On a l’habitude d’opposer la prise de son de l’environnement sonore à la composition instrumentale, la transformation de sons électroniques, au son acoustique et au chant. Et pourtant, dans Fragments Folk vous (re)découvrirez la musique folk dans sa fusion avec l’environnement naturel. Autant pour le spectateur que pour le compositeur, cette musique a un puissant effet thérapeutique pour soudain ouvrir les yeux mais surtout les oreilles aux sons et bruits qui nous entourent, et s’autoriser à reconnecter avec son environnement proche.
Quand on ne peut pas quitter la grande ville, la grisaille, Fragments Folk permet de se plonger dans les Vosges, dans un New York automnal, dans les guitares douces et le coin d’un feu. De sortir de soi, mais d’une manière bien particulière.
« La musique se laisse pénétrer par des impressions de lumière, par l’humidité, par des tas de choses de ce genre-là. C’est une région où règne une certaine mélancolie, et je pense qu’on le retrouve dans nos chansons. »
A mon retour de Toscane, des Alpes italiennes, je suis arrivée à Paris, agressée par la grande ville et sa brutalité. En même temps excitée par les gilets jaunes qui brûlent tout, par un concert de rock fou, par des pogos et une énergie qui te lave de tes émotions, je redescends…et rencontre Fragments Folk, qui me rappelle à la douceur des montagnes, des plaines et des paysages naturels. Qui m’appelle à ma maison intérieure.
Le rock, paradoxalement plus sauvage, a un rapport interne/externe particulier : en le ressentant, le jouant, le dansant, on sort de soi-même, et on exulte les tensions de l’urbain, qui appartient si bien à ce son énervé.
« On cherche l’espace, le silence. Le silence est souvent beaucoup plus expressif que le son. »
Le folk, vu sous l’angle de ce doux documentaire, nous rappelle à quel point ce son fonctionne en totale harmonie entre émotions intérieures et paysages extérieurs. Le folk appartient à la nature, et à l’ouverture de soi hors de soi, en synergie avec ce qui nous entoure.
Ces songwriters des Vosges du Nord à New York et à la Nouvelle Angleterre, nous ouvrent à leur introspection. Le montage du film est assez puissant puisqu’il alterne entre des plans mouvants sur les paysages où chaque songwriter est immergé, et des prises de leurs chansons qu’ils nous interprètent face caméra, en acoustique, avec émotion. Chaque son de voix, vibration de guitare, s’enrichissent des plans géographiques extérieurs. Et leur voix intérieure jouée devant la caméra devient puissante, plus évidente.
« It’s like a space for your spirit »
Le documentaire est en mouvement lent : on voit nos songwriters marcher, se déplacer en douceur : le spectateur rentre dans ces paysages extérieurs et introspectifs que la musique folk permet si bien de marier.
L’influence environnementale sur la composition et l’inspiration musicale est donc un des grands axes du documentaire. « Comme une palette », l’environnement permettrait de « camper un paysage à partir de ces sons », nous dit un des artistes. Il n’y a pas de meilleur moyen de définir ce rapport en mouvement fluide entre impressions internes et vues de l’extérieur.
Fragments Folk est sorti le 10/11/2018 en VOD et DVD. Courrez l’offrir à qui vous aimer, cela fait beaucoup de bien de se réaliser à travers cette musique si connectée.
Lucie Mesuret pour Songazine
Avec la participation de : Folk Yourself (FR), Me & the Molku Queen (FR), Ocean Music (USA), Oh Well (FR), Renz (FR), Sam Moss (USA), SF & the Ladyboys (FR), Solaris Great Confusion (FR), The Red F (USA), Wilder Maker(USA), Will Stratton (USA)
Et la BO du film, en cadeau ( je vous laisse découvrir Orchard avenue (The Red F), en piste 5. Un bijou.) :
https://fragmentsfolk.bandcamp.com/album/fragments-folk