Walter Trout

Il y a des interviews qui vous font quelque chose au cœur et ma discussion au téléphone avec le grand Walter Trout en fait partie.

Ce type est une légende, il a joué avec les plus grands bluesmen que la terre aie porté, de John Mayall à John Lee Hooker, Poppa Chubby et son propre groupe. Il a fait partie de Canned Heat.

Il attaque là sa cinquantième année derrière la six-cordes et pas en mode amateur, je vous le dis tout net ! C’est une « épée » comme on dit dans le milieu et les connaisseurs font «oooh », quand on mentionne son blaze. J’ai eu le privilège d’aller vibrer à Chicago et me faire tatouer « blues lover » sur l’âme, alors voilà, c’est du lourd quand on parle de Walter Trout.
Surtout que la vie lui a fait un p*** de cadeau : rien de moins que de passer à deux doigts d’aller rejoindre B.B. King et Muddy Waters au grand concert des anges ; subir une greffe du foie, organe vital je vous le rappelle, 6 mois d’hôpital en soins lourds et revenir de ce bazar incroyable.

La bonne nouvelle c’est qu’il nous dit qu’il est reparti comme en 14 ! « I feel great, reborn, young again » me dit-il et cela se sent. Quelle énergie !

Le titre de son nouveau disque n’est pas anodin « Battle Scars », ses cicatrices d’une bataille homérique contre la Faucheuse. Soutenu par Marie, sa femme et manager, y compris dans la levée de fonds qu’il a fallu faire pour payer les dépenses médicales. Aux USA, si tu n’as pas de $$, tu n’as pas le traitement…

La maladie, il lui a foutu une trempe sévère. Casse-toi, je remonte sur la scène de la vie.

Cet album et le reflet direct de « what I went through », ses épreuves, il y aborde des sujets sombres en détail et pour cause.

D’ailleurs vous remarquerez cette belle pochette où il vous regarde droit dans les yeux avec profondeur. Il a voulu et choisi lui-même cette photo, la préférant à un portrait en pied où il sourirait. Un visage buriné, des yeux bleus qui ont vu le gouffre.

Cet homme est profond, mais aussi malicieux et chaleureux. Il m’a bien eu en répondant « Iistening to you on the phone right now » quand je lui demande ce qu’il écoute en ce moment. A l’américaine, il est relax et amical et nous sommes du monde des amoureux des trois accords, donc sur une longueur d’ondes totalement compatible.

Blague à part, il est très concentré sur son disque et me cite Billy Gibbons « you have to play what tou want to hear ». Avec quels musiciens choisirait-il de jouer s’il avait le choix ? « My band ! » me répond-il sans hésiter et me décrit l’ambiance fraternelle qu’il entretient avec ses musiciens. Ravi de faire une tournée et de revivre la vie qui va avec.

Un bémol : sa tournée actuelle et jusqu’en juin 2016 ne passe pas par la France ! Cependant il adore Paris qu’il connaît pour y avoir joué moult fois et avoir visité avec sa famille. Peut-être un espoir de date lors d’un festival estival ? À suivre !!

Pour revenir à l’album Battle Scars, il vous faut écouter cet excellent blues rock de grande facture, tendre l’oreille aux paroles dont vous connaissez le contexte désormais.

Gonna live again en est le dernier titre.

Monsieur Walter Trout, respect total, all the best of luck to you, on vous souhaite encore de nombreuses années sur scène et en studio.

Yours friendly,

Jérôme « Kingston Mines » V.

Share