Une icône de la scène qui a des choses à révéler à 79 ans. On se dit soit ça passe, soit ça casse, mais en tout cas ça touche de la part de la reine du rock n’ roll après bien des obstacles, tourments et combats menés. Lors de la sortie de ses mémoires aux Etats-Unis en 2018 la diva annonça des choses inédites, des révélations….et choses dites, chose faite. On ne peut que suivre du bout des yeux toute l’émotion à écrire sur la mort d’un enfant (brusque départ volontaire de son fils aîné en 2018) ou la sensation d’accomplissement d’arriver à un point de sa carrière (60 ans tout de même!) pour aspirer à laisser ses chansons continuer à vivre leur vie sans elle.

Ce qui caractérise Tina Turner outre l’incroyable énergie déployée sur scène en chorégraphies et en vocalises (elle n’a jamais fait de playback et à l’époque « autotune » n’existait pas tout comme l’internet qui balbutiait doucement et sûrement à la fin des années 90), c’est son charisme imposant le respect de ses pairs, et suscitant leur envie de s’en approcher en scène lors de duos, en citant David Bowie, Mick Jagger, Beyoncé etc. et beaucoup d’autres.

Avec David Bowie sur Private Dancer (1985)

Une voix puissante, un physique taillé pour le spectacle et une plastique de rêve ont ravi un public totalement acquis à sa causerie musicale. Il n’en fallait pas moins pour entretenir la flamme de sa vie avec résilience, punch et sourires.

Annexes iconographiques (c) Harper Collins courtesy

A ses débuts avec son groupe, elle dû faire face au racisme ambiant, à sa condition de femme soumise et dépendante afin de s’émanciper et se réaliser hors de la sphère étouffante d’un déterminisme social et sentimental. Elle quitta une famille instable et son quotidien auprès d’une mère indifférente pour un musicien, devenu son manager qui se révéla assez tôt violent.

Ike & Tina Turner (c) S&S Archives Frankfurt

Cette liberté de femme et d’artiste gagnée à force de résilience représente la partie la plus intéressante du livre où elle peut pleinement profiter des retombées de sa carrière exceptionnelle et de l’amour vrai de son public auprès d’un nouvel homme dans sa vie loin du tumulte de l’industrie du show business américain à Zurich en Suisse. Le bonheur peut enfin éclater au grand jour et ponctuer les récits anecdotiques de cet ouvrage qui offre une alternative à l’impression de « déjà-connu » de son existence jadis pré-déterminée.

Vous vous dites que vous connaissez déjà mon histoire. Vous pensez tout savoir sur moi, Ike, l’enfer qu’il m’a fait vivre. Vous savez que j’ai survécu à cette relation. Je vais peut-être vous surprendre: à ce stade j’ai passé beaucoup plus d’années sans Ike qu’avec lui.

Parée pour affronter les aléas d’une vie mouvementée, accidentée mais toujours avec la foi en son talent et ses capacités de « show woman » elle résiste au défi que lui pose la maladie, et se laisse aller peu à peu à une retraite de la scène et de la musique tout en restant l’inoubliable interprète de chansons mystiques comme Proud Mary (malgré que ce soit un duo avec son ex-mari Ike Turner, et tout ce tramait backstage à cette époque), Let’s Stay Together, The Best etc.

Tina Turner, l’autobiographie (My Love Story, 2018 titre original) avec Deborah Davis et Dominik Wichmann, traduit de l’anglais par Pierre-Paul Durastanti, Harper Collins, 2019, 320 pages,18 € 90.

© couverture Emmanuel Courtecuisse, Harper Collins.

(c) Annexes iconographiques Harper Collins property.

 Vanua Mory-D

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