Superstar parce que survivant. Il vomit sur le public et se grime en vieille femme cannibale dans Dead Man. Place à Iggy fuc***g Pop, version autobiographie.
Il s’adore. Pire: il le dit.
James Osterberg, alias Iggy Pop, l’Iguane ou The Godfather of Punk est le centre du monde. Enfin, du monde qu’il raconte dans I need more, hagiographie autobiographique, co-écrite par Anne Wehrer.
« En 1970, j’avais déjà un égo démesuré. Je crois que j’avais atteint des sommets. Je crois que c’est ça qui permet de réaliser des performances intéressantes. On commençait à être pas mal connus. On avait un son à nous, on était toujours à la hauteur. Un son qui balayait tout, comme une charge de cavaliers mongols, des milliers de cavaliers mongols, des petits Tartares avec des épées. Il fallait être taré pour supporter ces fréquences. »
Le livre sort en 1997 en France, longtemps après son écriture (1981) et la séparation des Stooges (1974). Lorsque la rock star et son amie Anne Wehrer s’attèlent à trouver une forme lisible pour un contenu débordant, il a la trentaine et revient de Berlin. Il a déjà connu la gloire, la drogue et l’hôpital psychiatrique.
En 150 pages de propos décousus, d’anecdotes marrantes ou franchement bizarres, Iggy Pop se fout allègrement du jeu de l’autobiographie et en compose une à son image : tordue.
« Apparemment, le public anglais avait appris à cracher sur les musiciens. […] J’ai été accueilli par la douche de glaviots la plus affectueuse… Non, une pluie battante de glaviots. Ils sautaient pour m’avoir. Ils se contorsionnaient pour que chacun ait droit à son glaviot. »
Le gamin surdoué et asthmatique ne fait pas tout de suite irruption dans ces pages. D’abord, on parle musique et baise. Pour la chronologie, on verra après. Pas de chapitre, pas de blabla d’écrivain, juste des paragraphes qui s’enchaînent sans lien sous les titres « Merde » ou « Objets volants« . Ode d’amour à ses roadies, confessions du style « Un jour, je me suis pris un pamplemousse dans la tronche« … Et une leçon exclusive sur l’art de se faire réformer de l’armée en se faisant passer pour homosexuel (« A l’époque, c’était très difficile pour moi« ). Les sujets graves, les doutes n’ont pas de place. La logique non plus.
Il faut suivre attentivement, ou déjà bien connaître la vie d’Iggy. Mais on ne s’ennuie pas. Ca se défonce, ça fricote avec des mineures, c’est crado. Mais qu’est ce que c’est drôle !
Juliette D.