Dimanche 22 mai, la fatigue commence à se faire lourde parmi les festivaliers des Papillons de Nuit. La pluie s’est abattue toute la nuit du samedi à dimanche. Le sol est devenu boueux et les bottes en caoutchouc sont de rigueur. La venue de Michel Polnareff et de Louane a multiplié le nombre de sosies et d’enfants venus avec leurs parents. D’irréductibles rockeux ont réussi à s’accrocher vers les deux petites scènes Erebia & Thécia.
Papillons de nuit : We Wolf
Le lauréat du tremplin 2016 des Papillons de Nuit a ouvert le bal ce dimanche. Pierre (batteur), Valentin (basse), Tom (guitare-chant) et Alex (guitare) forment le groupe We Wolf. Nous les avons rencontrés juste après leur concert à la Scène Erebia.
Avant de commencer à parler de leur team et sur leur musique, Songazine a récupéré leurs premières impressions après le concert. Pierre : « C’est la première fois, qu’on fait un festival de cette envergure. C’était notre cinquième date aujourd’hui, ça a été très satisfaisant au niveau du son et de la condition sur scène. On a eu de la chance d’avoir un peu de monde pour nous voir et un temps assez clément. » Valentin : « J’ai pris beaucoup de plaisir, c’était intense, très sympa. Nous étions détendus, il n’y avait pas de trac, ni de stress entre nous. Nous avions déjà joué dans des scènes équivalentes en termes de taille, de jauge, mais pour un premier festival, c’était chouette ! »
We Wolf est à la base un groupe breton, même si certains sont originaires de Normandie, comme l’explique Tom : « Quand on s’est inscrits sur le tremplin, nous avons dit, Valentin et moi que nous étions originaires de Normandie. Mais on a expliqué que nous étions un groupe créé à Rennes. » Valentin ajoute sur la formation de We Wolf : « Avant, on jouait ensemble, Pierre, Tom et moi-même dans un ancien projet. On l’a arrêté car certains sont partis en Erasmus. Après on a réfléchi à deux, Tom et moi pour former un nouveau. Ensuite, Pierre nous a rejoints dans l’aventure. Enfin on a trouvé Alex, lors d’auditions. Il est le pote d’un pote. »
Le groupe formé, ils sortent un premier morceau en octobre 2015, Crime. Le titre a eu de bonnes retombées au niveau critiques, Tom : « On a eu de bonnes appréciations grâce à Crime. Il nous a permis de participer à quelques tremplins qui nous ont fait connaître au public. » Puis, en mars 2016, ils sortent un deuxième titre, Fugitive. Le chanteur du groupe : « « C’est une chanson qui nous met tous d’accord. Elle représente bien l’univers du groupe. Elle est notre ADN. En plus, tu trouves des hurlements de loup, notre cri de ralliement. »
Après le « punk des collines » des The Goaties, les We Wolf ont créé « le Post-Punk Synthétique », Tom nous l’explique en exposant les influences : « Nous avons un côté Post-Punk avec Joy Division, New Order et plus récemment The Horrors, Eagles. Attention, pas Hotel California ! On a eu beaucoup d’écoute de ce style avant de composer ensemble. » Le bassiste revient sur ce travail : « il y a eu un gros boulot avant de composer. On devait digérer de nouvelles influences. Pour ma part, je ne connaissais Joy Division que de nom. J’ai écouté. Maintenant j’ai le t-shirt. » Tom défend : « On ne cherche pas à refaire la même chose. Le plus long est de créer notre propre identité musicale avec ces influences. On a inséré des synthés analogiques qui donnent une touche originale à notre musique. On a rajouté des sons assez fantomatiques qui peuvent être, parfois, plus présents que les guitares. »
Autre nom qui revient sur la longue la liste des groupes qui les inspirent, Gesaffelstein, dont Tom est un grand fan : « C’est son côté dark qui puise dans l’électro. Le son est angoissant, il y a un côté rebelle. On s’est beaucoup inspiré de ses samples. »
Leur univers est imprégné de ténèbres et d’obscurité, pourtant il existe une lueur : « il y a un côté lumineux qui resurgit dans notre musique. tu peux l’interpréter par les lignes de guitares, mais aussi dans la voix qui peut partir très haut,» s’exprime Tom, « C’est un noir lumineux ».
