AH Pigalle la nuit, quand il fait froid et qu’il pleut, les reflets des feux rouges sur le bitume lessivé par une eau tempétueuse, ses klaxons qui font résonner la nuit d’une profondeur poétique, en canon et souvent dissonants
Diable, quelle mélancolie en ce samedi soir pourtant place à la joie de la découverte puisque Automatic City groupe Lyonnais pose ses instruments pour une release party, leur quatrième album au nouveau club, le très select Sub Pigalle ex NO PI, avec une direction artistique du feu « Bus Palladium »
Alors oui c’est beau, il y a une place folle dans des canapés en cuir, des cocktails a 15 eur et des pintes à 11 eur mais la qualité messieurs dames ça se paie.
Dès le vestiaire ça se sent, le personnel est très aimable, rigole au blague et sait sourire, incroyable à Paris, la salle est vaste avec de belles personnes et des costumes à paillettes, ah oui j’oubliais ce temple du divertissement parisien mise sur les concerts mais pas que, il y en a pour tous les goûts …
soirées DJ par ci soirées DJ par là et ce soir c’est gout Rythm and Blues enfin bon sur le papier…
Automatic City sort son quatrième album de RnB, « Hum Drum » et en regoutant ma pinte de bière à 11 eur que je sirote comme si j’avais un saint Emilion en main, je me demande si j’ai pris de l’acide ou une quelconque drogue psychédélique, me revoilà replongé dans les années 70, ambiance New Yorkaise, Blackexploitation, ça envoie sur scène!
Incroyable brouillage de piste, ce quatuor à grosses guitares, rend hommage pèle mêle à Curtis Mayfield, la soul des 70’s, matinée de musique Africaine, on dirait un concert de Jimmy Hendrix Experience à Woodstock, mais pas que avec lui, ça serait une synthèse de tous les autres artistes sur scène !
Maitrisant leur art nos amis d’Automatic City, nous emmène dans des voix détournées, un trip sous acide règlementé par la seule invective sympathique de kiffer la vibe.
Automatic City nous prend par la main dans un train fantôme rappelant les Queens Of The Stone Age, la complexité jazz d’un Georges Benson, et subsiste aussi du Funkadelic le tout emballé par une rythmique diabolique et métronomique d’un batteur et d’un contrebassiste pas venu pour parler chiffon.
wow c’est donc aussi ça la musique mes amis, une expérience.
une ingé son au cordeau, qui connait son boulot et évite de faire saigner les oreilles, des effets light simples et pourtant efficaces, finiront de conforter mon ego, c’était une bien bonne soirée.
Auréolé d’un beau passage sur France Inter dans la playlist de l’été, Automatic City nous conforte dans une belle dynamique, ces gars-là envoient sur scène, c’est bien et ça donne envie direct d’écouter leur album, sans Ayahuasca, ou autre Peyotl.
Interview avec Eric Duperray le chanteur guitariste du groupe
Bravo pour votre concert c’était une superbe expérience
merci beaucoup , c’est un beau compliment !
Comment s’est passé votre concert au sub ? votre ressenti
plutôt très bien! c’était encore dans les premières fois que nous jouions en
concert les titres du nouvel album, et c’est un plaisir de les réinterpréter après
les avoir enregistrées en studios, elles continuent à évoluer et à changer un
peu à chaque concert.
On jouait devant un public qui,majoritairement, ne nous connaissait pas et nous a découvert ce soir là, qu’on a senti très réceptif et attentif.
Il m’a fallu quelques instants pour essayer de définir votre musique pendant votre concert, si demain je rencontre un pote et que je lui parle de votre groupe qu’est-ce que je peux lui dire de vous pour lui donner envie de venir vous voir ?
C’est pas si simple à définir en effet, on peut dire quelque chose comme
« Ça évoque pas mal de choses, un mélange de rhythm n blues, de rock n
roll, de soul, de sons psyché mais ça ne ressemble pas vraiment à rien d’autre »
Si c’était un Bo de film ce 4 ème album, ça serait quoi ?
On aimerait d’ailleurs beaucoup que ça soit le cas un jour, on a d’ailleurs
repris deux titres déjà issus de B.O, Get Carter, musique du film du
éponyme, composée par Roy Budd, et Crawfish issue du film Kid Creole
chantée par Elvis et Kitty White, la musique des séries TV genre twilight
zone sont aussi une référence.
