(Photo : Metallica, spleen et distortion)
Commençons par citer Baudelaire, ce qui fera du bien à tout le monde.
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J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans.
Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
C’est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune.
– Je suis un cimetière abhorré de la lune,
Où comme des remords se traînent de longs vers
Qui s’acharnent toujours sur mes morts les plus chers.
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées,
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,
Seuls, respirent l’odeur d’un flacon débouché.
Rien n’égale en longueur les boiteuses journées,
Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
L’ennui, fruit de la morne incuriosité,
Prend les proportions de l’immortalité.
– Désormais tu n’es plus, ô matière vivante !
Qu’un granit entouré d’une vague épouvante,
Assoupi dans le fond d’un Sahara brumeux ;
Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,
Oublié sur la carte, et dont l’humeur farouche
Ne chante qu’aux rayons du soleil qui se couche.
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Magnifique et puissant.
Le rédac chef de Songazine, quant à lui, reçoit assez de sollicitations et de belles propositions pour générer 1000 siècles de souvenirs et d’émotions.
Mon gros disque dur à tiroirs est encombré de chansons et dans ma messagerie gît tout un fouillis de modes plus ou moins surannées !
Cette semaine, j’éviterai l’ennui et ferai preuve -au contraire- d’une alerte curiosité. Sélection et satisfaction.
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Kraftwerk style
Big up au musicien prolifique, polymorphe belge Passenger S qui, via ses deux projets pleins de synthés vintage : Metroland et 808 DOT POP, nous livre des teasers de futurs albums.
Un EP (Metroland) intitulé « 1 » avant l’album nommé « 0 »
Deux EP’s (808 DOT POP) déclinés sur la thématique de la radio, hommage à Marconi au passage, qui s’appellent FM 101.4 et AM 685 (les versions étendues du premier cité).
On s’accroche et faut suivre ! (mais c’est sehr gut)
Moi, j’adore la radio.
Lumière vive
News de Toh Imago, sur notre cher label Infiné.
Retour d’un musicien électro dont on avait beaucoup aimé l’album « Nord Noir » (hommage fort à la mine et au Noooord) avec un album (je cite) techno dansant et lumineux motivé par l’envie de remettre la nature et l’humain au centre de la conversation ». Voici Refuge, son opus nouveau !
Ceci veut dire plus Prévert joyeux que Baudelaire mélancolique ? Plus ampoule LED que lumière bleue ? Plus colibri qu’aigle noir ?
A vous de voir, mais c’est assurément de l’électro avec un cerveau.
On like, on soutient.
Lèvres grises
Autre registre …Découverte heureuse d’un duo suisse que Charles B. aurait aimé écouter : Grey Lips.
Un très bel album Masquerade, du style The Cure ou Motorama, post-punk et bien inspiré. Granit entouré d’une vague d’épouvante ?
Genève abrite bien de lourds secrets, mais celui-ci mérite d’être partagé.
Pas fatigués, pas fatigués du tout !
Metallica nous lance en pâture un deuxième single Screaming Suicide, après Lux Aeterna en avance de l’album 72 Seasons.
Rien à critiquer, c’est rapide et cogneur, catchy et électrique. 20/20 dans le style thrash qui bastonne.
Sur un nom accrocheur, un simple jeu de mots
Ce qui peut suffire à attraper mon attention de petit colibri paré à butiner sur les fleurs qui sentent bon ! 2 hits dans ma liste :
Bad Pelicans dont il m’est dit : « Une basse chorus bien distordue, une caisse claire martyrisée, une guitare rappelant les éclairs de Zeus et un chant qui tient plus du cri primal, le trio énervé Bad Pelicans est un bolide qui aurait sectionné ses câbles de frein. En orientant le surf punk de leur premier album vers un rock avant-gardiste sauvage et menaçant… »
En bref ? C’est de la balle, on recommande avec énergie.
Autre pépite, Gatien et son album « L’Amour Phoque ». – ooops titre à changer pour les USA ?-
Jolie chanson, clip animé adorable pour la chanson On Nous Ment.
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Et nous terminerons cette chronique en citant à nouveau Baudelaire (poème Le Confiteor de cet artiste monumental, dédicacé à tous les musiciens qui cherchent et cherchent encore le chef d’œuvre)
Ah ! faut-il éternellement souffrir, ou fuir éternellement le beau ? Nature, enchanteresse sans pitié, rivale toujours victorieuse, laisse-moi ! Cesse de tenter mes désirs et mon orgueil ! L’étude du beau est un duel où l’artiste crie de frayeur avant d’être vaincu.
Jérôme « pas encore albatros » V.