Interviewer Justin Sullivan de New Model Army au téléphone ? Voilà qui est fait et avec fierté, pour le rédac chef (un peu ému) qui connaît ce groupe depuis leurs débuts, en 1980.
L’écoute du dernier CD, Winter, démontre que les qualités aimées dans ce groupe ne se sont en rien émoussées : cette voix un peu grave et pleine de passion, ces chansons qui montent montent montent et des mélodies qui vous donnent envie de devenir un héros. Post-punk, rock, folk, new wave, appelez cela comme vous le souhaitez, mais toujours de grands albums, de grands concerts et une carrière qui dure. Des fans très attachés et des inconditionnels par poignées.
Cet album s’écoute de A à Z, avec un plaisir réel, et Justin me dit précisément qu’il croit toujours dans ce format, l’album, série de chansons qui ont quelque chose à vous dire. Comme ces personnages de séries que le public suit et apprivoise dans la durée, l’album demeure un format qui a sa place. Et quand les NMA commencent un album, ils n’essaient pas de faire plaisir à quiconque, de passer par la case compromis. Ceux qui les suivent leur en savent gré, car l’authenticité et la sincérité ont marqué de leur sceau cette longue et belle carrière.
Laisser aller, partir… me dit Justin comme dans Winter la chanson qui ouvre l’album et qui démarre doucement pour finir en force. Cet album, contrairement à Between Dog and Wolf -2013- (réussite aussi !) et Between Wine and Blood– 2014 qui furent très travaillés, très produits, est davantage le fruit de prises live en studio. Et enregistrés sur bande, au détriment du trop froide « tout numérique ». Les fréquences low-medium et basses y sont respectées et les toms, les lignes de guitares ou basses et la voix un peu grave de Justin y sont mises en valeur. Plus de chaleur pour des mélodies qui sont faites pour votre âme.
Et l’artwork ? Toujours toujours l’œuvre de leur graphiste « since the beginning » sa compagne Joolz Denby, qui donne sa patte particulière à leurs pochettes, T-shirts etc. Encore une histoire de fidélité…
60 ans : Justin, il me dit que faire de la musique est comme respirer pour lui, il transpire de notre brève discussion que la flamme est vive, la passion toujours là. En devenant plus vieux, me confie-t-il, je n’ai pas réglé les questions que je me pose, ni trouvé l’apaisement et crois-moi, aucun des membres actuels de NMA non plus.
Semper Fi et de ceux qui n’auront jamais trahi. Combien sont-ils ? Peu mais notre attachement n’en sera pas altéré.
Et ce qu’il a écouté récemment ?
PJ Harvey, Stories of the City, Stories of the Sea et les groupes de rock-blues Touareg comme Tinariwen ou notre ami Bombino.
Je me plais à imaginer une rencontre entre ce dernier et Justin, certain que le courant passerait entre ces deux résistants à la banalité, à la soumission et à l’ordre établi.
Jérôme « Summer » V.
PS : RDV en France pour un concert à Strasbourg le 26 octobre et un autre à Paris le 16 décembre au Divan du Monde.