Ce pourrait être le prochain Jim Jarmush, un des frères Coen, ou Tarentino,
Wenders ou Scorcese, mais on reste ouvert à toute proposition en la
matière 😉
À qui s’adresse votre album ?
On dirait plutôt qu’il s’adresse à tout le monde, tout en étant bien conscients
que ça ne rentre bien sûr et malheureusement pas dans les codes, les sons et les références de ce que l’on appelle grand public aujourd’hui. Pourtant ça reste accessible, pour la plupart, des chansons dont on peut chanter
facilement le refrain ou le thème, pas forcément réservées aux personnes quiconnaissent les références musicales, ou les ingrédients dont on se sert. C’estprobablement ce qui fait qu’on arrive parfois dans les playlists de radio tout public comme France Inter.
D’ailleurs quand on joue en première partie,devant des publics parfois très jeunes, venus voir le Young Blood Brass Band par exemple, ça fonctionne très bien aussi.
Comment est-ce que vous composez ?
C’est très varié selon les morceaux, ça part parfois de bouts d’instrumentaux que l’un produit , ou de juste un riff de guitare, ou d’une simple maquette voix guitare, ou d’une idée de reprise qui se transforme finalement en un morceau original
La volonté de brouiller les pistes avec vos chansons est elle un acte
délibéré ?
C’est surtout la volonté de ne pas simplement refaire à l’identique ce qui a
déjà été fait, ou de ne pas ce cantonner dans les codes d’un seul genre, c’est
un peu le contraire d’une démarche de puriste, ou d’un groupe revival, même si on a rien contre cela.
L’idée est de puiser dans la grande diversité des musiques qui nous inspirent , pour créer peu à peu notre propre son.
Donc brouiller les pistes, non pas pour perdre l’auditeur, peut-être plus pour le surprendre, et pour essayer de proposer de nouvelles pistes. Mamie Perry dont on reprend le titre « Lament » , en 1958 déjà brouillait déjà un peu les pistes avec ce titre de Rhythm n Blues mais où l’en peut entendre aussi les accents du rocksteady jamaïcain
Aujourd’hui je vous donne la possibilité de faire la première partie d’un artiste mort ou vivant avec qui choisiriez vous de jouer ?
Si son inclus les morts dans cette liste elle risque d’être très très longue ! On
peut citer au hasard Alan Vega, Link Wray, le Tom Tom Club, Neil Young,
Jack White ou Goat …
Dans votre concert on a senti une partie dédiée au sample et aux machines alors que le rhythm n blues est une musique très organique très classique avec des guitares et de la batterie…
En effet, mais je crois que notre musique reste tout de même très organique
en incluant des machines et parfois des samples dans la mesure ou on
intègre ces éléments comme un instrument avec lequel on joue.
Comment avez vous décidé de donner plus de place à l électronique ?
Si on parle de l’utilisation des boites à rythme, elles sont déjà utilisées depuis longtemps, dans pas mal de disques qui nous ont inspiré. On peut citer le disque de Sandy Bull en duo live avec sa boite à rythme en 1976, JJ cale, Sly Stone ou Timmy Thomas.
Où s’arrête le schéma de l’exploration musicale ? quand est-ce qu’il faut dire stop va trop loin ?
Il n’y a en fait pas de limite à l’exploration et la curiosité en tant que telles,
mais on cherche, en puisant dans toute la diversité de notre matière de
départ, à créer un univers sonore qui nous paraît cohérent plutôt qu’un
simple collage d’éléments hétérogènes qui ne vivraient pas ensemble.
Quel est le lien entre Chuck Berry et Curtis Mayfield ?
Ils se trouvent tous deux en bonne place dans nos discothèques !
Ils ont chacun dans leur style, changé la musique, ce sont deux auteurs de
chansons, de textes, deux guitaristes innovateurs et exceptionnels .
Pourquoi avoir choisi ces 2 monstres sacrés et en faire des reprises ?
Si on s’était dit que c’était des monstres sacrés, on aurait jamais osé ! On
s’était déjà attaqués sans vergogne à Elvis, Muddy Waters, et on est bien sûr,
loin d’avoir été les premiers à le faire ! On tente justement de proposer des
versions qui ne cherchent surtout pas à concurrencer ou à reproduire
l’original, ce qui serait absurde, mais qui apportent une vraie relecture, ou un autre regard sur ces titres
Un grand merci pour ce temps accordé et on vous retrouve sur :
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