Encore quelques minutes et mon TGV arrivera à Rennes. Juste derrière moi, une fille et un garçon vont eux aussi aux Transmusicales de Rennes pour la toute première fois. Je ne peux m’empêcher de laisser traîner mes oreilles :

– Tu sais déjà ce que tu vas voir ?

– J’irai au concert de Mouse DTC demain à l’Etage.

– C’est quoi ce groupe ?

– Un trio electro-pop qui dépote. J’ai regardé leurs clips hier soir, ça a l’air vachement cool. Et toi ?

– Je ne sais pas encore, mais j’irai bien avec toi…

Le lendemain, alors que le concert de Mouse DTC vient tout juste de commencer, je réussis à me frayer un passage jusqu’au premier rang, juste derrière la rangée de photographes et de cameramen. La salle est pleine à craquer et le public curieux de découvrir un groupe que quelques-uns ont déjà vu à l’occasion de son passage à l’Ubu il y a six mois. Ce soir-là, leur concert avait achevé de convaincre Jean-Louis Brossard de les inclure dans la programmation officielle des Trans.

Dès le premier morceau « 1234 », le public commence à se trémousser comme pour répondre à l’invitation insistante de la chanson : Do you wanna dance with me ? Autour de moi, tout le monde a la banane et les yeux brillent d’un plaisir bon enfant non dissimulé. Sur scène, Arnaud à la batterie et Gilles à la guitare prennent eux aussi leur pied tandis que la chanteuse, Hermance, attire tous les regards. Son jeu de scène s’est épuré, elle a gagné en confiance et mène le show avec une belle assurance. Dans le public, on ne demande qu’à la suivre.

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Dès la fin du troisième morceau, l’irrésistible « Mon Corps », mené tambour battant (J’attends que tu me cuisines encore, que tu manges mon corps…), le groupe calme le jeu avec « Mon livre d’or », un titre écrit par Christophe Miossec en personne. L’ambiance bleutée sied à merveille à la rengaine (C’est mon livre d’or, chaque jour je l’améliore et quand arrive l’aurore, je le relis encore…). Après l’accalmie, le groupe remet les gaz avec Homosexualis discothecus. Cette fois, une grosse partie du public se lâche pour de bon. A ma droite, une bande de filles réagit au quart de tour aux sollicitations d’Hermance, exécutant une chorégraphie parfaitement synchro du plus bel effet. A ma gauche une poignée de garçons en transe se jettent dans une spectaculaire danse de Saint-Guy. Suivent « Chat minou » (J’ai la tête dans le cul, je n’te fait pas les bises…), « Ouin Ouin » (Des petits à capuches j’en veux un en peluche…), « Véhicule » (Comment veux-tu…) et le petit dernier « Autoreverse » avec son leitmotiv terriblement entêtant (Quelle merde d’être amoureuse !).

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A l’applaudimètre on mesure sans risque d’erreur que la petite souris a réussi son coup. Le lendemain dans le train du retour, je retrouve le garçon et la fille de l’aller. Cette fois, ils se tiennent par la main. Tandis que je leur demande ce qu’ils ont pensé du concert de Mouse DTC, la fille me hurle dans les oreilles : Quelle merde d’être amoureuse !

 Philippe Schweyer, (label Mediapop Records et rédacteur des magazines culturels NOVO et ZUT)

 

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