The Distance

John Lennon disait que le rock français, c’est comme le vin anglais. Et pourtant, en Armorique ou ailleurs, des groupes d’irréductibles continuent à résister à Maître Gims.  Aujourd’hui, donc, rencontre et interview avec The Distance. Mike (chanteur et guitariste) et Duff (bassiste) se sont prêtés au jeu des superlatifs.

Le morceau du nouvel album qui vous rend le plus fier ?

« Alone » parce que c’est le tout dernier bébé de l’album. On s’est juste dit « Wow, mais il est super cool ce morceau ». Et puis il a ramené une fraîcheur dans le disque. Il est différent, ambiancé rampant… il a pas mal de choses qui nous plaisent bien !

Le morceau qui a été le plus facile à écrire ?

Hmm… c’est « The Unconscious Smile ». Mais en fait ils ont tous été plus ou moins faciles. On a composé l’album très très vite. Si au bout de trois répètes, on n’arrive pas à aboutir sur un refrain, un pont, ou autre ça dégage. « The Unconscious Smile » on l’a composée en une seule longue session de répète, on n’ a pas arrêté, tout est venu très simplement.

Votre concert le plus réussi ?

Celui à l’Olympia, en avril 2013. On jouait face à un public qui ne nous connaissait pas forcément, mais on a joué notre musique avec tout notre cœur et ça bien marché, les gens ont très bien réagi. C’est ce qui nous a boosté pour commencer à composer le deuxième album. Il s’est passé un truc positif, voire magique ce soir-là.

Le plus gros pépin que vous ayez eu en live ?

Mike (après éclat de rire) : je pense que c’est l’alcoolémie, notamment à l’International (salle de concert dans le 11e, NDLR). On a joué deux fois là-bas. La première fois, on était surbourrés, je n’arrivais plus à claquer mes cordes avec le médiator. La deuxième fois on s’est dit « tiens cette fois on boit pas », on avait déjà fait nos balances, on est sorti et il y avait happy hour avec pinte à deux euros, donc baaah…

Votre plus beau souvenir en tant que groupe ?

Le concert à l’Olympia, encore une fois. On n’avait pas les moyens d’avoir un stand de merchandising, alors on s’est dit « n**** sa mère les gens vont quand même repartir avec nos t-shirts et nos disques ».  On a donc planqué les cartons de CDs et de T-shirts derrière les amplis, à la fin du dernier morceau on a foutu un gros larsen et on a balancé tout ça dans le public. De toute façon, soit on perdait 3000 euros pour vendre du merch’, soit on le donnait, alors autant le donner. Le public nous a surpris, et on a su les surprendre aussi.

L’album qui vous a le plus marqué en 2016 pour le moment ?

Mike : l’EP de Last Train je pense. C’est un groupe français qui défonce bien.

Et le moins marqué… ?

Duff : ça dépend, est-ce que Coldplay sort un album cette année ?

Qui c’est la personne la plus rock’n’roll en France ?

Mike : François Hollande ! Il a récupéré un pays qui était pas dans un état très glorieux, et en conférence de presse tu l’entends parfois lâcher des vieux rots comme s’il venait de boire une bonne pinte.

Duff : c’est le Président, donc à partir de ce moment-là, pour moi, il est pas rock’n’roll. S’il avait du goût, ça se saurait. Pour le coup, c’est raté. Il est vachement consensuel je trouve.

Et la moins rock’n’roll de France ?

Mike et Duff (sans hésiter) : Christine Boutin ! Même les escargots sont plus rock’n’roll qu’elle. Je crois que c’est LA phrase à retenir de cette interview.

Votre plus gros rêve en tant que musicien ?

Duff : Que le groupe soit au top, tout simplement.

Mike : Pour moi ce serait pouvoir vivre de notre musique. Pas forcément vendre des millions d’albums. On a tous des tafs à côté, on est obligé d’avoir de l’alimentaire derrière. L’objectif, ce serait d’avoir assez de dates, assez de public pour pouvoir ne plus faire que ça. Et s’il y a moyen aussi de mettre une petite cartouche à Rihanna ou deux trois autres c*********…

Un mot sur l’album

John Lennon peut aller se faire foutre : le rock français sait produire de bons crus. « Radio Bad Receiver », second album de The Distance, en est assurément un. La recette est bien connue, mais les ingrédients choisis avec soin et cuisinés avec talent (oui, les métaphores culinaires c’est mon dada) : production chaude et rocailleuse, riffs rampants expédiés avec vélocité et maestria, atmosphère désertique un rien stoner par endroits… L’album parvient à sonner très professionnel sans sacrifier sa fougue et sa spontanéité. Coup de cœur à « Insomnia », grosse baffe de hard sauvage qui sent bon les amplis chauffés à blanc et l’huile de moteur.  Une bonne petite galette bien ficelée et très prometteuse. Songazine n’a pas encore eu la chance d’aller écouter ces morceaux en live, mais dès que l’occasion se présentera, soyez certains que l’on sera au premier rang, poing levé et trois pintes dans le sang.

Matthieu Vaillant

 

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