Un soir de semaine comme on en fait d’autres, l’essence de Paris s’invite au Point Ephémère pour un instant confiné, dédiés aux connaisseurs aussi avertis qu’exaltés. Avant d’orchestrer la mise en avant attendue de Parlor Snakes, la salle accueille Vigor Hugo en guise de prémices.
One-man band à l’allure d’homme-orchestre, l’énergumène est aussi sympathique que talentueux. Frenchie doté d’une typique élégance parisienne, Vigor est blagueur et ne lésine pas sur l’humour. Quelques phrases farceuses suffisent à détendre la salle alors parsemée, prête pour un court set percutant aux influences bluesy et rockab’.
On l’aura compris : Vigor aime le stand-up, et joue un One-Man-Show rondement mené, tout en musique. Les plus attentifs auront remarqué les quelques bouteilles de détergent affublées du sobriquet de l’artiste en guise de mise en scène… Son slogan « drink Vigor everyday » ne manquera pas d’être répété par les plus fervents spectateurs ! Mêlant cymbales, guitare et clavier, le multi-instrumentiste parvient à mener une habile sarabande. Affaire à suivre !
Place aux Pearl Harts pour poursuivre le show, s’affirmant comme un vrai live avec dignité, et non comme un simple warm-up. Depuis 2016, le two-piece band féminin casse la baraque, véritable duo incendiaire que n’aurait pas renié Tarantino ! Tout en franges et perfecto, les filles portent bien l’uniforme indie rock et se suffisent à elles-même dans une efficacité brute.
Une à la batterie, la seconde à la gratte. Le résultat ? Rugueux à souhait ! Les belles s’adonnent à un headbanging en continu et enchainent les titres, sans avoir peur de se décoiffer au passage. Aussi sauvages qu’élégantes, Kirsty et Sara risquent bien d’en faire chavirer certains au passage. Réussite validée pour les girls à la fraîcheur british !
La foule s’agglutine, alors que la salle semble prendre une autre ampleur. Parlor Snakes foule la scène sous les acclamations d’un public conquis d’avance, amorçant la sortie de leur troisième album – véritable aboutissement musical. DIsaster Serenades porte bien son nom, oxymore parlant et évocateur. Un release de mi-saison bien orchestré, conçu pour les premières froidures automnales.
Eugénie, française et Peter, américain, mènent la danse depuis maintenant quelques saisons. Phénomène faisant couler de l’encre à juste titre, Parlor Snakes n’a plus rien à prouver mais continue à tout donner, représentant le talent plus que palpable de la formation.
Au programme ? Une performance poétique et élégante à l’esthétique sombre, entre retenue et excès. Le groupe pluriculturel semble doté d’une énergie nocturne, de celles qui hantent et consument leur créateur. Autoproclamé “aristocratique rock n’roll”, le son de Parlor Snakes n’attend pas plus de quelques riffs acérés pour tout emporter sur son passage.
L’envoutante Eugénie se charge du clavier, adoptant ici une fonction dynamisante et jamais surfaite. Avec une voix porteuse, mêlée d’émotions, la frontlady frise l’excellence. Tout comme le line-up, uniquement composé de musiciens à la virtuosité évidente. Parlor Snakes ose un garage rock feutré, aux sonorités grunge parfois presque pop. Leurs mélodies envoûtantes et éthérées laissent entrevoir un berceau d’influences multiples, aussi rétro que contemporaines.
Un dernier morceau aux airs de litanie, et c’est la fin. Alors que la foule se disperse aux alentours de la Seine, on ne peut s’empêcher de rêver à une prochaine entrevue avec les Snakes…
Texte et photos par Aure Briand-Lyard