Touché fus-je cette semaine, à l’écoute répétée et souterraine de votre album Inland (label Infiné), une quinzaine de pièces pour et de… piano seul. Il fut mon remède mental aux voyages quotidiens et ferrés que m’impose une mission nourricière.
Isolé par mon casque audio, le volume assez fort pour me couper du monde, j’ai laissé vos harmonies, envolées, pluies de notes cristallines ou graves m’emporter ailleurs.
Chère musicienne de haut vol, c’est un béotien de la musique classique, un analphabète des compositeurs contemporains qui vous écrit ici, et dépose à vos pieds une critique modeste mais néanmoins sincère.
Les compositions de Glass, Dressner, Moondog, Muhly ou Nyman me sont allées droit à l’âme, portées par vos mains -magiques- et le son de l’instrument le plus grand et le plus majestueux, soit 88 touches qui envoient des gerbes d’émotion comme une batterie de missiles sol-cœur. Dans cette bulle de son, j’ai regardé filer les stations, entrer et sortir les passagers pressés, hypnotisés par leurs écrans multicolores mais vides de sens, j’ai parfois songé à celui de ma vie (pour le sens).
Dans cette féerie romantique, sentimentale, morceaux précieux avec la chair de poule et les yeux humides, j’ai soudain voyagé en première classe, assis sur mon siège dur, entre un adolescent au cou penché et un employé de bureau endormi, entre un vieil homme lisant son piètre quotidien gratuit et une mama africaine criant via SFR…
J’observais, apaisé, protégé, cette condition humaine sous pression, qui ne se regarde pas, ne se voit pas, se croise et s’ignore froidement entre deux interruptions de trafic et quelques incidents voyageurs graves. Tempus fugit aurais-je envie de leur murmurer, avez-vous l’occasion d’y réfléchir parfois ?
Les morceaux de l’album Inland me procuraient une quiétude formidable, un recul stratosphérique, une paix intérieure puissante. Chère Vanessa Wagner, je ne peux que frapper le clavier AZERTY rédiger une modeste chronique, action colibri pour vous exprimer mon admiration et la faire partager à quelques lecteurs. Cela devrait vous faire sourire, car vos dix doigts savent, eux, exprimer bien plus que mes deux index maladroits.
Merci et succès souhaité pour votre album, vos concerts et votre renommée méritée…
Jérôme « the brain asks pleasure first » V.