20 heures, jeudi 11 octobre, sur la scène de la Maison de la poésie, Jean-Sébastien Nouveau et Martin Duru, du groupe Les Marquises s’appliquent aux claviers et consoles dans une semi-obscurité. Leur musique accompagne la lecture d’un texte d’Empédocle, philosophe présocratique, par l’actrice Adèle Haenel. Quelques minutes plus tard le court métrage d’animation Le Tigre de Tasmanie de Vergine Keaton est projeté sur grand écran. Les Marquises, dénominateur commun de ce projet en ont réalisé la bande originale.

Vergine Keaton souhaitait « une musique au côté très tribal, qu’on retrouve sur Chasing the Hunter, morceau présent sur A Night full of collapses », dernier album en date des Marquises.

 

 

Initialement « démarche plutôt solitaire » de Jean-Sébastien Nouveau, tête pensante des Marquises qui voulait « faire une musique intime, élargie ensuite à d’autres personnes en faisant venir des invités pour enrichir (son) univers », Les Marquises, groupe à géométrie variable, comptent à ce jour trois albums (Lost lost lost, 2010 ; Pensée magique, 2014 et A night full of collapses, 2017). Chacun propose un univers singulier, tantôt envoutant, tantôt mystérieux, que le développement même des morceaux nous invite à découvrir.

Si Jean-Sébastien admet volontiers utiliser souvent le chant au début des morceaux pour accrocher les gens, c’est pour mieux les guider à travers la brume créée par des nappes de synthé, « sorte de brouillard qui apparaît, qui brouille un peu les pistes, qui repart mais qui est toujours un peu là présent, qui menace. »

Emmené dans cet univers étrange, déconcertant, Jean-Sébastien nous laisse ensuite naviguer. « C’est vrai que c’est une musique très atmosphérique parce que ce qui m’intéresse c’est de créer des paysages, des univers, dans lesquels on est et on navigue. »

On est happé par les boucles, « qui sont à la base de (sa) manière de procéder (…) : boucles qu’il empile, prend, range, assemble » à la façon d’un montage vidéo. Jean-Sébastien compose d’ailleurs souvent en s’inspirant d’une photo, d’un film (l’univers de David Lynch n’est pas très loin), d’un contexte. Il invite ensuite les musiciens qui l’entourent sur les trois premiers albums à « interpréter la chose en mettant leur âme ». L’auditeur lui, se retrouve comme hypnotisé par cette musique au pouvoir d’évocation infini, propice au voyage, au voyage en soi.

 

 

Il est aidé par un rapport à la matière assez proche, autre signe distinctif des Marquises, cette texture si particulière que Jean-Sébastien travaille avec minutie, façonne : « Il y a un gros travail sur le grain. J’aime bien techniquement un certain type de réverb. J’aime beaucoup passer les sons dans les amplis de guitare. Des rythmes, des claviers… »

Sur le prochain album, le projet initialement « solo qui s’est mué en duo avec la participation à part égale de Martin », Jean-Sébastien nous dévoile qu’il sera l’unique chanteur (NDLR : contrairement aux précédents albums), que les sons seront « certainement un peu plus électro dans l’approche plus que dans les sons… Plus poussé sur les boucles peut-être… ».

Pour patienter, Les Marquises nous proposent un vinyl en édition limitée, un bel objet avec un format entre le 45 et le 33 tours avec un livret photo, et sur la Face A, la musique du film (13’) Le tigre de Tasmanie et sur la Face B, trois morceaux inédits (disponible ici sur leur site).

Voilà de quoi ronger notre frein en attendant la promesse du prochain voyage que Les Marquises ont a nous offrir.

 

Veyrenotes et Wunderbear.

Merci à Jean-Philippe Béraud de Martingale-music, à La Maison de la Poésie et à Jean-Sébastien Nouveau pour sa disponibilité.

Crédit photo : Perrine Lamy-Quique

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