Cocorico et décibels !  De Nantes à Montaigu, enfilez votre pull en Cachemire et oyez ceci.

Dix ans que Cachemire secoue le cocotier un peu mité du rock français, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas pris côté cholestérol et kilos en trop. L’électrique quatuor nantais revient avec « Suffit juste d’une seconde », un album qui sent la bière forte, la sincérité, les maux de gorge et le cuir patiné. Le genre de disque qui te fait regretter de ne pas avoir gardé ton perfecto de Terminale C — celui qui sentait la clope froide et la rébellion en demi-pension.

Cachemire, c’est du rock taillé à la serpe, comme ils le disent eux-mêmes — sauf que chez eux, la serpe est électrique, branchée sur un ampli Marshall, volume 11.

Pas de faux-semblants : les guitares tranchent le lard, les textes piquent les langues, et la voix de Fred Bastar accroche les tympans juste ce qu’il faut pour décaper la routine. Ce french hero chante comme s’il avait avalé un mégaphone, en hurlant “Liberté !” dans une manif Place de la République.

Dans Suffit juste d’une seconde, on en prend plein la tête : il y a des coups de gueule, des coups de blues et des coups de poing. De la tendresse virile dans “Seul”, un clin d’œil nostalgique à la jeunesse qui sent le Doc Martens (“À l’ancienne”), et une salve d’espoir futuriste (“2080”) qui nous fait croire qu’en 2080, on écoutera encore du rock avec les cheveux blancs et les implants Bluetooth.

Cachemire, c’est du punk avec des manières : ça cogne fort mais ça dit bonjour avant. Pas de leçons, juste des constats lucides sur un monde qui tourne en racine carrée. Et puis, détail qui tue : une Alice Animal débarque sur scène, guitare griffée et énergie féline. De quoi réveiller même le Dormeur du Val.

En dix ans, Cachemire a tanné son cuir, pas son âme. Leur rock, c’est du velours déchiré : ça gratte, mais ça fait du bien. Alors oui, il “suffit juste d’une seconde”… pour se souvenir pourquoi on aime encore le rock français.

Nos futurs !

Jérôme « moi j’en ai -pas- rien à foutre » V.

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