We Wolf n’a pas fini de vivre. Ils projettent de sortir un premier EP, d’ici la rentrée. « On va essayer de le finir pour octobre. Il est encore en gestation dans nos têtes, » annonce Valentin. « Dans notre EP, on va se demander quels morceaux va-t-on mettre. On a neuf chansons en concert et on se pose la question, si elles vont bien avec les autres, » conclut Tom. Notre discussion est terminée, il ne reste plus que le dernier mot. Alex sort de sa torpeur : « Mon nom de famille, c’est Wolff. »Et, Tom conclut : « On ne le savait pas avant de trouver notre nom. »
Papillons de nuit : De Staat
Que dire de nos chouchous hollandais, ils ont encore été géniaux sur scène. Ce n’était pas gagné au début. Vu la moyenne d’âge des spectateurs, dimanche, Songazine avait peur pour eux. Pourtant, ils ont réussi à créer un petit noyau dur qui s’est avéré très réceptif à la musique de De Staat. Torre Florim aidé de ses compagnons de scène ont su engendrer du pur rock’n’roll survolté et délirant. Peptalk, Make the Call; Leave It All, Get on Screen, All is Dull et bien sûr… Witch Doctor! Le célèbre titre a encore fait un malheur dans la foule. Torre a eu des difficultés à se faire comprendre des Normands. Au départ, tout le monde pensait qu’il était en train de faire un énorme slam. Mais non ! Il a fallut que certains traduisent les propos pour qu’ils le laissent toucher terre. Une fois sur le plancher des vaches, le chanteur a pu exercer sa folle danse tournoyante. Au final, De Staat est arrivé à séduire le public par leur rock endiablé !
Papillons de nuit : Soviet Suprem
« Le fascisme est à vos portes, le capitalisme vous gangrène et vous restez là les bras ballants ! Vous attendez la primaire des Républicains. Mais il y a une lueur d’espoir ! Vingt-cinq ans après la chute du Mur, le Soviet Suprem est de retour, et cette fois nous allons gagner la Guerre Froide ! » annonce Sylvester Staline, au public déjanté et chaud bouillant de la Scène Thécia. La Révolution du Dancefloor, c’est maintenant ! Aidé du camarade John Lénine, Sylvester a amené une énergie rouge de démence à la foule. Génial ! Heureusement qu’ils étaient là avec les De Staat pour mettre une grosse ambiance aux Papillons de Nuit. La Pravda Songazine fait déjà partie de la nomenklatura du Parti. On pense qu’ils ont réussi à embrigader de nouveaux adhérents. Tel, le marteau et la faucille, le duo a forgé un concert monstrueux que le camarade chroniqueur approuve.
Bilan : Papillons de Nuit
Vous l’avez remarqué, Songazine a posé souvent son appareil photo du côté de la petite scène d’Erebia. En même temps, on a vu des groupes indépendants à l’image de ceux que nous évoquons souvent dans le site. On a revu les plus connus comme VKNG, Fat White Family, Last Train et De Staat. Mais, on a aussi découvert de nouveaux jeunes groupes pleins de potentiel comme The Goaties et We Wolf. On a appris à en connaître d’autres plus confirmés comme Bombay et Puts Marie qui vont sans doute encore faire parler d’eux prochainement. Pendant le festival, ils ont eu, parfois, un lourd handicap. Ils ont joué au même moment que les têtes d’affiche. Mais par leur musique, leur envie, leur énergie, ils ont réussi à ramener du monde et à faire passer un excellent moment. Messieurs, Mission accomplie, bravo !
Thomas Monot
Bonus lien :
We Wolf
De Staat
Soviet Suprem