vos oreilles comme celui du frontman du trio Birth Of Joy (Bob Hogenelst, Gertjan Gutman). On se rappelle le groupe de rock indé néerlandais aux dix ans de tournée européenne, dont les influences oscillaient entre le blues psychédélique des Doors et le hard rock déjà très heavy métal de Black Sabbath. Mais Kevin Stunnenberg, c’est aussi des groupes et des collaborations en pagaille (The TommyCats, LudoWic, The Cinema Escape…) et c’est surtout un projet solo naissant et prometteur, à la guitare acoustique, mêlant aux accents poétiques et chaleureux du folk la corde sensible et mélancolique du blues qui lui est cher, et auquel il demeure fidèle. Retour sur la carrière et les projets d’un artiste lunaire, à la voix placide, qui nous offre à chaque apparition comme une place au soleil.

…………………………………………………………………………………………………………………………

Après des années de tournée dans toute l’Europe entre The TommyCats (2004-2009) et Birth of Joy ( 2005-2018), Kevin Stunnenberg s’accorde une carrière solo bien méritée, avec au programme un set acoustique blues aux accents folk, à la fois onirique et poétique. Sensible et fragile, non sans oublier de reprendre les classiques de ses anciens groupes. 

Inspiré par Neil Young, Nick Drake, Robert Johnson et Leonard Cohen, il s’exprime désormais en anglais et en néerlandais (sa langue d’origine), ce qui lui permet d’aller plus loin dans l’expression de ses sentiments personnels. Qui plus est, le fait d’être enfin en solo, au lieu de lui ôter de la prestance, semble lui avoir donné, en plus d’une certaine liberté d’action et de choix, une sacrée assurance vis à vis de la création.

Et ça s’en ressent très vite en live, comme celui qu’il a donné le 4 avril dernier à L’Antonnoir – pour son premier Live Stream et première prestation solo – on va y revenir. En effet, ses chansons sont originales, mélancoliques et douces. Elles traitent de la fureur de vivre, de l’amour mais également du besoin d’avoir un endroit pour se réfugier en soi et de l’importance de l’amitié. Quant à la voix de Kevin Stunnenberg, aux accents surnaturels, elle joue avec les silences et ricoche en écho dans toute la salle, à la manière d’ un rayon de lune qui s’imprimerait comme un pochoir à la surface d’un lac.

KEVIN STUNNENBERG (8)

Côté mise en scène, le chanteur arbore une esthétique du crépuscule, avec des lumières plongeantes qui lui permettent de troquer son costume d’enfant terrible du rock indépendant contre l’allure plus douce et sereine d’un enfant de la lune. Ce décor met également en valeur un chant relativement clair, agrémenté d’accords tantôt folk, tantôt blues, rappelant eux aussi l’astre nocturne, qui revient s’imposer comme le leitmotiv de ce nouveau projet.

Mais ce ne sont pas là les seules cordes à l’arc de Kevin Stunnenberg. Fort de ses expériences de Frontman, il sait mener sa barque dans les eaux troubles de la création, et c’est ainsi qu’est né The Cinema Escape : un quintet (Stefan van de Wouw, Mathijs de Soet, KeesBraam et Madelief van de Beek) à l’électro sombre qui s’intéresse notamment à l’addiction aux réseaux sociaux comme dans le clip Elevate me (2019).

Côté collaboration, ayant d’ailleurs instigué ce projet électro, on trouve une magnifique chanson, Without You, dans laquelle la voix du chanteur est mise en valeur par l’électro minimale de LudoWic (de son vrai nom: Thijs Lodewijk). Paru en 2017 sur l’album Elka Village chez Black Screen Records, le titre a été mis en libre accès par LudoWic lui-même sur sa chaîne Youtube il y a tout juste un mois.

À couper le souffle.

On y découvre un tout autre univers sonore, spatial, rendu possible par le phénomène de sonification (fait de faire de la musique à partir de données d’infrastructures) utilisé par Thijs Lodewijk. Une électro à la fois moderne et vintage, expérimentale, qui confère à la voix de Kevin Stunnenberg une dimension architecturale, quasi-mystique, comme vous pouvez également le constater dans le clip Time for change sorti en 2015, mais dont le texte sonne particulièrement d’actualité.


Notez également que depuis le début l’ épidémie de Covid, Kevin Stunnenberg s’est retroussé les manches : malgré les restrictions qui l’empêchent de se produire en concert pour des raisons sanitaires, hors de question pour lui d’arrêter la musique. Et quoi de plus logique que de l’inscrire dans une action de solidarité en proposant son concours en tant que Coach Vocal et Musical et renfort en soutien de l’espace de quarantaine de l’Armée du Salut d’Amsterdam :

«  Quand j’ai entendu parler du lieu de quarantaine pour les sans-abris, je me suis immédiatement engagé comme bénévole. Surtout en ce moment, les personnes vulnérables ont plus que jamais besoin de notre aide. Parce que, comment pouvez-vous rester à l’intérieur sans maison sûre… » Confie t-il.

C’est ainsi qu’il a travaillé activement depuis des mois à soutenir, relever et révéler parmi les plus démunis des talents tels que Ricardo, qui s’avère être un excellent chanteur de blues, à tel point qu’il s’est vu accepter en final de We Want More (L’équivalent néerlandais de The Voice) :

Et comme si ça ne suffisait pas, sur le point de lancer sa carrière solo avant le début du confinement, Kevin Stunnenberg a choisi, non pas de se réserver, mais d’offrir son nouveau set acoustique à L’Antonnoir, la scène indépendante Bisontine, afin qu’elle le diffuse gratuitement sur sa page facebook. Filmée en Live Stream depuis les Pays-bas, son action solidaire a été extrêmement suivie et continue d’être diffusée en soutien à la salle, elle aussi dans l’impossibilité de programmer et de recevoir du public autrement.

 

Un bel élan de générosité de la part du jeune musicien, qui à 33 ans semble s’investir sur tous les fronts et fait preuve d’une sacrée conscience collective, en sachant mettre sa passion au service du bien-être de la communauté.

Kevin Stunnenberg : https://www.facebook.com/kevinstunnenbergmusic/

Justine L’habitant

KEVIN STUNNENBERG (3)

– Article : Justine L’habitant
– Crédit photo : Jos van den Broek
– Stream monitoring : Coen van Hasselt

Share