Bergame est une belle ville parait il, avec ce charme typique des villes de l’Italie du nord, pas très loin de Milan  «la Belle de Lombardie délicieusement indolente », dixit le Routard, bref ça a l’air franchement sympa .
ahh chez Songazine c’est la crise les mecs sont obligés de chroniquer des visites de ville… non mais après tout pourquoi pas .. mais non.


Encore au Zebrock,au hasard d’une rencontre, une attachée de presse me tend avec un sourire ce CD ( oui un cd, pour ceux qui ne connaissent pas documentez vous) je ne peux m’empecher d’admirer la démarche, c’est rare L’objet est toujours cher à produire, et c’est toujours un calvaire à penser, pochette carton ou pas, boitier cristal ou pas..même si l’industrie du disque est devenue numérisée, recevoir un cd relève de l’acte respectueux.
J’écarquille les yeux, je salue  à la japonaise, en acceptant le précieux cadeau des deux mains, j’incline un peu le buste et Bergame m’intrigue.

La pochette d’un EP ou cd est la carte de visite de l’artiste, en tant qu’ artiste j’y suis sensible, encore plus en tant que chroniqueur avec 40 demandes en moyenne par semaine.
Pochette en Noir et Blanc, un buste d’homme les yeux vers l’horizon… ou regarderait il ailleurs? c’est sûr c’est de l’auteur, j’écoute le pitch de l’attachée de presse qui me parle avec bienveillance de cet artiste.

Photos Aurelie Lacaille

Bergame, de la pop italienne ? que nenni ! plutôt de la bonne chanson française pop bien de chez nous, et ça fait plaisir à entendre tant les 6 chansons sont vraiment bien.
A la première écoute,mazette!! C’est hyper bien écrit, des refrains percutants, « Mon nom est personne » ou « Au nom du père » sonne super bien avec un sens de la mélodie assez précis.

A préciser Bergame n’est pas complètement un inconnu, avec Maltosh, groupe de chanson qui a écumé les scènes d’europe mais aussi les MJC , l’artiste auteur compositeur et interprète, à pu pendant plus de quinze ans, affiner sa touche.
Avec cet ep en solo un peu plus « Rock », brut dans les sentiments, avec l’envie de parler de choses plus personnelles, un besoin de se recentrer, Bergame dévoile une facette plus centrée sur lui, d’ailleurs la superbe photo de couverture dans un noir et blanc virginale, fait ressortir l’homme, l’être humain.
Réalisé  avec l’appui d’un réalisateur aussi talentueux que multi-instrumentiste, Alexis Campet, sublime avec ses arrangements aussi légers qu’importants, le texte.
Principal atout de Bergame qui nous touche par sa proximité et la sensibilité d’un homme mis à poil musicalement (ne cherchez pas il n’est pas tout nu en retournant la pochette…)

« Mon nom est personne » commence comme un western, Trinita n’est pas loin, mais c’est la glorification de l’anti héros qui est mis en avant, un homme normal, en fait .

« Au nom du père », chanson forte sur l’attente parfois démesurée des papas sur leur progéniture. Mélodie imparable et construction musicale en fonction de la thématique.

« Tout pour moi », c’est l’enfer cette chanson elle reste dans la tête, attention, il y a des zestes de Noir Désir « Le vent l’emportera » le refrain est diablement mis en avant, une très bonne balade à chanter à fond dans sa voiture en tapant sur le volant.

« Bruges en hiver », est sympa, pleine de mélancolie et de tristesse, Bruges la ville c’est magnifique au printemps, ses contrastes sont saisissants, les briques rouges et les fleurs, les canaux, la venise du Nord, mais alors que trouver de beau à cette ville l’hiver ? on en reparle dans l’interview plus bas.

« America » et « Dors » clôturent 20 minutes environ de diamants bruts de chanson française, ces chansons simples efficaces et furieusement pop, nous renvoient directement à Alex Beaupin, certes, mais aussi à Alain Souchon, il y a aussi du Benjamin Biolay dans l’univers.
Alors évidemment Patrick Sebastien n’est pas invité sur cet album, c’est l’âme du poète Bergame qui s’exprime, c’est pas hyper gai comme écriture mais bon dieu que c’est bien écrit, les mélodies sont vraiment bien pensées et travaillées.
Vous l’aurez compris Bergame c’est une invitation au texte et au chant, bien faits bien arrangés, c’est un avant-goût de ce qui arrive bientôt, à savoir un album !

Ecouter cet album vous reviendra moins cher que de prendre l’avion pour visiter Bergame, et vous pouvez aussi aller à Bergame en écoutant Bergame au choix !

@pyofficiel

Et voici l’interview pour comprendre encore mieux l’artiste Merci encore d’avoir répondu à mes questions

Bergame qui êtes-vous ? 

Je me le demande encore ! Disons que Bergame c’est moi, aussi sincère et authentique que possible. Mais c’est un peu vous aussi j’espère. Quelqu’un qui a vécu les joies, les drames et les petites misères du quotidien, qui regarde le monde qui l’entoure avec étonnement ou perplexité, et qui met tout ça en chanson en se disant que si ça lui parle à lui, avec un peu de chance, ça parlera à tout le monde…

 

Les premières chansons sont hyper fortes sur la thématique du moi, mon nom est personne, au nom du père, tout pour moi,  la création de musique est-elle une forme de reconnaissance pour soi ? 

