On connaissait la coupe cheveux mulet portée et popularisée notamment par Joan Jett dans les années 70. On vient de faire connaissance avec la coupe afro-permulet (mot valise de permanente et mulet en jargon coupe de cheveux !) que Corine arbore magnifiquement (telles Tina Turner ou Bonnie Tyler en leur temps) avec body-justaucorps ajustés laissant apparaître une mise en valeur de sa voluptueuse silhouette et veste à broderies dorées.
OK, Corine est un prénom féminin très répandu et dans le jargon drogue, c’est le petit nom de la cocaïne, mais là que nenni point de drogue ni de prénom (quoique ce soit celui d’une personne de son enfance, précise t’elle en interview). Corine est un projet musical à succès dont la génèse est de faire prendre un pied de nez à la morosité actuelle avec un revival disco pop funk des années 70-80. La mode est un éternel recommencement ne dit-on pas, et ce même en matière sonore. Corine remet la gaité en mode flashy sequins au goût du jour lui octroyant ainsi une place en musique actuelle. Le public peut suer en dansant, en se trémoussant, et en fredonnant des textes qui font rimer le français avec chansons. Oui c’est ce risque que l’on prend à la voir en concert.
Après un premier EP intitulé Fille de ta région (Universal Music/Polydor, 2018) en référence au minitel rose 3615 suivi d’un prénom souvent féminin, obsolète et remplacé par l’internet multicolore, Corine sort son premier album Un air de fête (Universal Music/Polydor, 2018) disco pop mais pas que. Les titres des deux sont réunis sur la setlist de ce concert. Cinq musiciens jouent sur scène, sans samples ni bandes avec des moogs et le clavinet, instrumentation si présente dans le genre disco.
En scène Corine est fascinante, on entend pas mal les adjectifs kitsch ou exubérante la qualifiant aussi. Car ce que l’on s’apprête à voir et entendre est l’entrée en scène d’une diva à tous points de vues après l’instrumental introductif Stop ou Encore. Le show est lancé, décolleté plongeant, talons de 10 cm non aiguilles et haut doré déployant des ailes de tissus miroitant. Le titre Pluie fine débute qu’elle affecte ce déhanché de bras au micro si caractéristique de Donna Summer. La danse est lascive et la musique est sensuelle, légère, authentique, acidulée tant elle chasse toute négativité le tout en langueur d’ondes. Nul besoin de rajouter plein de mots à une existence fait de maux finalement en chanson. Corine compose et joue de sa féminité, du second degré et de l’humour en co-écriture avec le parolier Marc Collin (Nouvelle Vague). Corine ne se prend pas au sérieux ! Elle se délecte de composer du girly et aime jouer des mélodies avec les mots de la langue française (ça change de l’anglais en sur-représentation actuelle inondant les oreilles en tsunami vibratoire) et détient la clef de la bonne humeur comme antidote à la déprime ou sinistrose en captant l’attention en ce monde de la nuit écoutable aussi de jour. La voix chantée est parlée et elle nous cause de toutes ses expériences de la vie, allant même parfois à se parler à elle-même. Elle module son chant à la manière des actrices de la Nouvelle Vague, joueuses, maniérées et affectées par le quotidien d’alors, une féminité modulée à la Brigitte Bardot ou encore celle d’une Madonna des années 80.
Elle interpelle le public « Y’a comme un air de fête ici vous trouvez pas ? » et les premières mesures d’Un air de fête résonnent. Ensuite elle débute une chorégraphie d’hôtesse de l’air lors de Décollage express, qu’elle s’exclame déjà « j’aime prendre mon temps » en tentant de nous faire danser le slow sur son titre Corine, reprise du groupe de rock français AS Dragon sorti en 2005. Elle balaie la salle du regard et claque des doigts pour lancer son single Cocktail. Performer c’est bien, mais enseigner c’est mieux ! Alors Corine se met à montrer un pas de danse en miroir à un public qui la suit (même assis !) et chantonne à l’unisson. Il faut que ça bouge, que ça brille et Il fait chaud fait son apparition sonore propulsant directement sous le soleil et ses rayons en boules à facettes suspendus et pavant la scène. Alors Corine en position de reine de soirée et en posture de salut au soleil se prépare pour enchaîner avec le groove de Marche nocturne avant de prendre déjà congé du public, remerciant staff, musiciens (en précisant leur département ou région d’origine !) et faisant une mention très spéciale au catering (excellent et bien mérité) car elle aime le bon et cela se voit a t’elle déclaré ! Ceci sonne le glas du rappel. Pourtant toute fin a un début et Corine fait la surprise quelques minutes après de réapparaître sous les projecteurs dansant dans la fosse aux fans pour qu’il n’y ait plus aucun fossé entre elle et le public avant le rappel chanté en italien du morceau Pourquoi Pourquoi traduit en Perché Perché (sans doute en clin d’œil aux chansons italiennes des années 80). Elle y exclame son amour pour le chocolat noir, la crème solaire et le céviche….Evidemment on aime ou pas mais on est attiré ou happé par un je ne sais quoi de………chez Corine vous compléterez par vous-mêmes !
Tout est travaillé, rien ne semble laissé au hasard. Le visuel est important pour elle comme d’emmener les gens avec elle vers le soleil, le ciel (7ème ciel ou l’arc-en-ciel !?). Un public très en gaité donc en ce vendredi 17 mai, journée de lutte internationale contre l’homophobie, à souligner comme on l’a fait remarqué à Corine en interview. Elle est très sensible et touchée de savoir que son public est aussi divers et inclusif de divers communautés discriminées, rejetées ou pire, et l’a soutenu au tout début jusqu’à maintenant. D’ailleurs pour elle le côté paillettes est aussi une libération de tout carcan et de ce qui est normé, et sociétalement encore si bien ancré dans le morne.
En guise d’actualités plein de choses à venir. Des collaborations sont prévues et Corine n’en dira pas plus (du moins en interview !) Elle a déjà travaillé avec Juliette Armanet (en featuring sur Epopée Solaire de son EP) de la scène actuelle francophone.
Corine prendra part à la soirée de la première Magical Pride au parc Disneyland Paris célébrant la diversité le samedi 1er juin 2019. Et Corine organise en ce moment une série de soirées nommées Chez Corine pour marquer la réouverture du Silencio à Cannes lors de ce 72ème Festival et ce jusqu’au 21 mai avec des invitées comme Fishbach, Madame Arthur ou Clea Vincent. Le 3 octobre 2019 Corine sera à l’Olympia, et prêt à parier que nous aussi !
https://www.facebook.com/corinefilledetaregion/
Photos : Charlotte Poul (exceptées pochettes albums)
Van Mory-D