On l’attendait, le onzième album de Dominique A. Toute Latitude est sorti le 9 mars, et comme notre artiste est généreux, il nous offrira un deuxième cadeau en octobre (La Fragilité, album acoustique enregistré en solo).
Sur la pochette, le titre et le nom de l’artiste en forme de mots croisés mais sans les cases, « Toute latitude », sans la longitude non plus, ne nous indique pas où chercher précisément son art, constamment réinventé. Et puis il y a cette image en oxymore : deux centaures, yeux dans les yeux sur une plage au coucher de soleil. Le centaure, dans la mythologie, c’est plutôt l’ivresse incontrôlée, la sexualité exacerbée. Visuel contradictoire intrigant.
On pénètre dans l’album en faisant le premier pas dans un Cycle qui recommence, inexorablement puissant, comme le temps qu’on n’arrêtera jamais, au son de ce ce synthétiseur qui tourne, et tourne encore. Le temps, c’est le leitmotiv de cet album, que l’artiste en fasse une ode au Carpe Diem : « Un rien pourrait nous rassasier » (Aujourd’hui n’existe plus), ou qu’il nous évoque sa peur de vieillir et de mourir (La mort d’un oiseau). Ces textes plutôt sombres, au goût de journal intime, ne peuvent que faire écho à tous ceux qui tentent de se projeter dans quelques années avec la crainte des doigts ridés et des rendez-vous manqués.
La musique très marquée par les accents rythmés électro-rock, délicieusement contemporaine voire expérimentale, se projette aussi dans l’avenir, au même titre que les préoccupations écologiques du chanteur (Se décentrer).
Au fur et à mesure que le cycle avance, la tension se fait palpable, le noir se rapproche, les fantômes avec, et on pénètre volontairement dans ce thriller sans craindre de rencontrer la mort. (Corps de Ferme à l’Abandon)
Quatre chansons de Toute Latitude ont été magnifiquement illustrées par Sébastien Laudenbach :
Et comme la première chanson l’avait prédit, le disque tourne encore et toujours, le Cycle recommence, et on refait le tour de la terre sans GPS, en zigzag, pour partir en explorer ou réexplorer toutes ses latitudes.
Violette, boucler la boucle.
