Eté 1979 : j’ai eu mon bac C à l’arrache (p*** de maths) et mon père m’offre un séjour aux USA et je passe un séjour formidable à Neligh, Nebraska dans la famille d’un sheriff. Avant d’embarquer vers Paris (à Chicago), je fais quelques courses et je flashe sur la couverture d’un album de rock dont je ne savais pas trop ce qu’il contenait pour être franc ;

C’est Parallel Lines de Blondie, couverture mythique. Cette fille en blanc parmi des garçons en costume noir irradiait de détermination et de séduction (faut dire la vérité, hey).

J’ai, depuis, écouté l’album des centaines de fois, et les autres albums de Blondie et les autres titres « solo » de Debbie Harry. Ma culture rock a pris du poids, je connais et adore les Ramones, les Talking Heads, Television, toute la scène extraordinaire du CBGB’s des années 70, 80 et bien d’autres groupes punk, rock, new wave et ceci est une partie de mon ADN musical côté USA…

Alors, lire Face It, les mémoires de mon idole de jeunesse (Robert Smith et Ian Curtis sont des mythes, mais Debbie, waow bon elle est trop belle, trop rebelle, quoi !), était un impératif.

Ce livre est très cru, très vrai, très direct. Debbie Harry nous livre ses souvenirs sans filtre. De son enfance (adoptée à l’âge de trois mois), son adolescence mouvementée, son attraction irrésistible pour la scène underground de New York, les débuts puis l’ascension de son groupe, son amour éternel et sincère pour Chris Stein. Ses amis, ses amours, ses emmerdes, elle ne cache rien… Dans la catégorie « emmerdes », elle a eu sa dose, des galères personnelles et fiscales notamment ! Comme moult groupes de rock, Blondie s’est fait happer et bien dévorer par l’industrie du show business dont chacun connaît l’appétit meurtrier. Des millions de dollars gagnés puis envolés…

Plus précisément, il est fascinant de se plonger dans un New York sauvage, créatif, innocent et fort dangereux qui a disparu désormais, vu le prix du mètre carré et la gentrification en or massif de Manhattan. Debbie Harry est amie de Warhol, Basquiat, Bowie, les New York Dolls aussi bien que de Fab 5 Freddy, John Waters, Divine ou des centaines de personnages décalés et sincères dans leur folie. Un temps sans Internet, ni selfies, où enregistrer un morceau de musique était une aventure voire un privilège et les maisons de disques avaient des budgets « promo » délirants. Un temps où les drogues circulaient par poignée partout (je ne dis pas que c’est regrettable, elle non plus d’ailleurs), et constituaient un aspect standard du mode de vie.

Héroïne pour notre héroïne ? Un max, elle le confesse.

Mais retenons que cette super woman est une personnalité hors norme, pleine de détermination, de force et de volonté. Dans un milieu d’hommes, elle a toujours su naviguer, frétiller, arriver à ses fins, s’imposer, se marrer, délirer, chanter et prendre la vie en la regardant dans les yeux.

Face It, Debbie Harry ne cille pas, n’a pas eu peur de grand-chose et assume tout avec classe. On le lit sans s’essouffler mais sans vouloir s’arrêter non plus.

Lisez ce livre, écrit à la première personne, avec lucidité et morgue, courage, humour (des digressions et des changements de sujets, voire des remarques sur… les pouces à la fin, wtf ?)

Alors, que restera-t-il ?

Beaucoup de chansons, des looks et des photos, des pochettes d’albums, des souvenirs forts.

Et bien sûr, dès l’intro de Hanging On The Telephone, le sentiment électrique de savoir que la voix de Debbie nous fait (vraiment) quelque chose. Et ce n’est pas du toc, c’est du pur New York, dont Nougaro avait senti le choc, solide comme un rock.

To you Debbie, with respect and love

Xxxx

Jérôme « dans une autre vie je serai Chris Stein » V. 

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