La reconnaissance par et dans la musique a été longtemps pour moi un puissant moteur. Paradoxalement, au moment de lancer mon projet solo et plus encore maintenant, cette quête de reconnaissance m’a peu à peu quitté, me semblant de plus en plus vaine voire contre-productive. Puisque je ne contrôle rien, puisqu’au final je n’ai pas grand-chose à prouver, autant saisir l’occasion de dire ce que j’ai à dire avec toute la liberté possible puisque je n’ai rien à perdre.

 

Est-il plus facile de se lâcher sur les textes en solo qu’en groupe ? 

Absolument ! J’avais beau être le « leader » du projet en y apportant les paroles et la plupart des musiques, il est assez clair rétrospectivement que je me cachais un peu derrière mes musiciens, aussi bien sur scène que dans l’écriture. On écrit différemment je pense quand on le fait pour un groupe. Et puis, même si j’ai toujours été entouré de gens très bienveillants, les chansons passaient aussi le filtre de la validation par les autres membres. Cela dit, en regardant dans le détail, il y avait dans le dernier EP du groupe des chansons déjà très personnelles.

 

D’ailleurs l’expérience de groupe est-elle terminée ? 

Ça a été plus qu’une expérience ! Le groupe a duré pas loin de 15 ans. Mais au final, l’inertie de groupe l’a emporté sur sa dynamique. J’ai donc joué seul pendant un an mais très rapidement j’ai eu envie d’être accompagné par d’autres musiciens. Nous serons prochainement 3 sur scène. Bref, c’est un projet solo mais pas solitaire !

 

Est-il toujours bon se mettre à nu dans un texte ? 

Toute la difficulté c’est de trouver le bon équilibre entre sincérité, vérité de ce qui est exprimé mais poésie aussi. Il m’est arrivé d’écrire des textes extrêmement sensibles et sincères, mais qui frôlaient l’impudeur parce que sans filtre. C’est une ligne de crête : se mettre à nu, sans se foutre à poil en quelque sorte !

 

Bruges en hiver en quoi est-ce si touchant ? 

A la vérité, j’ai trouvé Bruges triste à fendre l’âme… Pourtant sur le papier, il n’y a pas plus charmant ni pittoresque que Bruges en hiver, ses canaux, ses ruelles médiévales, ses chocolateries qui parfument les rues, avec la petite pellicule de neige qui embellit tout… Sauf que j’allais mal, et que le décalage entre ce décor de carte postal et mes états d’âmes était tellement insupportable, que la ville a fini par devenir le personnage sombre d’une chanson. Un jour j’y retournerai peut-être pour qu’on se réconcilie.

 

Avec America on a l’impression que l’amour est quelque chose d’illusoire ? de fragile ? 

C’est drôle de me poser cette question parce qu’America est peut-être la seule véritable chanson d’amour de mon répertoire, qu’elle se voulait au contraire très positive et lumineuse. Sauf que peu de temps après, mon América en question s’est faite la malle… Peut-être bien qu’inconsciemment, la désillusion était déjà en germe dans l’écriture… Mais ce genre de désillusion ne dure pas. Il y a toujours une femme pour vous faire croire à nouveau en l’amour, celui qui dure toujours. J’ai en tout cas eu la chance d’en rencontrer une !

 

On a du mal à vous trouver sur l’internet ! est-ce une stratégie ? un jeu de pistes ? 

Exactement ! Je me fais discret avant de lancer la déferlante Bergame ! Sauf que pas du tout…

J’ai découvert l’existence d’Instagram il y a à peine 2 semaines… J’ai beaucoup de mal à me faire aux codes de la communication et de l’auto promotion. Mais ça fait partie du jeu alors je m’y mets. Progressivement.

 

Oldelaf a l’air très présent dans votre projet, pouvez-vous nous expliquer votre rencontre ? 

Oldelaf est un artiste que j’ai rencontré il y plus de 25 ans (…) alors qu’il sortait tout juste de son école de musique. Je me suis retrouvé à ses côté dans un spectacle de fin d’année auquel je participais pour dépanner un pote de cette même école. On a bien accroché, il m’a invité à son spectacle de fin d’année et j’ai été bluffé par son assurance, son univers et son humour. On est resté en contact de loin en loin. Je suis allé le voir sur scène à plusieurs reprises, il est venu participer à une résidence scénique en tant que coach avec mon groupe. J’ai fait sa 1ère partie à l’Alhambra pour le lancement de Bergame et là, dernièrement, il m’a invité à un de ses spectacles. C’est quelqu’un de fidèle, et dans ce milieu, on peut dire que c’est précieux.

 

L’EP 5 titres  que j’ai entre les mains date de 2016, c’est vraiment bien, aurons-nous la chance d’avoir la suite en 2023 ? 

Merci ! Je prépare un album 12 titres qui est déjà bien avancé. Je cherche encore les partenaires qui m’accompagneront sur la sortie d’album parce qu’il ne s’agit plus seulement d’un EP : ça ne rigole plus du tout ! J’espère pouvoir le sortir à la fin de l’année 2023 ou au plus tard début 2024. Donc encore un peu de patience !

ET VOICI DONC les Réseaux sociaux pour suivre le jeu de piste…

https://www.instagram.com/bergame.musique/

youtube.com/channel/UC6AKyJtwkgnIqNoS4UkMjpg

 

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