L’art du graphisme et de l’illustration des pochettes d’album est peut-être aussi important que la musique elle-même pour suivre les innovations, les courants de pensée, les nouvelles formes d’expression qui ont vu le jour depuis la naissance du rock, et de bien d’autres genres musicaux.
Pour le petit cousin qu’est le prog, et qui utilise très souvent la notion d’album concept, la couverture est essentielle. Intégrée à l’ensemble du concept, elle l’explique, le résume, ou l’illustre, bref, elle y participe.
Du coup, pour cette spéciale “couvertures” je vous propose un petit tour d’horizon de quelques grands artistes qui ont créé (ou créent encore) des pochettes d’albums de prog dans une liste qui est loin, très loin, d’être exhaustive.
Storm Thorgerson
Quitte à faire cette liste, autant commencer par l’un des plus grands noms du graphisme et de l’illustration.
Le monde entier connaît son travail (sans forcément connaître son nom), puisqu’il était l’auteur des pochettes mythiques de Pink Floyd. Le triangle et le prisme de Dark Side of the Moon, c’est lui. La vache d’Atom Hearth Mother, l’usine et le cochon d’Animals, la poignée de main de Wish you where there, le moulin de More, c’est encore lui.
Il a fondé en 1968, avec Aubrey Powell, le collectif Hipgnosis qui possède un portefolio à faire pâlir d’envie n’importe quel illustrateur / graphiste. Mais son travail pour Pink Floyd reste probablement le plus emblématique. Citons tout de même quelques grands noms du prog pour qui Hipgnosis a oeuvré, tels que Genesis, Caravan, Emerson Lake and Palmer, Mike Oldfield, The Alan Parsons Project ou encore de hard rock avec en tête Led Zeppelin, UFO et Scorpions. Encore une fois, la liste n’est pas exhaustive mais vous pouvez vous plonger dans l’ensemble de l’oeuvre du studio.
Plus récemment, l’artiste anglais a créé le StormStudios (1990) qui a notamment travaillé pour Muse, Audioslave ou The Cranberries.
Storm Thorgerson nous a quitté en 2013.
Roger Dean
Qui dit prog parle presque obligatoirement d’un des groupes les plus emblématiques du genre, j’ai nommé Yes.
Immédiatement reconnaissables à leur rock symphonique aussi bien qu’à leurs pochettes bariolées et fantasques, les albums de Yes influencent depuis les années 70 toute une génération de musiciens.
C’est Roger Dean, un artiste anglais, qui se cache derrière le logo et les plus mythiques couvertures du groupe : Close to the Egde, Fragile, Relayer mais surtout Tales from Topographic Oceans qui est classée parmi les 50 meilleures pochettes de tous les temps par le magazine Rolling Stone.
Notons qu’il a également créé le logo et les pochettes d’Asia, autre grand groupe de prog et qu’il a aussi travaillé dans le jeu vidéo.
Mark Wilkinson
Symbole de renouveau à la toute fin des années 70, le groupe Marillion est un des maîtres de ce qu’on appelle parfois le néo-prog.
Mené dans sa première période (1978-1988) par Fish, Marillion fait créer tous ses artworks, depuis le tout premier single, Market Square Heroes, par un illustrateur anglais : Mark Wilkinson.
Le travail de Wilkinson et sa “patte” colorée et surréaliste vaudront à Marillion les pochettes des albums les plus connus de la première période du groupe : Misplaced Childhood ou Script for a Jester’s Tear.
Quand Fish claque la porte du groupe, il amène avec lui Wilkinson qui le suit bien volontiers et qui crée à partir de 1988 les artworks de sa carrière solo.
Outre Fish et Marillion, on trouve également dans le portefolio de Mark Wilkinson quelques noms illustres tels que Iron Maiden, Judas Priest ou encore Jimmy Page.
Jef Bertels
Les plus attentifs auront remarqué qu’on ne parle que de rock et d’artistes anglais depuis le début de cet article. Une fois n’est pas coutume, rendons-nous donc en Belgique, à la découverte de Jef Bertels, auteur des artworks d’un grand concept du metal progressif : Ayreon.
Jef Bertels est un peintre Belge qui, au travers de peintures figuratives, proches d’un univers de science-fiction et incroyablement détaillées, essaye de montrer “la transparence de l’univers, ou la complexité, étoffée et vertigineuse, du monde et de nous-mêmes”.
On appréciera l’univers foisonnant de l’artiste, choisi par Arjen Lukassen pour illustrer la quasi-totalité des 10 albums du concept.
Travis Smith
Partons, pour terminer cet article, aux USA, à la rencontre d’un artiste extrêmement prolifique et talentueux : Travis Smith.
La plupart de ses artworks se situent dans le domaine du heavy metal (domaine dans lequel il est considéré comme un des plus grand graphiste) et du prog (rock ou metal).
Parmi ses œuvres on compte des groupes tels qu’Opeth (depuis Still Life), Anathema, Katatonia, Devin Thowsend, Soilwork etc. (là encore, pour une liste exhaustive mieux vaut se rendre sur son site).
C’est l’ensemble de son travail, mais plus particulièrement sa collaboration avec le groupe Riverside qui me pousse à évoquer cet artiste. Le dernier artwork en date, celui de Love, Fear and the Time Machine montre l’étendue de sa palette et la poésie dont il sait faire preuve, loin des couvertures torturées et angoissantes qu’il utilise souvent.
Enfin et pour terminer, mention spéciale à Barry Godber, dont le nom ne vous dira peut-être pas grand chose, mais qui, un an avant de mourir à l’âge de 24 ans, a créé l’une des pochettes les plus emblématiques de toute l’histoire du rock : l’homme schizoïde de In The Court of the Crimson King.
Et avant de se quitter, pourquoi ne pas tester vos connaissances en matière de pochette de prog ?
Hédia