
Abdullah Miniawy, le chanteur poète
Abdullah Miniawy, artiste égyptien né en 1994, est à la fois poète, chanteur, compositeur, trompettiste.
Autodidacte, il mélange les genres, les styles et développe dans le même temps un intérêt pour le soufisme. En 2016, il sort avec Carl-Gari Darage, sur le Label The Trilogy Tapes, sélectionné par NPR comme l’un des 50 meilleurs albums de l’année. En 2018, il présente Le Cri du Caire – aux côtés du saxophoniste britannique Peter Corser et du violoncelliste allemand Karsten Hochapfel – récompensé par une Victoire du Jazz dans la catégorie « Album de musique du monde ».
Au moment du Printemps Arabe, sa plume engagée, ancrée dans le quotidien de la révolte et la spiritualité soufie est reprise sur les murs du Caire et dans les consciences de sa génération.
Et puis il y a cette voix, dont la fragilité fait la puissance, portant la mémoire de cette génération en lutte.
Peacock Dreams, un trio de voix et trombones incantatoires
Peacock Dreams, sorti en mai 2025 sur le label PPL Songs / Aghani Al‑Khalq, est une fusion bouleversante des dimensions artistiques de Miniawy. Il s’y entoure de deux trombonistes, Robinson Khoury (arrangeur des cuivres) et Jules Boittin, pour créer un univers sonore brûlant. Sa poésie vocale, tour à tour frêle, puissante, incantatoire, dialogue avec les timbres graves et les sonorités audacieuses des deux trombones. Ils lui répondent, tout en révélant une autre histoire : celle de la ville, de l’âme, d’un chaos ordonnancé. Et dans ce dialogue, les silences sont lourds de sens.
Cet album est un récit musical en 13 tableaux. Chaque titre heurte et touche l’âme, au plus profond. De Danza del ventre, prière douloureuse, à Signature, qui, en quelques secondes, installe un effroi qui oblige au silence ; de Poem of the Poems où Miniawy lance une incantation face aux cuivres en retenue, à Kneel for Truth, où l’a cappella devient cri que la trompette d’Erik Truffaz (invitée sur ce morceau) porte jusqu’à l’appel au jugement. Et quand, dans Peacock dreams, le paon rêve d’être poète et le poète paon, insatisfaits de leur propre beauté, c’est Miniawy lui-même qui fait éclore le vertige et l’absurdité métaphorique, ce point de bascule où tout vacille.
Cet album est une plongée dans ce que le cœur des Hommes a de plus sombre et de plus lumineux. Chaque titre dessine un paysage intérieur en effervescence où la voix de Miniawy implore la vérité et où les cuivres portent l’écho d’un monde pris de vertiges.
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Miniawy : voix, paroles, composition et direction artistique
Khoury et Boittin : trombones
Johannes Wagner : mixage
James Ginzburg : mastering
Ecouter et acheter l’Album : https://abdullahminiawy.bandcamp.com/album/peacock-dreams
MJG