Le songwriter folk Raoul Vignal, lyonnais de 26 ans, est la dernière signature du label bordelais Talitres ; son 1er album ‘’The Silver Veil’’ vient de paraître le 7 avril 2017.

Second volet de notre entretien où Raoul nous dévoile un peu de l’album et du premier single  »Hazy Days », de ses collaborations artistiques, de l’esprit DIY, de ses doutes et de ses rêves, de la rencontre avec Talitres et de la tournée à venir.

Parlons de ton 1er album ‘’Silver Veil’’ paru le 7 avril. De quoi parlent tes chansons ? ‘’Hazy Days’’ se traduit par ‘’Jours brumeux’’…

J’aimerais dévoiler le sens qu’il y a derrière tous mes morceaux. Ce sont des choses très personnelles, que je n’ai pas envie de cacher. Mais je préfèrerais que leur sens soit interprété par celui qui les écoute. Si je dévoile le propos du texte, j’ai peur que cela perde en sens. C’est mon côté secret.

Tous les morceaux de l’album sont des récits très personnels et très imagés, dont moi seul connais les ficelles. Je sais à quoi tel mot fait référence, à quoi renvoie telle métaphore, tel terme.

Un peu comme si je m’étais construit une histoire codée en essayant de la rendre poétique.

J’ai envie que ça reste brumeux.

Raoul-Vignal-par-Anne-Laure-Etienne-Clip Hazy DaysTu as puisé ton inspiration dans le vécu ?

Mes chansons parlent de moments de vie avec des gens. Je me suis nourri des rencontres que j’ai faites à Berlin, comme n’importe quelle personne ferait des rencontres dans n’importe quel lieu, à n’importe quel moment ; et au final, cet album enregistré à la fin de mon séjour, c’était un peu comme si j’avais tenu un agenda écrit de mes expériences dans cette ville.

L’album ne parle pas de Berlin en soi, parce que je n’avais pas cette envie. Je parle des gens que j’ai rencontrés et des choses qui s’y sont passées et qui à mon goût ont revêtu assez d’importance pour que j’ai envie de les mettre en musique. Je garde ça pour moi aussi. C’est un récit qui s’étale sur deux ans.

Avec qui as-tu travaillé ?

A la base, je voulais que l’album soit guitare/voix ; avant les dernières prises en studio, on a fait quelques arrangements ; Pierre-Hugues Hadacek, que j’avais rejoint à Berlin, a posé les parties de batterie au studio ; et par la suite, il a énormément participé au mixage de l’album.

Au final, il a été d’une importance capitale dans le son de l’album, il a porté le projet, parfois plus que moi ; dès que le morceau était enregistré, il a pris la suite derrière l’ordinateur.

Je voudrais vraiment remercier Pierre-Hugues qui, au final, aura été d’une importance capitale dans le son de l’album. Il a vraiment porté le projet, parfois plus que moi ; dès que le morceau était enregistré, il a pris la suite derrière l’ordinateur.

Nous sommes toujours en contact et avons des idées de projets; nous travaillons à distance et nous voyons à Berlin tous les 3 mois environ.

Après deux années, tu décides finalement de rentrer en France ?

Je me suis fait violence ; j’adorais être là-bas, et parfois, Berlin me manque beaucoup mais ce qui s’est passé en un an ici en tournant en France, je ne pense pas que cela aurait pu m’arriver à Berlin parce que malgré deux ans de concerts fréquents, je n’ai jamais rencontré qui que ce soit du milieu musical ; j’ai contacté des labels mais je n’ai pas reçu de retours des professionnels.

J’ai donc décidé de faire cet album en investissant toutes mes économies jusqu’au dernier centime dans l’enregistrement, la production, le mixage, le mastering, pour payer l’ingénieur du son…

Je n’avais plus suffisamment d’argent pour rester à Berlin et je suis rentré en France chez mes parents. Quand je suis rentré, j’étais sur la paille !

Quand je rentre avec l’album sous le bras, je me donne un peu de temps pour démarcher et voir ce que ça donne.

Pour le clip du 1er single ‘’Hazy Days’’, ainsi que la pochette de l’album, tu as travaillé avec la photographe Anne-Laure Etienne

Nous nous sommes rencontrés il y a une dizaine d’années lorsque je faisais du punk garage au lycée. Elle a beaucoup collaboré avec des artistes lyonnais et en ardèchois.

Son univers en soi est très beau pour sa photographie. Anne-Laure n’est pas vidéaste. Le clip ‘’Hazy Days’’ est directement construit depuis l’appareil, directement à la prise, avec un procédé technique et complexe. Rien n’est rajouté en post-production, ce qui prendrait beaucoup de temps si l’on devait rajouter des effets.

C’est donc directement son regard, qui rend le clip très graphique et onirique. Il est le résultat d’une émulsion d’idées : j’ai quelques idées de départ mais c’est véritablement Anne-Laure qui les pousse et surtout en apporte de nouvelles.

Le clip met en exergue le calme et la douceur de ta musique ?

