Johnny Borrell

Paris, à une terrasse de café, Johnny Borrell est un musicien, auteur-compositeur, qui veut vivre pour la musique, sans artifices, sans contraintes, être libre comme un jazzman. Rencontre avec Songazine…

Le jazz, il le pratique depuis cinq ans, entouré d’artistes talentueux, notamment son saxophoniste Joao Mello. Entre deux gorgées d’un café allongé, il nous raconte (en français) la fondation des Zazou :  » En 2011, j’ai voulu essayer d’enregistrer un album de Razorlight à Londres, mais l’envie était absente. Je suis parti de la formation pour me mettre en solo. J’ai envoyé des chansons à ma maison de disque de l’époque mais les producteurs n’aimaient pas. Ce n’était pas dans un format radio. Nous étions en désaccord. Je ne voulais plus jouer leur jeu. » Ainsi, Johnny s’aventura au Pays Basque avec trois musiciens pour enregistrer Borrell 1 :  » Freddie Stitz, Darren Berry et Joao. Ce dernier je l’ai rencontré dans la rue où il jouait. Nous avons été séduit par son jeu. Je l’ai invité mais avant de partir, il devait demander à sa mère l’autorisation. Il n’avait que 16-17 ans, » sourit-il.

Son premier album solo s’est construit sans batterie, ni guitare et ni basse électrique. « Je ne voulais pas retomber dans un groupe de rock traditionnel. On l’aimait beaucoup. Pour le deuxième, nous avons eu le droit de nous agrandir pour découvrir de nouveaux champs musicaux, » se souvient Johnny.

jazz

la première pierre

Aujourd’hui, la formation se composent de Darren Berry, premier percussionniste, Johnny Death le deuxième pour le « contre-rythme », Clémentine Brown au violon, Andy Waterworth bassiste et « véritable jazzman ». De temps en temps, Freddie Stitz (basse) se rajoute aux Zazou.

Le deuxième  se nomme Atlantic Culture et voici l’origine du nom : « Je trouve que nous avons beaucoup de liens avec les cultures de l’Atlantique. Tu as les celtiques chez nous. Ensuite, dans nos chansons on retrouve des rythmes de l’Afrique de l’Ouest. Joao vient du Brésil et Clem vient de New-York. Le nom était trouvé. Peut-être que le prochain s’appellera : Pacific Culture ! »Johnny Borrell

Songazine va disséquer l’album avec l’artiste. On commence par The Artificial Night : « Elle est inspirée des poèmes de Yeats. Elle possède un côté nigérien, très Fela Kuti. Je l’aime beaucoup. » Black God, lui rappelle un célèbre guitariste blues : «  John Lee Hooker. Quand j’étais jeune, je jouais dans le métro à Londres. J’adore cette artiste. Il est un des seuls qui se rapproche le plus du blues africain, le vrai. » 60 thompson est une ancienne chanson de Razorlight, reprise en folk dylanien, « Nous étions à New-York pour un concert. On logeait dans un hôtel d’une vieille famille américaine, à Park Avenue. Au 30ème étage, dans notre suite style XVIIIème siècle, tu avais l’impression quand tu jouais d’avoir les esprits des ancêtres qui t’écoutaient et te regardaient. Ce morceau est né dans cette pièce. » The Ego Song : « Je l’ai écrite il y a quatre ans. C’était une démo que nous avions joué rapidement. Ce que j’adore dans ce morceau, c’est le double solo de Joao Mello, au piano New-Orleans et saxophone. »

jazz

Le maître

Songazine avait trouvé un couple de titres dans les dernières chansons  d’Atlantic Culture. Cacambo’s March et Passion Flower : « C’est vrai, elles sont faites l’une pour l’autre. Passion Flower devait être dans Borrell 1. Elle était écrite pour une chanteuse que j’adorais la voir chanter, malheureusement, elle n’a pas pu, j’ai dû chanter à sa place. Cacambo’s March est la même de façon vaudou. »

On termine cette entrevue par sa vision de la musique : « Elle est née pour faire danser les gens. N’importe quels styles le peuvent, que ça soit du rock ou du R’N’B. Je déteste les formations qui font de la musique plate qui ne t’apporte pas de rythmes dansant. Entre musiciens il faut qu’il existe une télépathie entre eux. Il ne faut pas qu’ils s’enferment sous d’énormes contraintes. La liberté de jouer est la base d’un bon groupe. Etre libre de composer et où l’improvisation devient reine. » Johnny Borrell conclut : « Je suis peut-être un dinosaure, mais c’est vrai que les techniques d’enregistrement, style par ordinateur, ce n’est pas ma came, puis cela tue l’âme de la musique. » Sa dernière phrase : « C’est mon avis préhistorique mais il faut jouer dans le vrai, l’authentique… »

Thomas Monot

Bonus lien :

Swim Like A Star

Black God

Share