Et voilà, Ben, encore une fois, tu nous souffles dès l’ouverture de ton album. Et voilà, Ben, on est déjà nostalgique de cette profusion d’amour et d’admiration de la princesse à son dictateur, et réciproquement ; on se rappelle presque aussitôt cet état dans lequel ton album précédent, La Femme idéale, nous a plongés à chacune de ses écoutes. Tu L’avais pourtant trouvée.

L’humeur n’est plus à l’amour. Le temps a passé, l’amour aussi. Comme souvent, d’ailleurs. Trop souvent. Tu nous préviens d’emblée (Tu m’auras tellement plu), et on a envie de te serrer dans nos bras pour te donner de la force, et en même temps récupérer un peu de la tienne.

Et voilà, Ben, tu nous livres encore un album plein de toi, tu nous présentes tes enfants (Mathis, l’incarnation de la tendresse paternelle, et Semaine A/Semaine B), tes désirs profonds d’évasion (Quand je marche, Divin Exil), tes besoins vitaux d’écriture en exutoire, un peu comme tu nous les avais décrits dans La liesse est lovée (J’écris). Tu nous manifestes ton rêve de quitter Paris dans le but de créer pour ta famille un Paradis. Après tout, il n’y a que deux lettres d’écart. Tu y es presque.

Et voilà, Ben, le temps, toujours le temps. Tu nous décris ta « quarantaine bien venue », et tant de sagesse acquise. Mais surtout, tu nous parles de ce qui t’a marqué profondément ces derniers temps : avec le détail d’une dentellière, tu nous décortiques les sentiments qui se sont bousculés en toi avant, pendant et après la rupture avec la mère de tes enfants.

Et voilà, Ben, ce que tu évoquais précisément dans La Femme idéale, c’est maintenant toi qui la portes. A ton tour, papa célibataire à cinquante pour cent, de la vivre, cette charge mentale. Il te faut maintenant trouver un échappatoire pour les arrêter, toutes ces pensées limitantes. Courir, marcher. Mais toujours en souriant pour mieux te relever (Quand je marche). Comme ce piano qui monte, qui monte, crescendo et qui soudain, au bord de l’explosion, a besoin de redescendre dans le grave.

Et voilà, Ben, tu questionnes encore et toujours le monde, en nous présentant ce personnage, cet ami, qui ne souhaite pas avoir d’enfants et pour qui c’est un véritable choix : « c’est pas par manque de tendresse c’est par amour de ceux qui restent » (Parents).

Et voilà, Ben. Ton chagrin, ton désespoir tout en cordes et en cuivres, puis ta résignation, ton recul, et enfin l’Espoir de retrouver une Elle (Les Jours heureux, Pas très original, comme une description de toi sur un site de rencontres).

Et voilà, Ben. Tout est là. Parce que tu le trouveras, ton nouveau Paradis. Et tu en feras encore un nouvel album, comme celui-là, un paradis pas du tout artificiel empli de sincérité.

Violette Dubreuil –

« réjouissons-nous encore que le cœur nous anime »  (Providence, en duo avec Poupie)

Share