Il n’y a pas réellement d’histoire. A l’image de ma musique, il n’y a pas une interprétation unique, c’est quelque chose d’ouvert du début à la fin ; ce n’est pas une histoire avec un scénario que l’on regarderait comme un film, elle n’est pas guidée. Il suffit de s’interroger un peu pour y trouver son propre chemin. C’est ça qui fait l’intérêt de cette collaboration ; les idées se rejoignent dans le fond et dans la forme.

Comment vois-tu le métier aujourd’hui ? Quelle est la part de la promotion ? Que doit faire un musicien à l’esprit DIY ?

Je fais réellement la promotion de ma musique depuis seulement deux années. Ça prend du temps de savoir comment le faire. Rien n’apprend comment faire sinon de le faire.

Au Conservatoire, on nous apprend la musique mais pas forcément ce qu’il y a autour. Et du coup, on ne sait pas comment démarcher, comment se vendre comme il faut. On ne nous apprend pas à formuler un mail pour pouvoir trouver un concert, contacter un label, un magazine.

Ça rend le truc très compliqué et frustant ; il arrive un moment où on se dit ‘’Tiens là, ce que je suis en train de faire, c’est quand même pas mal mais derrière tu ne te vends pas comme il faudrait ; le réseau est saturé d’une part ; si la promo est mal faite, c’est normal qu’il n’y ait pas de retour’’.

Comment vois-tu ton rôle du musicien aujourd’hui ?

Aujourd’hui, un musicien doit être capable, en plus de jouer, de savoir s’enregistrer, connaître le métier d’ingénieur du son, savoir la mixer seul, s’avoir vendre sa musique (quand tu n’as pas de manager). C’est l’esprit DIY.

Ça fait beaucoup, pour accrocher des professionnels, il faut avoir la bonne musique, le bon visuel, la bonne communication, le bon enregistrement, la maîtrise du son…

Tu es jeune, 26 ans ?

Ça ne me fait pas peur mais… Tout est très long ; certaines de mes compositions ont 2-3 ans, elles auraient pu sortir avant. Je regarde la bio de guitaristes qui à mon âge avaient déjà sorti 3 albums et fait des concerts partout dans le monde.

Avec ‘’Hazy Days’’, c’est mon rêve d’adolescent qui devient réalité ; ça reste un parcours, chacun a le sien. C’est juste que j’ai tendance à ne pas être super patient ; je me dis que cet album vient avec deux ans de retard.

RAOUL VIGNAL (3)

Dans quelles circonstances se passe ta rencontre avec le label Talitres ?

A mon retour de Berlin début 2016, mon album en poche, j’ai mis la vidéo du 1er single ‘’Hazy Days’’ ainsi que plusieurs autres titres sur YouTube et sur les réseaux sociaux.

C’est aussi à cette période que se fait la rencontre avec Lucien Chatin (batterie) et Morgane Moulin (contrebasse) avec qui je joue aujourd’hui.

Ces titres ont fait leur chemin sur Internet et sont tombés dans les bonnes oreilles, notamment celles de Henri d’Hautefeuille qui est devenu mon tourneur aujourd’hui. De fil en aiguille, mes titres sont arrivés sur le bureau de Sean Bouchard, le boss de Talitres. La signature sur le label s’est faite il y a trois mois.

Je prends ça comme une récompense d’un projet qui aura tout de même pris trois années, depuis la composition et l’enregistrement à Berlin fin 2013/courant 2014, l’enregistrement en 2015, la promotion en 2016 et la sortie début avril 2017.

Je suis très heureux de pouvoir le présenter aujourd’hui.

As-tu des dates de concert en prévision ?

Une douzaine de dates sont programmées à travers la France jusqu’à fin 2017, à la fois dans des salles de concert et des festivals (voir programmation ci-dessous).

La formule live en trio me permet de replonger dans le répertoire de l’album sans pour autant avoir l’impression de le ressasser à outrance. Les arrangements live sont différents de ceux de l’album (guitare et voix essentiellement, quelques parties de batterie sur certains titres et de flûte sur 2 morceaux, jouée par mon père). Cela permet de les avoir sous une autre forme.

Programmation concerts : 30/04 Charleroi (Belgique) – Manufacture urbaine. 02/05 Troyes – The Message. 03/05 Paris – Les Trois Baudets. 06/05 Lyon – Quirky Festival #3, Le Bal des Fringants. 18/05 Lausanne (Suisse) – La Datcha. 10/06 Nancy – Festival Stéréolithe, Parc de la Cure d’Air. 11/06 Sarreguemines – Le Terminus. 30/06 Lyon (proche campagne) – Micro Fest Wine & Noise #3. 01/07 Saint-Marcel-lès-Annonay (07) – Chalet Perché. 09/09 Bourgoin-Jallieu (38) – Festival Les Belles Journées. 10/09 Saint-Jean-la-Vêtre (42) – Festival Bois Noirs.

Alechinsky

 

 

 

 

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